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MAGAZINE : Villa Carl Ficke, un musée pour la mémoire
Publié dans L'opinion le 09 - 03 - 2025

Construite au début du 20e siècle, la bâtisse qui trône sur le boulevard de la Résistance est désormais transformé en un espace culturel. Pour sa réouverture il y a une semaine, ce « Musée de la mémoire de Casablanca » accueillait des sculptures monumentales de l'artiste Ikram Kabbaj. Et dire que par le passé, des évènements peu reluisants ont marqué l'histoire du lieu. Mais qui était Carl Ficke ?
Carl Filcke voit le jour en 1862 à Brême en Allemagne. Grâce à sa famille, il hume tôt la brise de mer. L'arrière-grand-père et le grand-père sont respectivement marin et docker. Le père est également marin, un globetrotter de l'époque : le voilà en Angleterre, à Singapour, en Australie... En 1866, il gagne les Etats-Unis et s'installe à New York où il refait sa vie. A partir de 1870, Carl vit avec sa mère et ses frères. Lorsque son aîné termine ses études, il quitte Brême et prend la direction de Gibraltar et commence à commercer avec le Maroc grâce à un traité signé en 1856 entre l'Angleterre et le royaume chérifien.
Vers la fin des années 1800, Carl rejoint son frère à Casablanca où il crée l'entreprise « Heinrich Ficke & Co ». On lit çà et là que le jeune homme « apprend rapidement l'arabe. On ne sait pas s'il sait la lire et l'écrire mais sa connaissance de la langue et de la culture marocaines lui permet de participer à l'expédition de l'entomologiste allemand Quedenfelt à Marrakech en 1883. En 1886, Carl accompagne l'expédition commerciale de Robert Jannasch vers oued Noun. Jannasch déclare par la suite que la grande connaissance des coutumes et mœurs arabes, dont ficke fait preuve, contribue de manière significative à sauver l'expédition. En 1899, Carl Ficke fonde sa propre entreprise qui devient l'une des plus importantes du Maroc. Il achète à son frère la succursale de Mazagan, dont le mandataire Richard Gründler est désormais son partenaire. En plus de la société mère à Casablanca qu'il dirige depuis 1908 avec le neveu de son épouse Edmund Nehrkorn, Carl a des succursales à Marrakech (1902), Fès (1908) et Tanger (1911). » Il possède environ 3000 hectares dans la province de la Chaouia où il cultive les légumes notamment la pomme de terre et la tomate et aurait également contrôlé dans une large mesure la production agricole dans le Sous entre Marrakech et Mogador avec les sociétés Marx & Co, Weiss & Maur et Brandt & Toël.
En 1904, Carl Ficke exporte de la cire à Moscou, des œufs à Londres, des graines à canaris à Gênes, des amandes à Buenos Aires, mais aussi poils de chèvre, poils de queue de vache, cumin, coriandre, haricots et orge et réussit la même année la construction d'un nouveau grand fondouk à Casablanca à l'extérieur de la muraille et à proximité du port. Le Reich allemand estime sa fortune en 1914 à 6 millions de marks. Avec cela, Carl Ficke a d'autres préoccupations au Maroc.


Contre Français
En 1872 déjà, une légation allemande est mise en place à Tanger. Ainsi, davantage de représentants commerciaux des entreprises allemandes prennent le chemin du Maroc dans de dessein d'explorer de nouvelles opportunités d'affaires. Mais la haine des Français va grandissante. Ficke condamne vivement l'occupation d'Oujda par les Français après l'assassinat du Dr Emile Mauchamp à Marrakech le 19 mars 1907. Il accuse les Français et pointe leur incompréhension de la culture marocaine. Après le bombardement de Casablanca de 1907, Carl Ficke perd toute modération et devient l'ennemi le plus détesté des Français par ses positions « radicales ». Avec la déclaration de guerre allemande et française, l'ambiance commence à changer dans le pays. « Durant la pacification de la Chaouia par le général d'Amade, Carl Ficke incite les tribus de la région contre les troupes françaises. Il a en effet plusieurs associés agricoles marocains qu'il protège par des cartes en leurs noms signées et cachetées par le consulat impérial allemand à Casablanca. Il les arme par des fusils passés par Rabat et Mazagan.
À chaque affrontement entre les Français et les tribus Chaouia, Ficke porte plainte auprès de la légation allemande à Tanger pour agression contre des protégés allemands. Une vague de plaintes s'abat alors sur le ministère des affaires étrangères français à chaque progression du général d'Amade qui est obligé de se justifier ou bien de commenter. » Les jeunes Français, largement majoritaires, défilent dans les rues en chantant la Marseillaise, tandis que les Allemands se retirent du public. Contre toute attente allemande, le sultan Moulay Hafid finit par signer le traité de Fès instaurant le protectorat français sur le Maroc.
Le 3 août 1914, le général Hubert Lyautey ordonne l'arrêt de tout sujet allemand. Après perquisition, 300 allemands sont arrêtés et internés à la Villa Ficke. Suite à une enquête sur les Allemands du Maroc, quelques suspects sont désignés dont Carl Ficke et son assistant Richard Gründler. Jugés, ils sont condamnés à mort. On les dirige vers le Fort Provost qui se trouve à proximité de... la villa Ficke. Le jour de l'exécution coïncide avec la fête du mouloud. Ficke hurle : « Il y a des milliers d'innocents qui meurent en ce moment. Je vais être une victime de plus ». Aujourd'hui, sa villa est dédiée à l'art.


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