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Dette extérieure : Enjeux de la prochaine sortie à l'international [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 25 - 03 - 2025

Le Royaume garde sa note souveraine inchangée au moment où il s'apprête à faire une sortie imminente sur les marchés internationaux. Quel impact sur la dette extérieure ? Décryptage.
Pour l'instant, le Maroc se porte plutôt pas mal sur le plan financier. En témoignent les conclusions de la dernière revue périodique de l'Agence Moody's qui a maintenu la notation inchangée. Le Royaume est toujours à Ba1 qui signifie que ses politiques économiques sont créditées de sérieux. L'agence américaine estime que les politiques menées par le gouvernement ont été assez efficaces pour soutenir la cohésion sociale au prix d'un endettement croissant mais sous contrôle.

En revanche, l'agence a fait état d'une croissance volatile qui dépend toujours de la pluie, l'économie étant encore vulnérable aux aléas climatiques, notamment la sécheresse qui a condamné le Royaume à dégringoler à 2,6% en 2024 contre 3,4 l'année précédente. La situation devrait, pourtant, s'améliorer selon les prévisions de Moody's qui table sur 3,4% de croissance en 2025, une estimation proche de celle de Bank Al-Maghrib.

La stabilité de la notation du Royaume tient également à la maîtrise des caisses de l'Etat avec un déficit budgétaire stabilisé autour de 4,3% au moment où le gouvernement aspire à atteindre 4%. Le Royaume a obtenu aussi une note Baa2 qui s'appuie sur la robustesse des institutions, la discipline budgétaire face aux chocs externes et la crédibilité des politiques macro-économiques. Moody's a salué la politique monétaire de Bank Al-Maghrib qui permet de stabiliser les prix tout en pariant sur la poursuite des réformes destinées à augmenter la capacité de résilience face aux chocs externes sans risque majeur sur l'endettement.


Croissance volatile

Les économistes de l'agence américaine ont, toutefois, mis en garde contre l'ampleur des oligopoles d'Etat et la libéralisation inachevée de l'économie marocaine. Des carences qui constituent des freins à la croissance. Mais en somme, Moody's a vanté les politiques économiques en cours et a reconnu avoir palpé des signes qui témoignent de la réussite du Royaume à surmonter les obstacles structurels pour booster le potentiel économique. Le gouvernement, rappelons-le, continue de parier sur l'investissement public et le soutien public aux projets productifs pour financer l'Etat social. Malgré les hausses des dépenses sociales et la montée en flèche de l'investissement public à 340 milliards de dollars, le déficit budgétaire ne s'est manifestement pas creusé grâce à l'amélioration des recettes fiscales. Aussi, l'essor sans précédent du tourisme et les rentrées des transferts des MRE ont contribué à embellir le tableau de bord.


Sortie prudente à l'international

L'annonce de Moody's intervient au moment où le Maroc guette les marchés financiers en vue d'une sortie à l'international, annoncée depuis octobre 2024. Jusqu'à présent, le ministère de l'Economie et des Finances attend le moment opportun pour y aller. Comme à chaque fois, la décision ne se prend que lorsque les conditions favorables sont réunies. Souvent, dans ce genre de situations, les autorités marocaines attendent qu'il y ait assez de visibilité pour se décider. L'équation est complexe, on tient en compte d'un ensemble de paramètres dont les taux bancaires et l'impact potentiel des récentes décisions de la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne.

Les autorités financières du Royaume sont d'ores et déjà parties à la rencontre des investisseurs internationaux pour présenter sa future émission obligataire. Celle-ci devrait être confiée à des géants de la finance internationale tels que JP Morgan, BNP Paribas, Citigroup et Deutsche Bank. Reste à savoir dans quelles conditions se fera cet emprunt, à savoir le taux, la maturité, etc. C'est pour cela que la stabilité de la note souveraine du Royaume est d'autant plus importante qu'elle détermine les conditions de financement sur les marchés financiers. Plus la note souveraine est stable et positive, meilleurs sont les termes de l'emprunt. Raison pour laquelle le Maroc convoite depuis deux ans le fameux "Investment grade" qui offre cette possibilité de se financer à des conditions avantageuses.


