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L'expérience marocaine en matière de réalisation des petits barrages
Mobilisation des ressources Un savoir faire reconnu et exportable
Publié dans L'opinion le 06 - 02 - 2010

«Je rends hommage au Royaume du Maroc pour les progrès enregistrés dans le domaine de la planification des ressources en eau, et ce depuis que Feu Hassan II a édifié les fondements généraux de la politique des barrages en 1967, et pour les grandes réalisations qui en ont découlé, permettant au Maroc de surpasser les cataclysmes climatiques successifs et d'élever le niveau de vie de ses citoyens». Le Dr Ahmed Mohamed Ali, président du groupe de la Banque Islamique du Développement (BID), ne tarit pas d'éloge envers l'expérience marocaine dans le secteur de l'eau, en particulier en ce qui concerne la construction des barrages.
Dans son discours à l'ouverture du Séminaire sur l'expérience marocaine dans le domaine des petits barrages, organisé conjointement entre le Secrétariat d'Etat de l'Eau et de l'Environnement (SEEE) et la BID, les 1 et 2 février derniers, le Dr Ahmed Mohamed Ali, qui a rappelé que ce séminaire est le deuxième du genre organisé par son institution financière et la SEEE, le premier ayant eu lieu il y a vingt ans sur le même sujet, a tenu à préciser que «la BID ne s'arrête pas à l'appel à la hausse des investissements dans le secteur de l'eau et de l'agriculture dans nos pays membres, mais insiste également sur l'élaboration de stratégies efficientes à ce propos afin d'affronter les défis qui se posent à eux et d'accorder plus d'importance au savoir faire dans le choix des projets en vue d'en assurer la pérennité et la bonne exploitation. L'accent est mis aussi sur la formation des compétences et le transfert du savoir faire à partir des pays membres et de l'extérieur».
M. Abdelkébir Zahoud, secrétaire d'Etat chargé de l'eau et de l'environnement, commence par souligner la gravité de «la sécheresse qui a touché le Maroc pendant 18 ans, au cours des trente dernières années» et qui a poussé le pays à adopter une politique volontariste en matière de mobilisation et de gestion des ressources en eau.
Les périodes de sécheresses, en effet, il y en a eu une vingtaine au cours des 35 dernières années. Des périodes au cours desquelles le déficit pluviométrique dépassait quelques fois les 40%. Et qui pouvaient durer jusqu'à cinq années consécutives.
Le potentiel des ressources en eau naturelles du Maroc, ce sont 22 milliards de m3 par an, la moitié de ces ressources étant concentrées dans les bassins du nord et le Sebou, soit à peine 7% du territoire national. Mais ces ressources sont non seulement insuffisantes, mais également fragiles. Avec 731 m3 par personne et par an, le Maroc est en situation de stress hydrique, dont le seuil est fixé à 1000 m3 par personne et par an. En 2008, les Marocains ont consommé 13,7 milliards de m3 d'eau. 90% de ces eaux vont à l'irrigation des cultures et 2% à la boisson humaine, c'est-à-dire l'eau potable. Mais il faut signaler que l'efficience du système d'irrigation marocain n'est que de 40% à la parcelle.
Et près de 30% de l'eau potable chèrement produite est bêtement perdue, le rendement du réseau d'adduction à l'eau potable étant inférieur à 70% dans la majorité des centres urbains du Royaume.
Pas moins de 23 millions d'hectares sont touchés annuellement par l'érosion, menant à la dégradation des bassins versants. Et les 600 millions de m3 d'eaux usées domestiques rejetées sans épuration dans la nature -moins de 15% de ces eaux usées sont traitées- provoquent une pollution de ces rares ressources en eau, constituant ainsi une menace pour l'avenir. La pollution des nappes phréatiques par les pesticides et les nitrates, utilisés en agriculture, constitue déjà un sérieux problème à résoudre.
Les nappes souterraines, sont par ailleurs surexploitées. La nappe du Souss a vu ainsi son niveau baisser de 24 mètres en 34 ans, celle du Saïss de 64 mètres en 25 ans et celle du Haouz de 18 mètres en 24 ans.
La situation actuelle se caractérise par un total des ressources hydriques mobilisées de l'ordre de 11,7 milliards de m3 et une demande de l'ordre 13,7 milliards de m3. C'est-à-dire un déficit de 2 milliards de m3.
