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Rétro-Verso : Lever de rideau sur l'Histoire du cinéma VOX de Casablanca
Publié dans L'opinion le 18 - 10 - 2023

Alors que le ministère de la Culture vient tout juste d'annoncer l'ouverture imminente de 50 nouvelles salles de cinéma dans plusieurs villes marocaines, à partir du 15 novembre prochain, on ne peut s'empêcher de se souvenir de l'âge d'or du cinéma VOX. La toute première salle obscure de l'Histoire cinématographique nationale. Zoom arrière.
En bordure de la Place des Nations Unies de la Cité blanche du Royaume, anciennement Place Louis Gentil, le cinéma VOX, construit dans le même style architectural que l'Opéra de Paris, suscitait l'admiration, ravissait l'œil et enchantait l'esprit. Majestueuse comme il n'est plus commun d'être, poussant les standards de l'architecture moderne à leur paroxysme, cette salle fut imitée mais pas pour autant égalée.

« Le cinéma VOX était l'une des plus belles salles et l'un des porte-drapeaux du cinéma marocain du 20ème siècle. Sa conception a été réalisée par Marius Boyer et achevée en 1935, durant le protectorat français. Elle était considérée comme l'une des plus grandes salles de cinéma d'Afrique et rivalisait de beauté et de grandeur avec les salles de Hollywood et de Bollywood qui étaient à même d'accueillir 2500 et 3000 spectateurs. Ce fut pour Casablanca une révolution », témoigne le militant culturel Rachid Andaloussi, membre fondateur de Casa-mémoire.

Celui qui a fait de la sauvegarde du patrimoine culturel casablancais son principal cheval de bataille regrette avec amertume la fermeture de ce joyau architectural que les anciens appelaient « la salle » tout court. « VOX était époustouflante avait trois balcons en surplomb et accueillait jusqu'à 2000 spectateurs. Le plafond était amovible, ce qui permettait aux visiteurs de respirer l'air frais de la soirée. La forme du bâtiment était celle d'une masse cubique qui répondait à celle de l'immeuble adjacent des Magasins Paris-Maroc. Son architecture a ensuite servi de modèle aux autres salles de cinéma édifiées après l'Indépendance.

Mais le cinéma VOX n'est plus. Au milieu des années 70, il fut fermé puis détruit. A l'approche de l'an 2000, un grand nombre de salles ont définitivement mis la clé sous le paillasson, en raison d'une chute drastique des recettes. Les entrées annuelles de plusieurs centaines de milliers par salle ne sont plus qu'un pâle souvenir du passé.

En effet, à l'aube du troisième millénaire, les films en streaming, le piratage artistique (films enregistrés sur DVD) et, un peu plus tôt, l'invasion des cassettes vidéo ont progressivement changé les habitudes culturelles des Marocains, déplore le militant et artiste Tarik Mounim, qui a lutté et milité à travers son association SCIM (Save Cinemas In Morocco) qu'il a fondée en 2013 pour sauver les cinémas marocains survivants de la disparition.

Pour leur part, les historiens n'ont que leur mémoire et leurs plumes pour donner une seconde vie, ne serait-ce que virtuellement, à cet édifice que les mécènes et autres fervents défenseurs du patrimoine culturel marocain pleurent à chaudes larmes.

De tout ce que nous pourrions lire dans l'historiographie cinématographique, l'on retiendra que le cinéma VOX a abrité des soldats américains engagés dans la Seconde Guerre mondiale entre 1940 et 1945. Aussi, pourrions-nous daigner apprendre aux générations futures que c'est dans cette salle que le chef d'œuvre américain « Casablanca » a été projeté le plus longtemps, et ce, dès sa programmation en 1942. En perdant le VOX, Casablanca a perdu tout un pan de son Histoire contemporaine.

Un ancien fidèle en parle...

« Les mécènes auraient dû sauver la salle VOX car elle a été la première au Maroc et la plus grande en Afrique », regrette un professeur universitaire à la retraite, avant de poursuivre : « elle est révolue l'ère où, à Casablanca, nous pouvions trouver au moins une salle de cinéma par quartier. Grâce à cette richesse culturelle, mon enfance et adolescence furent tel un long fleuve tranquille. D'ailleurs, les mercredis et samedis, après-midi, prendre d'assaut les strapontins du cinéma VOX était un rituel pour nous autres cinéphiles des années 80 », se souvient ce sexagénaire qui a coulé des jours heureux à la rue du Commandant Provost avant d'émigrer au Canada avec son épouse scénariste.

