L'Accord quadripartite entre les parquets spécialisés en terrorisme au Maroc, en France, en Espagne et en Belgique constitue une expérience pionnière et un mécanisme de la coopération judiciaire internationale en matière de lutte antiterroriste, a affirmé, mercredi à Rabat, le Procureur général du Roi près la Cour d'appel de Rabat, Abdelaziz Raji. Intervenant lors de la séance d'ouverture de la réunion des Chefs des parquets parties à l'Accord quadripartite antiterroriste, M. Raji s'est félicité du niveau de coopération judiciaire entre les pays signataires, en soulignant « la détermination de continuer à hisser les performances » afin de contribuer à l'effort collectif visant à prévenir et à lutter contre le terrorisme, dans le respect des libertés fondamentales, des droits de la défense et des exigences de la légalité des procédures. Dans ce cadre, le Procureur général a insisté sur la nécessité d'adopter une approche holistique en matière de lutte antiterroriste qui ne se limite pas aux mesures répressives, mais qui favorise aussi la mise en place de programmes capables de déconstruire le discours de l'extrémisme violent. Il a en outre relevé que la stabilité sécuritaire est désormais une responsabilité partagée, en expliquant que les défis de l'heure appellent une approche globale qui tienne compte de l'aspect sécuritaire et qui appréhende les causes réelles à l'origine de ce phénomène, grâce à une analyse approfondie et la mise en place de mécanismes de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent. M. Raji a, de même, indiqué que cette réunion fait partie d'une série de rencontres organisées dans le cadre des efforts de lutte contre le terrorisme, afin d'accompagner les évolutions, de partager les points de vue et de faire le point sur les derniers développements en vue de proposer les moyens à même de renforcer et d'élargir la coopération et d'en développer les mécanismes. L'objectif est de mettre au point une stratégie appropriée, efficace et efficiente en matière de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, a-t-il précisé. Pour sa part, la Procureure fédérale belge, Ann Fransen, a mis l'accent sur la nécessité de s'engager à développer des méthodes de coopération plus efficaces entre les autorités judiciaires, les services de police et les services de renseignement, grâce à un échange permanent d'informations et l'organisation de réunions régulières et constructives entre les autorités judiciaires. Il ne faut pas compter uniquement sur l'efficacité du cadre juridique ou encore les capacités techniques, mais aussi sur « la confiance mutuelle, le dialogue permanent et la conviction profonde que la sécurité est partagée et interdépendante », a-t-elle estimé. Elle a également expliqué que l'évolution des méthodes utilisées par les groupes terroristes et leur recours aux technologies modernes rendent indispensables le renforcement de la coopération et de la solidarité internationales pour relever ces défis. De son côté, Olivier Christen, Procureur antiterroriste auprès du Parquet national antiterroriste (PNAT) français, a qualifié « d'exceptionnelle » la coopération internationale entre ces parties en matière de lutte contre le terrorisme, tant au sein de l'Union européenne, entre la France, la Belgique et l'Espagne, que dans le cadre de la coopération bilatérale entre ces pays et le Maroc. Évoquant le contexte international à la lumière des menaces terroristes actuelles, M. Christen a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération et le dialogue, en particulier à travers la réunion des procureurs généraux des parties signataires de l'Accord quadripartite. Le Procureur général du parquet de l'Audience nationale espagnole, Jesús Alonso Cristóbal, a, quant à lui, souligné que le Maroc, la France, la Belgique et l'Espagne "ont réalisé depuis longtemps que le repli sur soi en matière de lutte antiterroriste n'est pas la solution » d'où l'importance de raffermir la coopération multilatérale dans ce domaine. Il a également mis en avant l'importance pour les États d'être en mesure d'utiliser les outils disponibles afin de lutter contre ce phénomène mondial, tout en exprimant sa « gratitude au Maroc pour sa solidarité constante et ses efforts en la matière ». Cette réunion s'inscrit dans le cadre du renforcement des mécanismes de coopération judiciaire et sécuritaire en matière de lutte contre le terrorisme. Elle vise à évaluer le bilan de la coopération judiciaire entre les parties signataires de l'Accord et à explorer les perspectives de développer ce partenariat pour relever les défis croissants liés à la menace terroriste. Il s'agit aussi d'échanger les meilleures pratiques et expériences en matière de prévention et de lutte contre ce fléau. La séance d'ouverture de ce conclave a été marquée par la présence de plusieurs personnalités, notamment le Préfet de police de Rabat-Salé-Témara-Khémisset, Moustapha Moufid et le Directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), Cherkaoui Habboub. Le programme de cet événement de deux jours prévoit des séances consacrées à des présentations techniques et à des discussions sur le suivi des affaires de terrorisme portées devant la justice et les moyens d'accélérer les commissions rogatoires, ainsi que le renforcement des mécanismes d'échange d'informations et l'examen des moyens de développer des programmes de réinsertion et d'autres liés à la prévention de l'extrémisme.