Sous la contrainte
des périodes
de sécheresses
successives
Malgré toutes ces défaillances et difficultés, le Maroc a bel et bien mené avec succès au cours des trois dernières décennies une politique dynamique et ambitieuse de mobilisation des ressources en eau. Les Marocains peuvent louer le ciel et s'estimer fiers pour leurs 128 barrages, d'une capacité de retenue totale de 17 milliards de m3, outre 74 petits barrages et 83 barrages collinaires, d'une capacité de 400 millions de m3. Les infrastructures hydrauliques dont s'est doté le Maroc, ce sont également les treize systèmes de transfert d'eau, d'une longueur de 1100 Km, avec un débit de 210 m3 par seconde. Ainsi que des milliers de puits, de forages et de réseau de captage des eaux de pluie.
Cette infrastructure assure au Maroc une réserve apte à lui permettre de surmonter même les situations de sécheresse.
Le taux de desserte urbaine d'eau potable est de 100%, avec un taux de branchement individuel de l'ordre 92%, le reste des populations urbaines, surtout dans le périurbain, accède à l'eau potable via les bornes fontaines. En milieu rural, le taux d'accès à l'eau potable était à peine de 14% en 1994. Ce taux a atteint les 83% en 2009.
Grâce à cette infrastructure, ce sont 1,5 millions d'hectares qui sont irrigués. Les deux tiers des surfaces agricoles irriguées ont été équipés à cet effet par les pouvoirs publics. Les barrages participent pour 45% de la valeur ajoutée agricole, pour 75% aux exportations du secteur et pour 40% de la création d'emploi en milieu rural, soit 25% à l'échelle nationale.
Sans oublier les usines hydroélectriques, qui disposaient d'une puissance installée de 2700 MW en 2008, soit 10% de la production nationale en année hydrologique normale.
Last but not least, la protection contre les inondations, auxquelles le Maroc fait dernièrement face de plus en plus fréquemment, est à souligner. Des inondations dévastatrices en eu lieu à Ourika en 1995, à Tétouan en 2000, à Mohammadia en 2002, à Merzouga en 2006, à Dar Driouech en 2008 et au Gharb la fin de l'année écoulée et au début de cette année.
«Parallèlement à la construction des grands barrages, rappelle Abdelkébir Zahoud, le gouvernement marocain a élaboré en 1985 un programme national de construction de petits barrages et de barrages collinaires, suite à la sévère sécheresse qu'a connu le Maroc trois années consécutives et qui a eu un grave impact, surtout sur les réserves en eau des nappes phréatiques et en terme d'exode rurale».
A ce sujet, il est intéressant de prendre connaissance de l'expérience d'un haut cadre, aujourd'hui à la retraite, M. El Mehdi Benzekri en l'occurence, qui a fait toute sa carrière administrative au sein du département chargé de l'eau et qui en sait long sur l'expérience marocaine en matière de réalisation des petits barrages et des barrages collinaires. C'est l'avis d'un expert et c'est très instructif:
«Les variations climatiques annuelles et interannuelles se répercutent directement sur l'alimentation naturelle des nappes et des cours d'eau. Le changement climatique, qui a touché toutes les régions du monde, à des degrés très divers, les a exacerbées. Les longues périodes sèches qui ont touché notre pays ces trente dernières années -trois ont duré quatre années consécutives- ont été particulièrement éprouvantes. La première période (1980-1984) a sonné le glas d'une époque où les petits barrages étaient tombés dans l'oubli».
Bref rappel historique de l'expérience marocaine cumulée dans l'édification des petits barrages.
«Les premières années de la décennie 1980 qui étaient particulièrement sèches, ont mis le monde rural dans le désarroi et sa population dans la détresse. Le gouvernement demanda à l'Administration de l'Hydraulique d'examiner la question et de lui proposer des solutions. Les investigations réalisées ont vite montré que c'est la population se trouvant loin des périmètres irrigués, dans les zones où les nappes d'eau souterraines sont absentes, qui a le plus souffert de la sécheresse. La solution proposée consiste en la réalisation de petits barrages d'intérêt local, seuls à même d'assurer une meilleure couverture du territoire. N'ayant aucune expérience de ces ouvrages et voulant éviter la maladresse d'appliquer aux petits barrages la même démarche que pour les grands, l'Administration de l'Hydraulique est allée chercher tout naturellement conseil et documentation auprès de ses partenaires étrangers. En vain: si vous apprenez à faire vous-mêmes, vous vous passerez de nos services nous rétorquait-on. Il faut être naïf pour ne pas comprendre».