Mais comme un antidote, la nouvelle décision de la tutelle visant la mise en service d'une cinquantaine de nouvelles salles dès le mois prochain a de quoi redonner le sourire à tous les amoureux du septième Art et des grandes salles obscures.


3 questions à Rachid Andaloussi : « Le cinéma VOX fut le plus grand de tout le continent africain et n'avait rien à envoyer aux salles hollywoodiennes »
Pouvez-vous nous parler, en votre qualité d'architecte de renom, militant culturel et mécène, de ce bijou architectural et culturel que fut le cinéma VOX de Casablanca ?

Le cinéma VOX demeure, malgré sa destruction, l'un des joyaux cinématographiques et culturels de la ville de Casablanca, voire de tout le Royaume. Construit en 1935 selon les règles de l'architecture dite du Second Empire, subtile, raffinée et exubérante, sa beauté était à couper le souffle. De ce fait, il rivalisait d'exotisme avec les plus belles constructions de la place parisienne. En sus de sa splendeur et la noblesse de son style, il fut le plus grand de tout le continent africain et n'avait rien à envier aux salles hollywoodiennes. Seuls ceux qui ont eu la chance de s'y rendre ont eu le privilège de toucher du bout des doigts le summum de la beauté de cette merveille casablancaise qui n'est, hélas, qu'un très beau souvenir du passé.


En tant que militant culturel et membre fondateur de Casa-mémoires, comment avez-vous vécu la fermeture et la destruction du cinéma VOX de Casablanca ?

La fermeture, puis la destruction d'un tel monument cinématographique, a été un grand un coup de massue pour les amoureux et fervents militants du septième Art et des salles obscures. Les raisons de cet « articide » furent, certes, nombreuses, mais aujourd'hui il s'agit d'aller de l'avant et de continuer à militer pour la sauvegarde du richissime patrimoine culturel de Casablanca et de tout le Maroc.

Quelle synthèse devrait-on faire aujourd'hui des salles qui ont survécu à cette apocalypse culturelle ?

Le cinéma VOX et tous les autres, qui ont subi les dégâts de l'abandon des salles du cinéma, ont toutefois participé au rayonnement culturel de la ville de Casablanca. J'ose espérer un avenir meilleur pour les salles qui ont résisté au combat.

Associatif : Les salles obscures cherchent des spectateurs désespérément !
« Save Cinemas in Morocco » ou « sauvez les salles de cinéma au Maroc », tel est le nom de l'association fondée en 2013 par l'acteur Tarik Mounim qui a tenu à joindre ses efforts à ceux de Casa-mémoire dans l'optique de sauver le patrimoine cinématographique marocain ou du moins ce qu'il en restait. Ce que ce militant déplorait le plus, c'est le fait que les plus grandes salles de cinéma de Casablanca ou des autres villes marocaines ont cédé la place à des multiplexes destinés à la classe dorée du Royaume, et ce, aux dépens de quelques petites salles dont les propriétaires luttaient contre vents et marrées pour les sauver de la fermeture.

Mais grâce aux efforts de la tutelle et ceux du CCM (Centre cinématographique marocain), Tarik a tout fait pour ressusciter plusieurs dizaines de salles menacées de fermeture et sauver de justesse quelques autres du déclin, voire de la destruction. Pendant de longues années, l'association a sillonné un grand nombre de festivals et de rencontres culturelles pour sensibiliser l'opinion publique quant à l'importance de militer pour le rayonnement des salles du septième art.

Les efforts de l'association « Save Cinemas in Morocco » n'ont pas seulement été entravés par des préoccupations financières. Car d'autres obstacles se situaient au niveau même de la prise de conscience collective de la disparition d'un grand nombre de salles de cinéma. Autrement dit, pendant longtemps, les festivals de cinéma ont donné l'impression au citoyen ordinaire que le septième Art était en plein essor, alors qu'une pratique « culturellement meurtrière » se développait dans les anciennes médinas et artères historiques de tout le pays.

Depuis 2007, malheureusement, les fermetures de salles de cinéma se sont suivies à tour de bras. Aujourd'hui, le Royaume compte 35 salles de cinéma contre 280 au début des années 1980. Seulement voilà, la fermeture d'une salle de cinéma est sujette à bien des facteurs.

En règle générale, de telles décisions ne relèvent pas uniquement du propriétaire. Car le plus souvent, les motifs économiques liés à la rénovation de l'équipement viennent en premier. Ensuite viennent les considérations d'ordre juridique, voire la longueur des procédures administratives. Les membres de la SCIM ont cependant réussi à échapper à la fermeture de plusieurs cinémas en l'espace de six ans.

