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Interview de Mohammed Sadiki : « Nous espérons faire émerger une classe moyenne rurale dans les zones sinistrées »
Publié dans L'opinion le 26 - 09 - 2023

Le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohammed Sadiki, détaille pour « L'Opinion » son plan post-séisme pour les régions touchées. Interview.
- Le Maroc vient de subir un séisme qui a fait des milliers de morts et des dizaines de milliers de sinistrés, outre les énormes dégâts matériels. Parlez-nous de l'action gouvernementale entreprise suite à cette tragédie.
Tout d'abord, je présente mes condoléances à tous ceux qui ont perdu des proches dans ce terrible drame qui a frappé notre pays.
Concernant l'action du gouvernement après ce dur tremblement de terre, sur les Très Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi, que Dieu L'Assiste, toutes les composantes de l'Etat, en premier lieu les Forces Armées Royales, ont été mobilisées pour une intervention immédiate dans la zone et les régions touchées par le séisme. Cette intervention s'est faite dans le cadre d'une vision de coordination cohérente et globale.
Les premières actions étaient focalisées sur le sauvetage et les secours d'urgence. Puis s'est posée la question du relogement, car un grand nombre d'habitations a été détruit.
Immédiatement après, tous les services des différents ministères, sur Instruction de Sa Majesté le Roi, que Dieu l'Assiste, et sous la coordination du Chef de gouvernement, ont commencé à faire le diagnostic sur le terrain pour évaluer les dégâts subis. Nous avons ensuite hiérarchisé les actions des interventions qui s'imposent dans un esprit de cohérence, de convergence et de complémentarité intégrée.
Il y a eu une réunion présidée par Sa Majesté, où le Souverain a donné Ses instructions pour adopter un programme global dont le budget s'élève à 120 milliards de dirhams, sur une période de cinq ans.
Ce programme comprend l'ensemble des composantes des interventions des départements concernés. En ce qui concerne celui de l'Agriculture, outre la composante inhérente à la production agricole, nous assumons une autre qui focalise sur les forêts et toute l'activité forestière.

Quel est le premier bilan des pertes dressé par votre ministère ?
Sur les deux semaines passées, tous les services du ministère de l'Agriculture, les services provinciaux et régionaux de la région touchée, appuyés par les services centraux, ont été déployés sur le terrain, d'abord pour faire le point sur les dégâts, ensuite pour procéder au recensement approprié et précis.
Il y a eu en fait différents types de recensement de l'impact des dégâts. D'abord ceux relatifs aux infrastructures agricoles et économiques qui ont été touchées. Nous avons relevé l'impact sur les filières de production dans les zones touchées, mais également les pertes subies par les exploitations agricoles.