Une première depuis 2023

Cette sortie à l'international est une première depuis deux ans. La dernière en date remonte à 2023, ce fut un succès selon le gouvernement. Le Maroc avait réussi à lever 2,5 milliards de dollars auprès des marchés internationaux, soit 15% de plus que la sortie précédente, ce qui a été perçu comme une marque de confiance des investisseurs internationaux.

Depuis lors, le gouvernement ne s'est pas trop empressé de se précipiter vers les marchés étrangers, en se contentant du marché local où la demande sur les obligations d'Etat reste forte. "La sortie à l'international n'est pas indispensable, ce n'est qu'un instrument parmi d'autres qu'on utilise pour répondre à un besoin de financement spécifique et dans les limites prévues par la loi des finances ", confie un haut cadre du ministère des Finances. Si l'Exécutif privilégie le recours au marché international plutôt que le financement local, c'est pour se doter de devises. C'est ce qu'a fait savoir l'argentière du Royaume, Nadia Fettah Alaoui, qui a confié, le 20 février, à Bloomberg avoir besoin de plus d'euros que de dollars. "Aujourd'hui, nous avons 20% de déficit de la balance commerciale, le Maroc se retrouve parfois obligé de chercher des devises aux marchés internationaux sans toucher aux réserves", explique Youssef Guerraoui Filali, Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management, rappelant que cela doit être fait de façon rationnelle dans l'unique but de financer des investissements stratégiques en devises ou pour l'achat de matières premières stratégiques. Il faut rester prudent car il faut veiller à maîtriser l'endettement global, poursuit M. Filali, précisant que le Maroc reste assez vigilant sur la dette extérieure. Celle-ci reste jusqu'à présent sous contrôle même si elle a relativement augmenté durant ces dernières années. Nous sommes actuellement à 17,4% du PIB, selon les chiffres de Moody's.


La dette sous contrôle ?

Selon M. Filali, il faut plus de précaution sur la dette publique. Celle-ci devrait baisser dans les prochaines années, à en croire les estimations optimistes du Fonds Monétaire International qui prévoit qu'elle va chuter à 61% du PIB en 2029. Actuellement, on tourne autour de 70%, le gouvernement s'est fixé l'objectif de réduire ce taux à 68%. En réalité, l'essentiel de la dette publique est détenu par des acteurs nationaux (75%). Autre point important : 90% de la dette publique est contracté à des taux fixes avec un coût moyen de 3%. Cela dit, le remboursement de la dette se fait dans des conditions plutôt confortables sans peser trop lourd sur le budget annuel de l'Etat même si la charge reste importante.

Aussi problématique soit-il sur le plan de la souveraineté, le recours à la dette, y compris l'emprunt extérieur, à un rythme régulier, est jugé important pour soutenir l'effort de croissance. La prochaine sortie à l'international est justifiée en partie par le besoin de financer les investissements relatifs à l'organisation de la Coupe du Monde 2030, selon les confidences de Nadia Fettah Alaoui à Bloomberg. "Il est plus préférable de focaliser plus sur les mécanismes nationaux en cherchant de nouvelles niches fiscales", explique Youssef Guerraoui Filali, rappelant que la Coupe du Monde doit en principe promouvoir le décollage économique du Royaume en capitalisant sur les grands projets d'infrastructures.

Trois questions à Youssef Guerraoui Filali : "Aujourd'hui, nous ne sommes pas endettés vis-à-vis de l'extérieur"
* Pensez-vous que l'organisation de la Coupe du Monde va nous condamner à laisser filer la dette ?

- Actuellement, le Maroc n'est pas surendetté vis-à-vis de l'extérieur qui ne dépasse pas 17% du Produit Intérieur Brut. C'est une bonne chose. Le Maroc a préservé jusqu'à présent sa souveraineté financière au sens où il ne dépend pas significativement de l'emprunt extérieur. Nous ne sommes pas à 30 ou à 40%, comme c'est le cas pour d'autres pays.

