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Résultats financiers : Les raisons de la santé insolente de nos banques ! [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 05 - 04 - 2025

En 2024, les banques marocaines ont affiché des performances exceptionnelles, avec plus de 24 milliards de dirhams de résultats pour les dix principaux acteurs. Porté par une forte hausse des résultats des opérations de marché et un coût du risque maîtrisé, le secteur s'impose comme l'un des plus rentables de l'économie nationale.
Des performances qui feraient pâlir d'envie leurs homologues européennes: en 2024, la quasi-totalité des banques marocaines a enregistré des résultats financiers remarquables. Les dix banques universelles de la place ont engrangé un résultat net de plus de 24 milliards de dirhams.

Le produit net bancaire (PNB) agrégé a, quant à lui, franchi en 2024 la barre des 105 milliards de dirhams, en hausse de 11,7% par rapport à 2023. À l'exception de Société Générale Maroc, en pleine restructuration à la suite du changement de son actionnaire principal, toutes les autres banques ont enregistré une progression significative de leur activité.

Chez les "Big Three", les trois plus grandes banques du secteur, la tendance est particulièrement marquée : Attijariwafabank affiche une hausse de 15,2% de son PNB et de 28,9% de son résultat net consolidé, suivie par la Banque Centrale Populaire (+12,3% de PNB, +20,2% de RNC) et Bank of Africa (+10% de PNB, +21% de RNC).

Si ces résultats peuvent s'expliquer en partie par le dynamisme économique constaté durant l'année passée, dont ont également bénéficié d'autres secteurs, les banques nationales, elles, affichent une régularité qui confine à l'exception.

Envolée des portefeuilles obligataires

Comment expliquer la forme éclatante de nos banques ? Si, depuis déjà plusieurs années, ces institutions ont su consolider leurs fondamentaux et optimiser leurs modèles économiques, un contexte particulièrement favorable leur a permis de tirer leur épingle du jeu. "L'élément exceptionnel qui a véritablement dopé les résultats des banques en 2024, ce sont les activités de marché", analyse Abderrazzak Elmaghraoui, Directeur général et Directeur de gestion de Serval Asset Management.

Rappelons que le PNB d'une banque se compose de trois éléments : la marge d'intérêt (écart entre intérêts sur prêts et dépôts), les commissions nettes (frais liés aux services bancaires) et le résultat des opérations de marché (activités sur les marchés financiers). Cette dernière activité a largement surperformé en 2024, comme en témoignent les croissances exceptionnelles des résultats de marché enregistrées par la BCP (+68,5%) et par le groupe AWB (+39,4%).

"L'impact le plus important est venu de l'activité de trading sur le marché obligataire", nous apprend Abderrazzak Elmaghraoui. Le fonctionnement du marché obligataire est simple : lorsque le taux directeur baisse, la valeur du portefeuille obligataire s'accroît mécaniquement, les anciennes obligations offrant un rendement plus élevé que les nouvelles émissions.

En 2022, en réponse à un important choc inflationniste lié à la guerre en Ukraine, Bank Al-Maghrib a relevé à trois reprises son taux directeur, provoquant des pertes significatives sur les portefeuilles obligataires des banques. Cette tendance s'est toutefois inversée en 2024, avec deux baisses successives du taux, puis une nouvelle réduction au premier trimestre 2025, permettant ainsi aux établissements bancaires de dégager des gains notables sur ces mêmes portefeuilles.

Maîtrise du coût du risque

Par ailleurs, "l'activité crédit affiche de bonnes performances, soutenue par une conjoncture très favorable", note notre analyste, ce qui a permis in fine une bonne progression du PNB. En parallèle, les charges d'exploitation ont progressé à un rythme bien inférieur à celui du PNB, "ce qui a permis une nette amélioration du résultat brut d'exploitation des banques, grâce à un véritable effet de levier", poursuit Abderrazzak Elmaghraoui.

Cela se traduit également dans le coefficient d'exploitation, indicateur du rapport entre les charges d'exploitation et le PNB, qui reflète la capacité de la banque à générer des revenus sans alourdir sa structure de coûts. Ainsi, pour AWB, ce coefficient s'est établi à 30,6%, contre 33,2% en 2023 et 36% en 2022, et pour BOA à 46%, contre 52% à fin 2023.

