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Programme « Moussalaha » : Les plans de réinsertion des extrémistes repentis [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 04 - 07 - 2024

Lors de sa 14ème édition, le programme "Moussalaha" a permis à 21 détenus condamnés pour terrorisme de faire table rase de leur passé violent et de rétablir la paix et la tolérance, marquant ainsi un tournant significatif dans la lutte contre l'extrémisme violent, malgré les défis persistants quant à leur réinsertion.
"Adieu à la violence, bienvenue à la paix. Grâce au programme Moussalaha, j'ai pu changer de perspective après avoir été piégé par une idéologie extrémiste qui m'a entraîné dans un gouffre de souffrance", ainsi s'est exprimé sur un ton ému le détenu A.B., ayant participé à la 14ème édition du programme "Moussalaha" ou "Réconciliation" dont les travaux ont été clôturés mardi à la prison locale de Salé.
Ce programme, lancé sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI, est considéré comme pionnier dans la politique de déradicalisation. Son objectif est d'aider les détenus condamnés dans des affaires de terrorisme et d'extrémisme à abandonner leurs croyances radicales et à envisager une nouvelle vie sereine, où ils peuvent réintégrer harmonieusement leur communauté.
Le programme, d'une durée de quatre mois et demi, est organisé par le centre "Moussalaha" et a bénéficié à 21 détenus répartis dans divers établissements pénitentiaires du Royaume. Lesquels ont participé à des sessions éducatives et formatrices dirigées par des professeurs expérimentés dans divers domaines, avec une emphase spéciale sur les aspects juridiques, religieux, ainsi que sur les concepts de droits et de devoirs auxquels les détenus n'étaient pas forcément familiarisés auparavant.
"Les formations sont conçues pour aider les détenus à arriver à une réconciliation avec soi, avec le texte religieux et avec la société dans laquelle ils ont provoqué beaucoup de peines à cause de leurs dérives", a détaillé Ahmed Abbadi, président du Centre Moussalaha et secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, qui a exprimé sa fierté quant à la réactivité des détenus cherchant à construire des ponts vers la paix et la réconciliation.

21 bénéficiaires, mais...
Certes, les résultats positifs de "Moussalaha" après 14 ans d'existence sont largement salués par les acteurs du domaine de la réhabilitation et de la réinsertion, notamment en l'absence de cas de récidive parmi les bénéficiaires après le déploiement de Moussalaha comparativement à avant, comme souligné par El Mostafa Rezrazi, président du comité scientifique du Centre "Moussalaha". Cependant, ceux-ci reconnaissent que le nombre de bénéficiaires reste insuffisant, se situant chaque année entre 20 et 30 détenus. Ce chiffre est bien en deçà des attentes, surtout étant donné le nombre important de détenus condamnés pour terrorisme et extrémisme.
Jusqu'à la fin de 2023, les prisons du Royaume ont accueilli 3.969 nouveaux condamnés pour des crimes contre la sécurité et l'ordre public, compliquant la tâche aux acteurs concernés pour relever le défi de la réhabilitation et de la déradicalisation des détenus dans les prisons marocaines, comme l'a indiqué El Mostafa Rezrazi.

Des conditions strictes

Ayant suivi de très près les conditions de mise en œuvre de ce programme de la seconde chance, Rezrazi explique que le nombre de bénéficiaires a été réduit depuis l'avènement de la pandémie de Covid-19, limitant ainsi le taux de bénéficiaires.
En outre, le nombre de participants dépend de plusieurs facteurs, notamment la catégorie à laquelle appartient le détenu, la durée de sa peine, son niveau scolaire et ses motivations personnelles.
"Moussalaha s'appuie sur la classification des détenus, qui est d'ailleurs universelle, et cible ainsi les détenus engagés et exprimant la volonté de changement. La sélection tient compte également de la durée de la peine purgée par la personne en question en vue d'assurer une préparation optimale de celle-ci à la vie sociale hors prison", explique notre interlocuteur.
Plus qu'un simple programme de formation, Moussalaha incarne une croyance en la capacité de rédemption et en la possibilité d'un meilleur avenir, pour les individus et la société tout entière. Cette initiative, désormais pilotée par le Centre Moussalaha, créé en 2023 sur instructions Royales, représente un pari fort des acteurs du domaine pour étendre la base de bénéficiaires du programme, afin de répondre aux objectifs de déradicalisation et de réinsertion fixés par le Royaume.

Suivi post-carcéral
En réalité, le programme Moussalaha va au-delà de la formation et de l'accompagnement en prison. Il intervient, en collaboration avec ses partenaires associatifs, sur d'autres aspects du parcours de réhabilitation suivi par chaque détenu après sa libération. Toutefois, malgré ces efforts louables, ce parcours devient de plus en plus difficile en raison de la persistance de la stigmatisation sociale, qui limite leur accès à l'emploi et à l'éducation, et des exigences administratives supplémentaires, ce qui complique leur réintégration dans la société.
Face à cette réalité, El Mostafa Rezrazi juge nécessaire, voire urgent, d'élargir les domaines d'intervention du Centre pour offrir un soutien psychologique, administratif et juridique aux détenus après leur libération. Cela va permettre, au regard de l'expert, d'atténuer les difficultés rencontrées par ces individus dans leur parcours pour recouvrer leurs droits de citoyens et faciliter ainsi leur réintégration effective dans la société.
"Les premiers 15 jours après la libération sont décisifs dans la réintégration des détenus. Grâce à des interventions ciblées, le centre Moussalaha jouera un rôle important dans l'accompagnement post-carcéral pour relever ce défi", souligne notre interlocuteur qui affiche un optimisme pour l'avenir des détenus encadrés et formés par les experts de "Moussalaha".
In fine, l'engagement des acteurs du domaine et la détermination des détenus sont cruciaux pour relever le défi de la déradicalisation et de la réhabilitation. Cependant, leur réinsertion est confrontée à de nombreux obstacles, notamment les exigences administratives et juridiques de la société, en particulier celles liées au casier judiciaire. Ce document, marquant le passé trouble de l'individu, peut malheureusement l'exclure des opportunités fondamentales en matière d'éducation et d'emploi.