L'endettement global du Maroc est aux alentours de 85% du PIB. Nous atteignons 90% si on y additionne les crédits garantis par l'Etat des EEP. Par conséquent, l'organisation de la Coupe du Monde doit, de préférence, être financée par des mécanismes de financement nationaux, c'est- à -dire qu'on va aller chercher de nouvelles niches fiscales dont la taxation du Capital et des hauts revenus et les grandes fortunes. Cela est préférable au financement extérieur parce qu' il s'agit de la souveraineté du pays. Il ne faut pas que le Mondial soit un fardeau financier qui puisse laisser filer la dette. Au contraire, il faut en faire un sursaut de croissance vers des taux de 7 et 8% et un tremplin vers les pays émergents tout en étant en capacité de rentabiliser les projets d'infrastructures à travers l'organisation des grandes manifestations sportives. C'est très important. Lorsqu'on parle d'endettement, on pense à un financement massif, donc il est vital d'assurer un retour sur un investissement avec un délai de récupération de capital raisonnable de 5 à 10 ans.

* A quel point l'endettement global commence à devenir problématique ?

- Il est vital que le seuil de la dette globale ne dépasse pas 90% du PIB, y compris la dette des EEP et celle des collectivités territoriales. A ce niveau, la situation reste maîtrisable pourvu qu'on ne dépasse pas ce seuil car une fois qu'on franchit la barre des 100% sans que la croissance ne suive, on commence à se mettre dans une situation critique. Cela signifie qu'on s'endette pour financer des investissements qui ne génèrent pas assez de croissance pour rembourser nos créanciers. En outre, on prévoit que l'endettement du Trésor ne dépasse pas 70%, ce niveau ne pose pas de problèmes jusqu'à présent sur les équilibres macro-économiques.

* Le gouvernement a eu récemment recours aux financements innovants. Est-ce la bonne solution pour financer les investissements ?

- Il faut faire attention aux financements innovants. Il s'agit de vendre le patrimoine de l'Etat, qui perd son actif immobilisé, pour le relouer à travers le règlement des charges locatives assez élevées. La cession des terrains ou des infrastructures rapporte certes énormément d'argent, mais cela se traduit inéluctablement par la hausse des charges d'exploitation via les charges locatives qui pèsent lourd sur le budget de l'Etat à long terme. Donc, il faut en faire usage avec précaution.

Notation financière : En quête de confiance !
Les Etats restent en permanence les yeux fixés sur les rapports des agences de notation pour des raisons évidentes. Les notes dites souveraines reflètent généralement la confiance qu'inspire un Etat financièrement parlant et sa capacité de remboursement. Autrement dit, ça traduit la confiance qu'un pays inspire et le poids de sa signature sur les contrats d'emprunt. Plus la note est dégradée, plus il y a de doutes sur la solvabilité du pays en question. En pareil cas, la dette devient plus coûteuse puisque comme il y a du doute, l'emprunt devient plus risqué et, par conséquent, les taux augmentent pour minimiser le risque. C'est ce que le Maroc tente d'éviter à tout prix en s'efforçant de se montrer comme un bon élève auprès des investisseurs internationaux. Raison pour laquelle la maîtrise du déficit et du reste des indicateurs macro-économiques est érigée en priorité dans un contexte où l'Etat social requiert d'immenses efforts d'investissement. De quoi compliquer l'équation. Le Maroc compte désormais reproduire le succès de 2023 où il est parvenu à se financer auprès des marchés internationaux à des conditions que le gouvernement a jugées favorables. Pour rappel, le Maroc avait emprunté 2,5 milliards dont 1, 25 milliard sur cinq ans et une deuxième tranche similaire sur dix ans. Cette somme correspondait au plafond que le Maroc ne pouvait pas dépasser. Le gouvernement s'était réjoui de la confiance des investisseurs internationaux qui avaient proposé un montant supérieur à celui demandé par le Royaume.


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