« L'état des lieux du réseau de la petite et moyenne hydraulique a été fait dans toutes les provinces touchées »
Ce processus se poursuit. Mais dès le début de la deuxième semaine après le tremblement de terre, nous avons eu une vision globale qui nous a permis d'avoir la composante agricole et forestière dans le programme global d'intervention du gouvernement.
- Quels sont les grands axes d'intervention de votre département ?
Il y a tout d'abord toute la réhabilitation de l'infrastructure agricole. Et cela concerne l'accès aux exploitations agricoles, qui sont exiguës dans cette région montagneuse. Donc réhabilitation des pistes, des infrastructures agricoles autour des exploitations, ensuite toute la question des infrastructures de conservation des sols. Il y a eu des éboulements et il faut absolument remettre en état les terrasses rocheuses qui ont été détruites. Cela a constitué un premier package.
Le deuxième axe, très important, concerne la petite et moyenne hydraulique (PMH). Il y a la grande hydraulique aussi dans les plaines, mais c'est surtout la PMH qui a été touchée dans les montagnes. Ces réseaux jouent un rôle extrêmement important dans la stabilité de production dans ces zones montagneuses. Il y a eu des dégâts, des Saguias et points d'eau qui ont été touchés. Et donc l'état des lieux du réseau de la PMH en termes de réhabilitation et de réponse au besoin de mise à niveau au-delà des pertes a été fait dans toutes les provinces touchées.
Il y a également l'axe de l'infrastructure économique agricole. Cela concerne les souks, les abattoirs, les unités de valorisation des produits de terroir, qui représentaient un investissement très important dans le cadre de l'agriculture solidaire, et qui ont été impactés. C'est un axe qui va devoir faire l'objet, d'abord, d'une action urgente pour une remise en état et permettre la reprise de l'activité, mais aussi réaliser un programme ambitieux pour les renforcer dans le futur.
Il y a toute la question des systèmes de production et filières de production. Il faut les reconstruire et les réhabiliter. Je cite l'exemple de la production animale qui a subi beaucoup de pertes d'animaux qui ont été ensevelis sous les décombres. Et aujourd'hui, il y a une action très importante de déblayage et de nettoyage de ces zones. L'ONSSA intervient avec les services concernés pour apporter les traitements nécessaires et éviter la propagation de maladies.
- Que prévoit le ministère de l'Agriculture concernant le cheptel perdu ?
Nous avons prévu une reconstitution du cheptel à travers la compensation, l'aide et l'appui aux éleveurs par rapport à ce qu'ils ont perdu et au-delà. Parce que c'est une activité très importante, génératrice de revenu dans ces zones, et qu'il va falloir développer comme c'était prévu dans le programme de Génération Green, et donc là on va aller vite.
C'est aussi une zone qui a été frappée par la sécheresse pendant plusieurs années. Il s'agit donc d'appuyer l'alimentation des bétails dans l'immédiat, en espérant qu'on aura des pluies et une bonne campagne agricole.
- Et pour les plantations ?
Puisqu'il y a eu des éboulements, il y a la destruction des systèmes de production végétale, il y a différentes espèces végétales qui sont cultivées. Et là aussi, il y a un programme important de replantation. On va surtout focaliser sur des cultures et des arbres qui sont adaptés aux montagnes et aussi aux sécheresses en termes de résilience. Ces cultures devraient aussi être rentables et à haute valeur ajoutée pour la population.
Pour l'agriculture solidaire, elle comprend plusieurs axes, dont l'axe social, c'est-à-dire développer les coopératives et tout le fonctionnement des coopératives et des associations, notamment les coopératives féminines et celles des jeunes pour leur permettre de reprendre l'activité rapidement.
Et puis il y a la valorisation de la production agricole, c'est aussi un tissu très important qui est considéré dans ce programme et qu'on va déployer bientôt.
- Concernant les forêts, le séisme a également occasionné des dégâts. Que prévoit le ministère pour y remédier ?
En ce qui concerne le côté forestier, il s'agit de réhabiliter les bassins versants de toute cette région. Les éboulements ont détruit les terrasses et un certain nombre d'ouvrages qui étaient déjà développés pendant les dernières années par nos services des Eaux et Forêts.
Et puis il y a les parcs, notamment le parc de Toubkal qui a été touché et doit être remis à niveau, et même modernisé pour pouvoir accélérer et dynamiser l'activité touristique de toute cette zone, et donc un programme de conservation des sols et des eaux est de rigueur.
Nous avons prévu des actions urgentes concernant le bois de feu. Il faut fournir le bois de feu aux populations durant cette période hivernale qui arrive. Et puis des fours sont et seront distribués au profit des populations. Des fours qui permettent d'utiliser moins de bois et qui sont plus efficients sur le plan énergétique.
- Sur le court-terme, que prévoit le ministère de l'Agriculture pour venir au secours des personnes qui ont perdu leurs sources de revenus ?
L'ampleur de la perte du cheptel est importante, et ça concerne les ovins, les caprins et les bovins, ça concerne aussi les camelins dans les zones de Taroudant et de Ouarzazate. Cela concerne aussi toutes les basses-cours, c'est-à-dire les poules et autres.
C'est une reconstitution qui va commencer dans l'immédiat, on parle des semaines à venir, mais qui va se prolonger en fonction bien sûr des besoins, parce qu'il va falloir déterminer avec précision les bénéficiaires à cibler. Remplacer d'abord les pertes, mais renforcer au-delà de ces pertes le cheptel, parce que c'est l'activité essentielle.
C'est parmi les activités très prioritaires sur lesquelles on va se pencher. Mais, il y a également tous les lieux de travail et de valorisation des produits de terroir. C'est aussi une action urgente, parce que beaucoup de familles vivent de la valorisation des produits de terroir. Donc, les infrastructures y afférentes doivent être remplacées rapidement.
Et je citerai tous les problèmes d'accès aux exploitations, les problèmes d'éboulement... etc. Ils constituent l'urgence, et c'est pour l'immédiat. On parle de la semaine prochaine. Le Chef du gouvernement va très prochainement présider une réunion de la Commission interministérielle, qui trace les modalités de mise en œuvre du programme global.
Pour l'agriculture, les actions sont déterminées, mais il y a des précisions sur le ciblage qui sont en cours. Et puis on aura une vision sur le déploiement du programme d'ici la semaine prochaine.