Trois questions à El Mostafa Rezrazi : "Le centre Moussalaha s'engage à offrir un soutien administratif aux anciens détenus"
* Comment évaluez-vous les résultats de la 14ème édition de "Moussalaha" ?

Je pense qu'il est prématuré d'évaluer cette édition, étant donné que nous venons tout juste de la clôturer. Cependant, je peux vous assurer que les résultats des diverses activités organisées sur une période de plus de quatre mois ont été très positifs. Preuve en est l'attitude positive des détenus lors de la cérémonie de clôture de cette édition. Il est important de souligner que la majorité des participants ont été très engagés dans toutes les séances, que ce soit intellectuellement, lors des activités de jardinage, de théâtre et autres, ou encore lors de l'accompagnement psychologique. Outre cela, cette édition a également coïncidé avec la période des examens, et il est encourageant de noter que certains détenus ont passé leur baccalauréat, d'autres sont inscrits à l'Université, et trois d'entre eux se préparent actuellement à soutenir leurs mémoires de fin d'études en licence.


* Le nombre de bénéficiaires actuellement ne dépasse qu'à peine la vingtaine à travers tout le Royaume. Comment expliquez-vous cela ?

- Depuis 2017, nous avons maintenu le nombre de bénéficiaires entre 20 et 30, mais en raison de la pandémie de Covid-19, ce chiffre a été réduit pour limiter les impacts. Côté résultats, nous n'avons enregistré aucun cas de récidive depuis le déploiement de ce programme, chose qui reste très positive à ce stade. Cependant, il est évident que nous devons envisager d'augmenter ce nombre. Grâce aux directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le programme est désormais piloté par le centre "Moussalaha", ce qui permettra dans le futur d'accélérer son déploiement et d'élargir sa portée pour inclure un plus grand nombre de bénéficiaires.

* Quelles sont les attentes et les opportunités pour le post-carcéral des détenus ayant participé au programme ?

Le soutien post-carcéral est crucial où la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus joue un rôle majeur aux côtés d'autres acteurs associatifs. Personnellement, j'ai de grandes attentes pour le centre au vu du rôle qu'il pourrait jouer dans la réinsertion des détenus dans la période post-carcérale. Au-delà de l'accompagnement socio-économique, le centre devrait être mobilisé dans le futur pour offrir du soutien psychologique, administratif et juridique aux anciens détenus, particulièrement dans les premiers 15 jours après leur libération. Car la sortie de prison peut être un échec ou une réussite et cela dépend nécessairement des interventions des acteurs concernés, notamment le centre "Moussalaha". Malgré nos efforts, nous faisons face à des défis car, depuis 2016, environ 1000 personnes retournent en prison. Néanmoins, nous restons optimistes quant à notre capacité à améliorer cette situation et à participer efficacement dans la réinsertion des détenus en général.
Centre Moussalaha : A la pointe de la lutte contre le terrorisme
Le centre national "Moussalaha" a été créé en novembre 2023, sur Instructions Royales, en vertu d'une convention de partenariat entre la DGAPR, le ministère de l'Economie et des Finances, la Rabita Mohammadia des Oulémas, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus. L'objectif étant de capitaliser sur les expériences lancées depuis 2017 dans le cadre du programme Moussalaha pour accélérer le processus de réinsertion des détenus condamnés pour terrorisme après des cycles de formation dans divers domaines.

Aujourd'hui, ce centre s'affirme comme un acteur majeur dans la mise en œuvre de stratégies et de programmes de protection contre l'extrémisme violent et la réhabilitation et la réinsertion des détenus condamnés dans des affaires d'extrémisme et de terrorisme.

En plus de la mise en œuvre des objectifs du programme "Moussalaha", le centre est chargé de l'accompagnement post-carcéral des détenus, en plus de la mise place de programmes de prévention contre l'extrémisme en vue de lutter contre sa prolifération dans la société.
Programme Moussalaha : Grâce Royale pour plus de 66% des participants
Lancé en 2017, le programme Moussalaha vise à être un vecteur de déradicalisation et à promouvoir les principes de paix et de tolérance. Cette initiative s'inscrit dans la stratégie globale du Royaume du Maroc, sous la direction éclairée de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, dans la gestion du domaine religieux en accord avec les enseignements de l'Islam. L'accent est mis sur la modération, la tolérance, l'ouverture et le rejet de toute forme d'extrémisme et de violence.
Moussalaha se décline, d'ailleurs, sous forme de cycles de formation proposés aux personnes incarcérées pour terrorisme ou radicalisme religieux, et qui ont procédé à une remise en cause sincère et ferme de leurs convictions initiales. Depuis son lancement, ce programme à portée nationale a profité à 322 détenus pour terrorisme et violence - dont 13 femmes - qui ont été libérés.
De plus, 235 détenus ont été libérés, dont 170 par Grâce Royale. Parmi ceux-ci, 10 détenus ont vu leur peine réduite, et quatre autres ont bénéficié d'une remise sur l'amende. Ainsi, le pourcentage de participants à Moussalaha ayant bénéficié de la Grâce Royale s'élève à 66,76% de l'ensemble des détenus bénéficiaires du programme.
Pour rappel, l'année dernière, 22 détenus jugés dans des affaires d'extrémisme et de terrorisme au Maroc avaient pris part à la 13ème édition du programme « Moussalaha » contre 21 individus lors de la 14ème édition.


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