Résultat : le nombre des salles de cinéma est passé de près de 300 à 35 en trois décennies. Les villes les moins touchées demeurent Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger et Fès. Plusieurs autres villes de plus de 20.000 habitants ne possèdent plus de salles de cinéma, et ce, à l'instar d'El Jadida, entre autres. Ouarzazate, malgré ses nombreux studios de cinéma dédiés au tournage de films internationaux à succès, n'en compte aucune salle de cinéma à l'écriture de ces lignes !
Au regard des chiffres rendus publics par le Centre Cinématographique Marocain, la courbe des entrées dans les salles de cinéma entre 2008 et 2018 révèle une crise évidente. Les entrées, toutes salles confondues, sont passées de 7 à 3 millions en dix ans.

Actualité : Prochaine ouverture de 50 nouvelles salles de cinéma
Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication Mehdi Bensaïd a annoncé, il y a quelques jours, l'ouverture de 50 nouvelles salles de cinéma, dans différentes villes marocaines, à partir du 15 novembre 2023. Une décision qui ne peut qu'égayer le paysage cinématographique national à l'approche de la tenue du Festival national du Film de Tanger et de celle du Festival international du Film de Marrakech.

Prenant part, samedi dernier, à un séminaire dédié aux industries culturelles et créatives en Afrique, organisé dans le sillage des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI dans les locaux de l'Université Mohammed VI polytechnique de Benguérir (UM6P), Mehdi Bensaïd a parlé de l'inauguration, à partir du 15 novembre prochain, de pas moins de 50 nouvelles salles de cinéma dans différentes villes du pays.

« Notre projet d'ouvrir 50 salles de cinéma au Maroc est en plein déploiement. Ces salles vont devoir réconcilier les Marocains avec le 7ème Art, dans les grandes villes comme les petites. Le 15 novembre nous ouvrirons les cinquante premières salles dans le cadre d'un partenariat avec le secteur privé », a fait savoir le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, avant de poursuivre qu'« il était honteux qu'une ville comme Ouarzazate, qui accueille le cinéma mondial, ne dispose pas de salles de cinéma ».

Selon le ministre, le projet d'ouverture des 50 salles devrait créer près de 500 emplois directs, auxquels s'ajoutent 1.000 emplois indirects, pour un chiffre d'affaires annuel allant de plus de 300 millions de dirhams.

« Ces chiffres sont appelés à croître, car le ministère parie sur la création d'une dynamique qui réconciliera nos citoyens avec la fréquentation des salles de cinéma grâce à des tarifs abordables et une offre variée de films marocains », a conclu le ministre.
Nostalgie : Il était une fois, le film « Casablanca »
Parler des salles de cinéma de Casablanca des années 30 et 40, c'est faire, ipso facto, référence au film « Casablanca », dès sa programmation dans les salles marocaines en 1942. Le récit de ce film se déroule en décembre 1941, dans la métropole la plus occidentale du Maroc, alors sous le régime de Vichy. Fortement ouverte sur l'Atlantique, elle est le réceptacle de trafics en tous genres : espions, escrocs et des réfugiés de diverses nationalités s'y croisent, sous le regard de la police de Vichy et des agents des autorités allemandes. Au café Rick, à l'époque, tous se croisent, à la recherche d'argent, de renseignements secrets ou d'un visa pour le Portugal puis l'Amérique. Rick, le gérant de cette luxueuse boîte de nuit inféodée à la mafia, est incarné par un Humphrey Bogart magistral qui, sous ses airs désabusés et discrets, se cache un cœur d'artichaut.


Rick, quant à lui, est toujours sous le choc de l'histoire d'amour qu'il a entretenue en juin 1940 à Paris avec Ilsa, jouée par Ingrid Bergman, qu'il pensait être la veuve d'un résistant tchèque. Un retour en arrière les montre, peu avant l'entrée des troupes allemandes dans la capitale, installés au Café Pierre, qui propose des boissons de marque, puis au café la Belle Aurore, deux adresses typiquement parisiennes dont les ambiances intimes, picturales et joyeuses tranchent avec le raffinement cosmopolite du Rick's Cafe. Lorsqu'Ilsa apprend que son mari n'est pas mort, elle se lance sur ses traces, sans en prévenir Rick qui, dépité, part pour le Maroc. C'est alors qu'Ilsa et son mari, pourchassés par les Allemands, débarquent chez Rick's Café pour négocier leur passage en Amérique...

L'on raconte que ce film a été projeté plusieurs centaines de fois au cinéma VOX.


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