Face à l'augmentation substantielle du résultat brut d'exploitation des banques, les coûts du risque sont restés maîtrisés, voire en baisse pour certaines institutions. C'est le cas notamment de la CDM, dont le coût du risque a reculé de 10,5%. "Cette maîtrise s'explique par la gestion rigoureuse adoptée par les banques, mais aussi par l'amélioration de la conjoncture, avec des secteurs comme le BTP ou le tourisme qui connaissent une bonne dynamique", détaille Abderrazzak Elmaghraoui.

Concurrence monopolistique

La forte progression du résultat brut d'exploitation, combinée à une bonne maîtrise du coût du risque, a permis aux banques de dégager des résultats d'exploitation, puis des résultats nets particulièrement élevés, faisant d'elles des entreprises parmi les plus rentables de l'économie, en comparaison avec d'autres secteurs d'activité.

Au-delà de cette situation économique propice, dont les banques universelles de la place ont su pleinement tirer parti, leur rentabilité s'explique également par la position privilégiée qu'elles occupent au sein de l'économie marocaine, une position qui leur permet de maximiser leurs profits. De l'avis même de la Banque Centrale (Analyse de la concurrence bancaire au Maroc : Approche de Panzar et Rosse), le secteur bancaire national évolue dans une structure de concurrence monopolistique, caractérisée par un "degré de concentration modérément élevé".

Le faible niveau de concurrence ne permet pas de faire baisser les marges ni d'améliorer les conditions pour les clients, que ce soit au niveau des taux, des frais ou des services. En revanche, il permet aux banques de conserver une rentabilité élevée grâce à leur position bien établie sur le marché.

"Cette concentration explique en partie pourquoi le secteur bancaire est fortement mis à contribution par l'Etat", fait remarquer Abderrazzak Elmaghraoui. Les établissements de crédit et organismes assimilés comptent parmi les structures les plus lourdement imposées du pays. Le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) auquel ils sont soumis ne cesse d'augmenter, passant de 37% en 2022 à 38,5% en 2024, avec une trajectoire haussière qui devrait atteindre 40% en 2026.

Soufiane CHAHID
3 questions à Abderrazzak Elmaghraoui : "Les plus-values enregistrées sur les portefeuilles obligataires en 2024 ne devraient pas se reproduire cette année"
* Quel est le paramètre qui a influé le plus sur le résultat des banques en 2024 ?

On s'attendait à ces résultats annuels, puisque l'on avait constaté tout au long de l'année 2024 une tendance qui se dessinait à travers la publication des résultats et des indicateurs trimestriels. Nous sommes donc dans une forme de continuité. Cela dit, quelques éléments peuvent être qualifiés d'exceptionnels, dans un contexte particulièrement favorable. L'activité de trading sur la partie obligataire a eu un impact particulièrement important. En 2022, l'année a été difficile, notamment à cause de la guerre en Ukraine, de l'inflation qui s'en est suivie, et surtout de la hausse des taux d'intérêt, qui n'était pas anticipée. Cela a entraîné une baisse significative des résultats sur les portefeuilles obligataires des banques. Donc, la base de comparaison était déjà favorable. En 2023, on a observé une amélioration. Et en 2024, la tendance s'est poursuivie, voire s'est accentuée, avec la baisse des taux directeurs. Beaucoup d'investisseurs ont acheté des obligations, et à chaque nouvelle baisse de taux, cela a généré des plus-values importantes. Ces plus-values significatives enregistrées sur les portefeuilles obligataires ne devraient probablement pas se reproduire cette année, même si la dernière baisse du taux directeur a permis de redresser quelque peu les résultats du premier trimestre.

