Alors qu'elle célèbre cette année son 30e anniversaire, l'Université Al Akhawayn s'apprête à lancer son plan stratégique 2025-2030. Face aux mutations du marché de l'emploi et aux attentes des nouvelles générations, l'établissement entend renforcer son positionnement en tant qu'université inclusive, innovante et tournée vers l'avenir. Détails. Face aux défis croissants du monde académique et à la nécessité d'aligner les formations universitaires avec les exigences du marché de l'emploi, l'Université Al Akhawayn (AUI) prépare activement son plan stratégique 2025-2030, actuellement en phase de finalisation. À l'occasion d'un point de presse tenu le mercredi 11 juin au siège de l'Administration centrale de Bank Al-Maghrib, le président de l'université, Amine Bensaid, en poste depuis 2019, et le chancelier d'AUI Abdellatif Jouahri ont présenté les principaux axes de cette nouvelle stratégie. « Nous faisons face à des mutations profondes qui appellent à plus d'agilité, de résilience et de capacité d'anticipation. Aujourd'hui, nous sommes prêts à établir un nouveau contrat avec le gouvernement, fondé sur une double ambition : former des ressources humaines en phase avec les nouveaux paradigmes mondiaux, et créer les conditions pour les retenir dans le pays, afin qu'elles contribuent activement au développement national », a déclaré le président de l'AUI, Amine Bensaid. Ce projet quinquennal repose sur quatre axes stratégiques majeurs. Le premier porte sur le renforcement de l'employabilité. Fidèle à son identité fondée sur le modèle des liberal arts, l'université continue de privilégier le développement des capacités intellectuelles et critiques, plutôt qu'une formation strictement professionnelle ou technique. Ce socle est désormais complété par une orientation affirmée vers la réussite de carrière, à travers un accompagnement qui combine apprentissages théoriques, expériences pratiques et développement personnel. Selon le président Amine Bensaid, l'université affiche un taux d'insertion professionnelle de 94,76 %. Parmi les diplômés en poste, 70 % travaillent au Maroc, tandis que 30 % ont trouvé des opportunités à l'étranger. Très peu se retrouvent sans perspectives concrètes à la sortie de l'université. Sur ce point, le chancelier Abdellatif Jouahri a tiré la sonnette d'alarme au sujet de la fuite des talents, pointant du doigt certaines institutions internationales qui viennent dénicher au Maroc en proposant des conditions particulièrement attractives. Cette dynamique, cependant, ne reflète pas toujours une situation professionnelle initialement désavantageuse pour ces profils dans leur pays d'origine. « Rien qu'à Bank Al-Maghrib, 20 ingénieurs ont quitté l'institution l'année dernière pour répondre à ce type d'offres », a-t-il indiqué, ajoutant que la rétention des compétences nationales constitue aujourd'hui l'un des défis les plus complexes à relever. Parmi les aspects auxquels l'Université Al Akhawayn accorde une attention particulière figure la compréhension des attentes de la Génération Z. Des études menées par l'université ont révélé les attentes spécifiques de cette génération, notamment en matière de bien-être psychologique, d'accompagnement individualisé et d'un environnement d'apprentissage plus attentif. Le président Amine Bensaid a souligné que "la Gen Z subit de nos jours un rythme plus rapide dans un monde de résultats instantanés – pensez aux likes, aux chats... ce qui a augmenté les symptômes de santé mentale en détérioration." En réponse, l'AUI renforce ses dispositifs de soutien, améliore ses services et adapte ses méthodes pédagogiques pour répondre à ces préoccupations.
L'université réaffirme par ailleurs son engagement pour l'inclusion sociale et l'égalité des chances. Actuellement, 55 % des étudiants bénéficient d'une bourse, et 48 % sont issus de familles n'ayant pas d'antécédent universitaire. « Bien que nous n'ayons jamais sollicité de soutien direct de l'Etat pour notre fonctionnement général, nous avons mis en lumière un paradoxe : des structures à but lucratif reçoivent des subventions pour des bourses, tandis que notre établissement, à but non lucratif, pourrait également prétendre à un tel appui » a indiqué le chancelier Abdellatif Jouahri. Cette démarche a abouti à l'octroi d'une subvention de l'Etat, spécifiquement destinée au financement des bourses. Bien que cette avancée soit significative, elle demeure insuffisante pour couvrir l'ensemble des besoins, a précisé Abdellatif Jouahri, soulignant que l'université reste contrainte de mobiliser ses propres ressources pour continuer à soutenir financièrement les 55 % de ses étudiants bénéficiaires. Jouahri a également souligné qu'à la différence d'autres structures à but lucratif, l'université a maintenu une politique tarifaire stable, sans augmenter les frais de scolarité malgré la hausse des charges. Durant la crise de la COVID-19, lorsque certaines familles se sont retrouvées en difficulté, le Conseil d'administration s'est mobilisé pour lever les fonds nécessaires afin de couvrir les frais de scolarité des étudiants concernés. L'objectif reste clair : ne laisser aucun étudiant en dehors du système de formation pour des raisons financières.
Par ailleurs, consciente de l'ampleur des défis liés à la révolution technologique, l'université inscrit la transformation numérique au cœur de sa stratégie. Elle investit de manière significative dans des domaines d'avenir tels que l'intelligence artificielle, la cybersécurité, la fintech ou encore l'innovation digitale, avec pour ambition de former des profils agiles et adaptables, capables de s'épanouir dans un environnement professionnel en perpétuelle mutation. « Nous avons été les premiers à lancer, dès 2020, un Bachelor en Intelligence Artificielle et Robotisation. Cet engagement se reflète aussi dans nos projets de recherche et d'innovation dans ces domaines », s'est félicité Amine Bensaid. Le plan prévoit également le renforcement des passerelles entre formation et monde professionnel à travers l'augmentation des stages, le développement de partenariats internationaux, et la promotion des formules d'alternance. Ces dispositifs visent à faciliter l'insertion des étudiants sur le marché du travail, parfois même avant la fin de leur cursus. Depuis 2017, l'université est accréditée par la New England Commission on Higher Education (NECHE), une distinction unique au Maroc et sur le continent africain. Cette accréditation témoigne de la qualité globale de l'institution, de son encadrement pédagogique à la recherche scientifique, en passant par la vie étudiante et la gouvernance. À travers cette nouvelle stratégie, AUI entend consolider son identité de campus d'excellence, agile, inclusif et résolument tourné vers l'avenir. Elle réaffirme ainsi sa mission de former des citoyens responsables, armés pour relever les grands défis de demain.
Crée par Dahir en 1993, Al Akhawayn célèbre cette année ses 30 ans d'existence, depuis son inauguration officielle par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, le 16 janvier 1995.