«Nous ne pouvions compter
que sur nous-mêmes»
«Nous avons alors compris que nous ne pouvions guère compter que sur nous-mêmes, et nous nous sommes mis au travail pour rédiger un guide pour l'étude des petits barrages. Nous avons, à cet effet, réuni nos spécialistes et avons confié à chacun la rédaction du chapitre attenant à sa spécialité. Contre toute attente, nous avons obtenu un best-seller. Il fallait ensuite établir un programme, et pour ce faire, il fallait identifier tous les sites potentiels. Ce fût fait en une semaine par une équipe constituée de dix binômes, chacun composé d'un géologue ou géotechnicien et d'un génie civil ou hydraulicien. L'équipe travaillait avec des cartes topographiques au 1/50.000, des cartes géologiques, des cartes climatologiques et avec le guide préalablement établi. Au bout d'une semaine, nous avions entre les mains un travail de qualité, ayant identifié un millier de sites pour petits barrages.
»La réalisation s'entendait en régie, c'est-à-dire avec les moyens de l'administration. L'on ne peut guère mieux faire ressentir sa solidarité avec la population touchée par la sécheresse que par un travail de proximité réalisé par soi-même. Il fallait trouver des moyens matériels. A cette époque, la Direction des Routes disposait d'un parc d'engins des Travaux Publics. Destiné à l'origine à la réalisation des routes rurales, il était notoirement insuffisant pour aménager des milliers de kilomètres de routes par an, de surcroît il faisait une concurrence déloyale aux entreprises routières qui étaient loin de saturer leurs moyens. En outre, le Ministère des Finances avait accepté d'allouer quelques moyens pour faire face à la sécheresse. Nous disposions ainsi du plus gros des moyens, ne nous manquait plus que la main d'œuvre.
»Il existe au Maroc une institution appelée "Direction de la Promotion Nationale". Son rôle est de réaliser des projets d'infrastructure, essentiellement en milieu rural pour lutter contre le chômage, elle adoptait donc des techniques utilisant un maximum de main d'œuvre.
»Tous les ingrédients étant nouveaux, il fallait tester la méthode de réalisation des petits barrages (matériel peu performant, main d'œuvre non spécialisée…) et ce, avant de foncer sur le programme. Nous avons choisi une bonne équipe et un barrage de moyenne importance, ni le plus facile ni le plus difficile, le barrage Sidi Ali en l'occurrence, situé dans la Wilaya d'Oujda, dans l'Oriental. Le succès était total: 100.000m3 de terrassement dont 60.000m3 de remblai ont été réalisés en quatre mois. En somme, un record qu'il fallait battre et la démonstration que l'impossible ne peut subsister face à la volonté de réussir.
»Le programme a démarré avec sept autres barrages de conceptions différentes. Un comité de suivi se réunissait une fois par semaine, des visites périodiques d'ingénieurs confirmés s'effectuaient régulièrement, une évaluation de chaque projet et un audit se faisaient dès l'achèvement de l'ouvrage. Tous les cinq ans, il devait se faire une évaluation du programme. La première évaluation avait montré que le taux de rentabilité interne de ces ouvrages dépassait très largement celui des grands barrages !
»Ainsi, les bureaux d'études nationaux qui nous ont accompagnés ont donné libre cours à leur imagination, une multitude de barrages de différents types ont vu le jour, de la maçonnerie au BCR, de la terre à l'enrochement, toutes les gammes sont présentes ce qui prouve, si besoin est, que nos ingénieurs conseils avaient le souci d'optimiser les coûts.
»L'opération lancée en 1984 avec la Promotion Nationale a connu une réussite totale et a créé au sein de l'administration un enthousiasme sans précédent. En quelques années seulement, l'expérience accumulée était considérable, la réussite avait été saluée par la BID qui lui a consacré le premier séminaire au Maroc traitant de ce sujet et ce, dès les premières années de l'expérience, ce qui est une marque de confiance qui nous honore. Lexpérience a égalelment été saluée par le Fonds Koweïtien qui avait exprimé à cette époque sa disposition à financer dix à vingt barrages par an, par la Banque Africaine de Développement qui voulait financer la totalité d'un programme quinquennal, par le FADES qui nous a accordé plusieurs dons pour les études tout comme l'USAID et l'AFD, par la JICA qui a fourni cinq dons très consistants de matériels TP, par le gouvernement Chinois qui a accordé trois dons de matériel, ainsi que par le Gouvernement Belge qui a accordé un don important pour l'achat de matériel TP».
