Réseaux d'influence, financement clientéliste, manque de gouvernance... Des rapports confidentiels ont déclenché une vaste mobilisation au sein du ministère de l'Intérieur, certaines conventions de partenariats, censées être des leviers de développement local, étant en train de devenir le terrain fertile d'une nouvelle forme de rente. Selon des sources bien placées de Hespress, les services centraux du ministère ont émis des directives strictes aux gouverneurs de provinces et préfectures, leur intimant de freiner des quatre fers avant de valider tout nouveau partenariat proposé par les collectivités territoriales. La raison ? Une prolifération suspecte d'accords généreux, souvent conclus dans l'ombre, avec des associations et centres qui brillent plus par leurs accointances politiques ou familiales que par leur efficacité ou leur légitimité. Derrière les façades respectables d'organismes à but non lucratif se cachent parfois des réseaux bien tissés, proches de présidents de conseils communaux. Certains ont obtenu des financements à plusieurs zéros, sans même présenter un embryon de gouvernance interne, ni la moindre preuve de viabilité des projets. D'autres, plus compétentes mais moins connectées, restent à la porte d'un financement public devenu opaque, clientéliste et, selon les termes d'un haut fonctionnaire, « totalement dévoyé de son objectif d'intérêt général ». Les chiffres, eux, ne parlent pas encore officiellement. Mais les faits, consignés dans des rapports confidentiels émanant de l'Inspection générale de l'administration territoriale, sont accablants. Des dizaines d'accords ont été signés sans validation préalable des conseils locaux. Des versements ont été effectués sans la présence du moindre tiers garant. Pis encore, certaines de ces entités bénéficiaires n'auraient même pas de siège physique, ni les moyens logistiques de mettre en œuvre le moindre projet. De plus, un document interne évoque « un système parallèle », où les relations remplacent les procédures, où les subventions coulent vers des structures « fantômes » au détriment de celles qui œuvrent réellement sur le terrain. Dans certains cas, des membres élus se seraient retrouvés en situation de conflit d'intérêts flagrant, en violation directe de l'article 65 de la loi organique 113.14, qui interdit tout lien contractuel ou financier entre un élu communal et la collectivité qu'il représente. Ainsi, la soi-disant rente ne se limite plus à une image figée du privilège. Elle s'infiltre, discrète et méthodique, dans les failles du système local. Chaque signature de convention devient alors suspecte, chaque transfert de fonds un point d'interrogation. Le ministère, désormais sur ses gardes, n'entend pas en rester là. Des conventions ont été gelées, des dossiers renvoyés pour réexamen, et plusieurs associations sont dans le viseur d'une refonte de la gouvernance territoriale. Mais l'affaire, elle, ne fait que commencer. Car ce qui se joue ici dépasse de simples dérapages administratifs. C'est une question de confiance publique, de transparence, et peut-être, à terme, de justice. Le rideau se lève lentement sur un système que beaucoup pressentaient, mais que peu osaient dénoncer.