- Quelle est votre vision par rapport à l'avenir de la région d'Al-Haouz ?
Tout ce programme lancé par Sa Majesté le Roi, que Dieu L'Assiste, est conçu dans une vision royale globale de l'aménagement du territoire et de développement économique de ces territoires, qui sont des territoires très particuliers, difficiles, parce qu'ils ont beaucoup de contraintes, mais qui ont beaucoup de potentialités et d'atouts.
Toute l'intelligence de ce programme est de valoriser les atouts et les potentialités locales, de manière intelligente, et de réduire les contraintes. Pour l'agriculture, c'est dans cet esprit qu'on travaille. Nous avons, dans le cadre de la stratégie Génération Green qu'on est en train de décliner, des plans de développement agricole provinciaux qui tracent la voie en termes de développement intégré et adapté de ces provinces, en prenant en considération les changements climatiques.
Aujourd'hui, ce programme vient propulser toutes ces idées dans un nouvel élan, en prenant en considération la nouvelle donne du séisme, et aller au-delà évidemment. Et conformément au Nouveau Modèle de Développement, en respectant les équilibres en termes de ressources naturelles, de durabilité et de développement humain qui sont la pierre angulaire de notre intervention.
Et évidemment pour y arriver, et pour rendre ce milieu attractif pour les jeunes, pour la valorisation du travail et des efforts des femmes, il nous faut nous baser sur les nouvelles technologies, et évidemment sur la recherche et sur la science. Notre espoir et notre vision est d'atteindre l'objectif d'un territoire équilibré, où il y a une résorption des déficits sociaux et des disparités économiques, et attractif, qui jouit de toutes les conditions de vie nécessaires pour un développement humain. Tout l'espoir est de faire émerger, dans ces territoires, une classe moyenne rurale.

- Comment les nouvelles technologies seront-elles mises à profit pour la promotion de cette région ?
Notre pays a opéré des avancées extrêmement importantes en termes de recherches et de nouvelles technologies. Et le secteur agricole est un secteur où les nouvelles technologies, notamment celles basées sur le numérique, ont atteint une grande échelle dans le secteur.
Selon les estimations internationales, plus de 30% à 35% de l'économie agricole doit venir de ces nouvelles technologies. Elles nous permettront de résoudre un certain nombre d'équations compliquées de développement dans des zones touchées par le séisme, comme les zones montagneuses, et qui ont un certain nombre de difficultés naturelles.
Il s'agit de faire plus dans ces zones avec moins de ressources. Cette équation ne peut être résolue que par les nouvelles technologies, mais aussi des techniques comme les machines qui sont adaptées aux montagnes et collines. Il y a aussi toute la question du désenclavement à travers la communication, laquelle est, aujourd'hui, assez répandue dans plusieurs zones et qu'il faut renforcer.
Concernant la question de la valorisation des produits agricoles, la science nous montrera la voie pour ne pas commercialiser uniquement le produit brut, mais en tant que transformé localement. C'est pour ça que nous voulons promouvoir les technologies dans les unités de valorisation locale à travers les coopératives. C'est la science, la technologie et l'innovation qui nous permettront de relever ce défi.

Recueillis par Soufiane CHAHID


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