Des effets d'entraînements locaux positifs
et un savoir faire cumulé
Un capital connaissance a donc ainsi été constitué, dont le Maroc est aujourd'hui fier et prêt à partager avec les pays qui en exprimeraient le besoin.
C'est que les petits barrages, précise M. Benzekri, sont des «ouvrages qui n'ont certes pas le même prestige que les grands, mais qui apportent des solutions appréciables et très appréciées par des populations qui ont longtemps souffert la soif en leur absence. Il ne faut jamais oublier qu'un petit barrage n'est pas et ne peut jamais être le modèle réduit d'un grand. Leurs conceptions et leurs rôles sont fondamentalement différents. Les grands barrages destinés à la régularisation des apports doivent être conçus comme des réservoirs de taille importante dont la capacité représente deux à trois fois l'apport moyen annuel, ce qui garantirait la fourniture des années sèches une fois la retenue alimentée par les années humides. Les petits barrages doivent être d'une conception simple pour que leur réalisation soit à la portée des services régionaux ou provinciaux ne disposant pas de moyens sophistiqués. Mal conçu, un petit barrage représenterait un danger certain pour la population d'aval, la rupture d'un petit barrage plein d'eau peut être une catastrophe, le débit sortant n'est d'aucune commune mesure avec la débitance de la rivière».
Les petits barrages et autres barrages collinaires ont une mission bien particulière, différente de celle des grands barrages, que M. Benzekri se fait un plaisir d'expliquer de manière claire et simple.
« Les petits barrages ne peuvent guère assurer une régularisation des apports d'eau. Très rare, en effet, sont ceux qui ont une retenue importante. Ils sont cependant utiles dans les cas suivants:
- Soutien direct ou indirect d'une nappe. Direct, lorsque le barrage est destiné principalement à la recharge de la nappe. Indirect, lorsque le barrage est affecté à l'irrigation d'un petit périmètre, initialement irrigué par une nappe qui commence à donner des signes de faiblesse, pour avoir été sollicitée outre mesure.
- Ils servent également à l'irrigation d'un périmètre pratiquant une culture saisonnière ou une culture pérenne, s'accommodant fort bien avec un déficit pluviométrique plus ou moins important, la protection contre les crues, en tant qu'ouvrage de dérivation, l'abreuvement du cheptel, pour le soutien de l'activité pastorale dans les zones pauvres en eau souterraine et en cours d'eau à écoulement pérenne».
Adoptant une approche plus globale, M. Zahoud dévoile d'autres avantages dans la réalisation de projets de construction des petits barrages.
«Ces projets ont un impact positif sur le développement local, aussi bien au cours des travaux de construction qu'au cours de l'étape de l'exploitation. Les chantiers créent une dynamique économique dans les régions ou ils sont implantés, dont profite la main d'œuvre locale, à travers la création d'opportunités d'emploi et la formation aux métiers de maçonnerie, les PME du secteur des BTP, outre les entreprises chargées de réaliser les projets. Au cours de la période d'exploitation de ces infrastructures, c'est au niveau de la satisfaction des besoins des populations et du cheptel en eau potable, du revenu des agriculteurs, de la promotion de l'action associative à travers la création de coopératives, outre l'amélioration de l'aspect environnemental et l'attractivité sur les investisseurs».
Actuellement, le résultat de cette politique de construction de petits barrages et de barrages collinaires est palpable au niveau de l'irrigation de 23.000 hectares, de manière complémentaire ou permanente, l'accès à l'eau potable au profit de 300.000 personnes, la création de 9.450.000 journées de travail et la formation d'ouvriers spécialisés, la réduction de l'envasement des barrages, la recharge des nappes phréatiques, la promotion de PME, qui ont bénéficié à hauteur de 60% du montant des investissements consentis pour la réalisation de ces ouvrages, soit quelques 2 milliards de dirhams. 110.000 familles ont bénéficié de la réalisation de ces projets.
