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Les Data Workers et la Souveraineté Numérique : Un Modèle à Repenser pour le Maroc


Introduction
Lors d'une conférence en 1995, j'avais proposé d'entreprendre dans le business de la saisie des données.
Je pressentais déjà que l'essor d'Internet nécessiterait un volume important de données, ce que l'on nomme aujourd'hui le big data.
Cette intuition s'est confirmée avec l'avènement des intelligences artificielles, dont la performance repose sur l'accès à des milliards de données.
Aujourd'hui, près de trente ans plus tard, je recommande à nouveau d'entreprendre dans des ateliers de data workers, mais avec une vision différente :
il ne s'agit plus de produire des données pour les géants technologiques étrangers, mais de créer des contenus marocains,
ancrés dans notre culture, nos traditions et notre savoir-faire. Cette stratégie s'inscrit dans une perspective plus large :
celle de la souveraineté numérique du Maroc.
Comprendre le Métier des Data Workers
Les data workers sont des travailleurs numériques qui effectuent des tâches essentielles au fonctionnement de l'intelligence artificielle.
Leur rôle consiste principalement à :
- Annoter des textes, des images, des vidéos et des sons.
- Classifier et étiqueter les contenus.
- Evaluer et corriger les réponses générées par les IA.
Ces travailleurs forment la base invisible mais indispensable du succès des modèles d'IA, car sans données annotées, aucune machine ne peut « apprendre ».
Le Risque du Modèle de Sous-Traitance au Maroc
Certains pourraient voir dans ces ateliers une opportunité similaire à celle des centres d'appels, secteur dans lequel le Maroc a connu un succès notable.
Cependant, cette approche présente plusieurs dangers.
D'abord, la valeur ajoutée est faible. Les tâches sont répétitives, faiblement rémunérées et peu qualifiantes.
Les travailleurs marocains risqueraient de se retrouver cantonnés à des emplois précaires, sans perspectives d'évolution vers des métiers plus techniques.
Ensuite, la dépendance aux plateformes étrangères est risquée. Les données collectées profiteraient uniquement à des entreprises internationales, laissant le Maroc dans une position de sous-traitant, privé des retombées économiques et technologiques.
Enfin, la souveraineté numérique serait menacée. En enrichissant des modèles étrangers avec des données marocaines,
nous perdrions le contrôle sur notre propre patrimoine culturel et linguistique.
Un Nouveau Modèle : Des Data Workers au Service du Patrimoine Marocain et de la Souveraineté Numérique
Plutôt que de reproduire un modèle de sous-traitance, je recommande que les data workers marocains soient mobilisés pour produire des contenus à forte valeur culturelle et économique, tout en renforçant notre souveraineté numérique.
- Premièrement, préserver notre patrimoine linguistique : Créer des bases de données en darija et en amazigh pour entraîner des IA capables de comprendre et de répondre dans nos langues.
- Deuxièmement, valoriser nos savoir-faire artisanaux : Numériser et annoter les motifs de broderie, les techniques de tissage et les gestes artisanaux.
- Troisièmement, archiver notre patrimoine immatériel : Collecter et étiqueter proverbes, contes, chants populaires et récits historiques.
Construire une Stratégie Nationale pour les Data Workers et la Souveraineté Numérique
Pour concrétiser cette vision, le Maroc doit adopter une stratégie nationale structurée en trois axes :
1. Lancer une initiative nationale de numérisation culturelle :
- Collecter, numériser et annoter les données culturelles, linguistiques et artisanales.
- Mobiliser des data workers dans toutes les régions, notamment rurales.
- Protéger juridiquement les données collectées par une législation sur la propriété culturelle numérique.
2. Former et certifier les data workers marocains :
- Développer des programmes de formation spécialisée.
- Proposer des certifications reconnues.
- Encourager les universités à intégrer des modules sur l'éthique des données.
3. Développer une infrastructure souveraine pour héberger les données :
- Créer un cloud souverain marocain.
- Encourager les partenariats public-privé.
- Garantir que les données marocaines restent sous contrôle national.
Les Bénéfices de ce Modèle pour le Maroc
Sur le plan économique :
- Création d'une industrie numérique nationale.
- Emplois qualifiés et mieux rémunérés.
- Développement de startups marocaines.
Sur le plan culturel :
- Sauvegarde et transmission de notre patrimoine.
- Assistants vocaux en darija et en amazigh.
- Valorisation des savoir-faire marocains.
Sur le plan social et éducatif :
- Inclusion des jeunes dans l'économie numérique.
- Création d'une filière de compétences numériques.
- Participation des communautés locales à la préservation culturelle.

Conclusion : Faire de la Vision de 1995 un Projet d'Avenir pour la Souveraineté Numérique
En 1995, j'avais vu juste : la donnée serait au cœur de l'économie numérique. Aujourd'hui, je vois plus loin :
la donnée culturelle marocaine est notre plus grande richesse dans l'économie de demain.
En mobilisant les data workers pour valoriser nos langues, nos traditions et nos savoir-faire,
le Maroc ne se contentera pas de suivre la révolution numérique. Il en deviendra un acteur créatif, souverain et respectueux de son identité.
J'espère que la stratégie Maroc Digital 2030 tiendra compte de cette recommandation, afin que notre pays devienne non seulement un acteur du numérique,
mais aussi le gardien de son identité et un modèle de souveraineté numérique dans l'ère de l'intelligence artificielle.
* Dr. Az-Eddine Bennani est ingénieur en informatique, titulaire d'un MBA de Chicago, docteur en sciences économiques de la Sorbonne, et expert en management stratégique, gouvernance digitale et intelligence artificielle. Avec plus de 40 ans d'expérience en France, au Maroc et à l'international, il a été ingénieur système, consultant et manager chez Hewlett-Packard en France, en Europe et au MEA, a été professeur-chercheur à La Sorbonne Universités/UTC et à NEOMA Business School, et est actuellement professeur associé à l'Université Al Akhawayn.


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