* Et par rapport aux autres activités ?
La partie crédit affiche de bonnes performances, soutenue par une conjoncture très favorable. La forte progression du PNB, provenant essentiellement des revenus liés aux actifs de marché, s'est accompagnée d'une bonne maîtrise des charges d'exploitation, qui ont progressé beaucoup moins rapidement. Résultat : le résultat brut d'exploitation s'est nettement amélioré, grâce à un véritable effet de levier. Le coefficient d'exploitation a baissé pour les banques d'une manière très importante, car le PNB a augmenté à un rythme beaucoup plus important que les charges d'exploitation. Cela se reflète dans la profitabilité, malgré le fait que le coût du risque, à quelques exceptions, a augmenté. Cela n'a pas empêché les résultats d'être aussi bons. L'amélioration de la conjoncture a aussi joué un rôle positif. Avec la bonne dynamique dans des secteurs comme le tourisme ou d'autres pans de l'économie, on peut s'attendre à une baisse du coût du risque en 2025. Ce recul du coût du risque pourrait alors prendre le relais des revenus de marché cette année, si ces derniers venaient à ralentir.

* La rentabilité du secteur bancaire peut-elle aussi s'expliquer par sa relative concentration ?

C'est un secteur solide, marqué par un niveau de concentration relativement élevé, comme le confirment les études régulières de Bank Al-Maghrib. Ce n'est toutefois pas une exception : d'autres secteurs présentent une configuration similaire, comme l'assurance ou le ciment. Cette concentration explique en partie pourquoi le secteur bancaire est fortement mis à contribution par l'Etat, avec un objectif d'imposition à hauteur de 40% au titre de l'IS. Malgré cela, le secteur bancaire marocain demeure résilient et affiche une progression constante.

Recueillis par
Soufiane CHAHID
Financement des TPME : L'angle mort de nos banques
Si les banques marocaines font preuve d'efficacité dans les activités de marché et le financement des grandes entreprises, elles demeurent bien plus réticentes à soutenir les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Ces dernières, souvent peu structurées, dépourvues de garanties solides et de débouchés assurés, sont perçues comme trop risquées par un système bancaire focalisé avant tout sur la maîtrise du coût du risque, comme l'ont illustré les résultats de l'année 2024.
Priver les TPME de financement revient à les étouffer et à empêcher toute émergence d'un tissu entrepreneurial solide. Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait, lors du discours du 11 octobre 2019 à l'occasion de la rentrée parlementaire, tiré la sonnette d'alarme sur cette situation et appelé les banques à se remobiliser en ce sens. Depuis, des programmes de soutien aux porteurs de projets, tels qu'Intelaka, ainsi que des financements garantis par le fonds Tamwilcom, ont été mis en place.
Pour appuyer ces initiatives, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, vient d'annoncer un nouveau mécanisme de soutien au financement des TPME, reposant sur un refinancement des banques à un taux préférentiel équivalent au taux directeur diminué de 25 points de base.
Banques françaises : La reconquête nationale
Ces dernières années, les banques marocaines sous contrôle de groupes français sont progressivement revenues dans le giron du capital national. Ce mouvement a été amorcé en décembre 2022 par le groupe Holmarcom, conglomérat marocain contrôlant notamment l'assureur Atlanta Sanad, lorsqu'il a acquis 63,7% du capital de Crédit du Maroc (CDM), jusque-là propriété du Crédit Agricole France.

En juin 2024, Holmarcom a finalisé l'opération en rachetant les 15% restants, portant ainsi sa participation à 78,7% du capital du CDM. Entre-temps, une autre banque est passée sous pavillon marocain : en avril 2024, le groupe français Société Générale a annoncé la vente de 57,67% de sa filiale marocaine (SGMB), ainsi que de La Marocaine Vie, au groupe Saham, pour un montant de 745 millions d'euros.

Ce retrait des banques françaises s'inscrit dans une dynamique plus large de désengagement du continent africain, motivée par des choix stratégiques de recentrage, des contraintes réglementaires européennes de plus en plus strictes, ainsi que par les difficultés à s'adapter aux réalités locales des marchés.

Ces départs s'expliquent aussi par l'incapacité à faire de la banque de détail un levier de croissance dans un environnement exposé à divers risques : crédit, change, gouvernance, mais aussi à une certaine inadéquation avec les pratiques locales en matière d'octroi de crédit. Dernier bastion français encore en place : la BMCI, filiale de BNP Paribas, dont l'avenir reste entouré de nombreuses spéculations.


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