En présence de délégations de plusieurs pays africains, venues assister au séminaire, M. Zahoud a tenu à mettre l'accent sur le savoir faire marocain accumulé dans la réalisation des petits barrages, par les secteurs public et privé, aussi bien au niveau des études que de la construction.
«Les cadres marocains ont participé à l'accomplissement des études et l'édification de petits barrages dans plusieurs pays, dont l'Arabie Saoudite, la Jordanie, la Tunisie, la Syrie, La Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Gabon, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso».
L'expérience marocaine a été donc déjà exportée dans plusieurs pays et jouit de ce fait d'une notoriété internationale indéniable. Et ce, grâce à des cadres marocains qui ne se sont pas contentés de reproduire les techniques développées dans d'autres pays, mais en ont aussi développé de nouvelles.
Un millier de petits barrages à construire au Maroc d'ici 2030
«La mobilisation des ressources en eau et sa relation essentielle et directe avec le développement humain ont un effet direct sur la sécurité de l'individu sur différents niveaux, indique le Dr Ahmed Ali. Cet aspect a été souligné par le rapport des Nations Unies pour l'année 2009 portant sur les “Objectifs du Millénaire”, assurant que plusieurs pays vont tarder pendant des années avant de pouvoir réaliser les objectifs du développement fixés pour 2015, essentiellement dans le domaine de l'eau». Ce même rapport, précise M. Ahmed Ali, indique que 884 millions de personnes n'ont pas accès à une eau saine, dont 84% vivent en milieu rural.
«Si on prend en considération le facteur du changement climatique et son impact sur le circuit de l'eau, quand à la disponibilité et à la qualité, surtout pour la production agricole, il semble certain que l'ampleur du problème ne fera que s'accentuer dans l'avenir, générant des conséquences négatives sur la sécurité de l'individu, dans le sens large du terme, qui comprend l'alimentation, la santé, l'environnement et la stabilité».
«L'intérêt de la BID pour les projets de dotation en infrastructures hydriques date de la création même de cette institution financière, le premier crédit accordé, en 1976, ayant concerné la construction d'un barrage au Cameroun. Et les engagements de la BID dans le secteur de l'eau se sont succédés depuis lors. 173 opérations ont été ainsi financées pour 2,75 milliards de dollars, dont 600 millions de dollars pour la seule construction de barrages de toutes tailles, soit 22% des crédits accordés à des projets portant sur le secteur de l'eau».
Le Maroc projette, dans le cadre de la Stratégie Nationale du Secteur de l'Eau, de mobiliser 2,5 milliards de m3 d'eau par an à partir des ressources conventionnelles, et ce à travers la réalisation de trois grands barrages par an, soit une cinquantaine de barrages d'ici 2030, permettant la mobilisation de 1,7 milliards de m3 additionnels.
Prévue également au programme la construction d'un millier de petits barrages, d'ici 2030, pour le développement local, surtout dans les régions montagneuses. Ainsi que le transfert du nord vers le sud de 800 millions de m3 d'eau par an, à partir du Sebou et du Loukkos-Laou vers le Bouregreg, Oum Rabî et Tensift. Dans une première phase, 400 millions de m3 par an seront transférés à partir du Sebou, puis 400 autres millions de m3 par an, dans une deuxième phase, à partir du Loukkos-Laou.
Concernant la mobilisation des ressources en eau non conventionnelle, il sera procédé au dessalement de l'eau de mer et à la déminéralisation des eaux saumâtres, dans un volume de l'ordre de 400 millions de m3 par an, outre la réutilisations des eaux usées épurées, pour un volume de300 millions de m3 par an et au captage des eaux de pluie.
Pour ce faire, un cadre contractuel d'exécution territoriale des actions a été mis en place, à travers la signature de seize conventions cadre, le 14 avril 2009, avec les seize régions du Royaume, ainsi que de 300 autres conventions thématiques, toujours dans le secteur de l'eau.
Le coût global des projets prévus par ces conventions est de 1,5 milliards d'euros, pour un coût global de la stratégie de l'ordre de 7,33 milliards d'euros, soit 82 milliards de Dhs, entre 2009 et 2030. L'action sur l'offre, c'est-à-dire au niveau de la mobilisation des ressources, nécessitera une enveloppe de 6,4 milliards d'euros, soit 72 milliards de Dhs. La seule construction de barrages devra coûter quelques 1,9 milliards d'euros, soit 21 milliards de Dhs.


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