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Casablanca sous le déluge
Des infrastructures d'assainissement liquide indignes d'une grande ville
Publié dans L'opinion le 03 - 12 - 2010

Un jour ouvrable où des centaines de milliers de travailleurs ne se sont pas déplacés vers leur travail
Il fallait 48 heures pour que Casablanca, la capitale économique du Royaume, se remette sur pied des conséquences des inondations de la nuit du lundi au mardi 29 et 30 novembre.
En effet, c'est seulement jeudi que la vie normale reprend plus ou moins. Sauf que cette reprise de la vie normale n'est pas pour tout le monde puisque de nombreux abonnés de Lydec restaient jusqu'à jeudi 2 décembre sans courant électrique, notamment au vieux centre de la ville, boulevard Mohammed V et rues limitrophes et au quartier Maârif pour ne citer que ces deux exemples. Sous les immeubles, des milliers de mètres cubes d'eau restaient dans les caves où des tonnes de marchandises stockées pourrissaient dans l'attente de l'évacuation des eaux.
D'après Lydec, 800 postes de distribution ont été rendus défectueux par les inondations dans la nuit du lundi à mardi plongeant une grande partie de la ville dans les ténèbres et ce n'est que le mardi que 475 postes ont été dépannés vers 19h pour certaines zones, 22h pour d'autres. D'après la même source, mercredi 1er décembre à partir 20h, 720 postes distributeurs étaient rétablis. Le 2 décembre à 10h, en dehors de « la zone inondée par l'Oued Bouskoura, 41 postes distribuant principalement les secteurs Anfa et Maârif, étaient hors service », en clair le vieux et le nouveau centre de la ville. Comme cette région restait dans le noir et pour une question de sécurité, « Lydec a mobilisé 32 groupes électrogènes pour permettre l'alimentation de l'éclairage public sur la Wilaya de la Région du Grand Casablanca et en particulier sur le centre ville », apprend-on.
La coupure de courant la plus longue !
La coupure de courant électrique n'est pas un moindre mal, loin s'en faut. Si l'effet des eaux diluviennes a été plus spectaculaire, les dégâts matériels plus lourds et des fois dramatiques, voire des pertes humaines tragiques comme à Mansouria, la coupure d'électricité, la plus longue de mémoire d'abonnés de Lydec, a été d'un impact très négatif sur des centaines de milliers d'abonnés. Cela veut dire que quand on n'a pas été touché par les préjudices des inondations qui ont rendu de nombreuses familles sans abri et causé des dégâts matériels très importants à Casablanca, on l'a été au moins par la longue coupure d'électricité. C'était le cas de nombreux quartiers d'habitation, des commerces, ateliers, usines, fours, boulangeries usant d'énergie électrique et autres économies de services comme les banques qui n'ont pas travaillé, du moins durant la journée du mardi pour un grand nombre d'agences bancaires pour cause de coupure de courant. Le personnel bancaire en poste dans les agences est resté toute la journée du mardi à attendre le rétablissement du courant en vain. On a entendu des abonnés rouspéter contre les installations vétustes ou installées en sous-sol. A partir du mercredi, c'est la course vers l'emploi des groupes électrogènes dont on a vu des banques user pour maintenir une activité plus ou moins normale, faire fonctionner les équipements informatiques et pouvoir effectuer les opérations bancaires quotidiennes.
La journée du mardi était donc sans activité, même pour des banques à cause des « dysfonctionnements sur les transformateurs électriques », pour reprendre l'expression du communiqué de Lydec.
Comme celui de la bougie dans les grands quartiers d'habitations, le marché des groupes électrogènes a connu une réelle animation pour des banques (agences) et autres entreprises contraintes de faire appel à leurs équipements informatiques. Ces mêmes groupes électrogènes avec des pompes ont servi pour faire évacuer les eaux des caves dans de nombreux immeubles privés de courant électrique. Une activité qui s'est poursuivie mercredi et jeudi sans relâche, souvent sans attendre l'aide de Lydec qui tarde à venir parce que trop sollicitée ailleurs avec ses camions insuffisants pour répondre à une demande aussi forte dans maintes parties de la ville. L'apport d'aide de Lydec et de la Protection civile est jugé en dessous des attentes pour beaucoup de personnes dans la détresse. Pour sa part, Lydec dit agir par priorités : « d'abord pour sauver des vies humaines »
Journée chômée
La journée du mardi 30 novembre, jour ouvrable, fut mémorable pour les travailleurs à Casablanca qui n'ont pas pu se déplacer à leur lieu de travail ou s'ils l'ont fait, c'est au prix des pires difficultés. Au tout début de la matinée du mardi 30 novembre, rares étaient ceux qui connaissaient la situation où s'envasait la ville sous le déluge de l'eau depuis la soirée du lundi, plongée dans les ténèbres. Même les transporteurs en commun, y compris les chauffeurs de taxis et les responsables de Mdina Bus, n'avaient aucune visibilité réelle de ce qui se passait sur le terrain. En effet, les responsables de Mdina Bus (qui s'engage vers le monopole du transport de masse en transportant potentiellement plus d'un demi million de voyageurs par jour) ne savaient pas ce qui se passait quand les bus à 6 heures du matin mardi sont sortis des dépôts comme pour une journée très ordinaire.
Un chauffeur de bus raconte :
« Nous avons pris le départ de 6 h 30 du matin du dépôt mais nous nous sommes retrouvés devant des artères bloquées par les torrents d'eaux et il y avait trop de boulevards plongés dans les ténèbres. C'était bizarre, inimaginable. Il nous fallait aller de Aïn Sbaa à Place Se Seraghna boulevard El Fida, trajet de la ligne 18. Nous avons effectué tous les détours imaginables par les rues des quartiers en évitant les grosses mares d'eau où se sont laissés prendre par imprudence d'autres véhicules. C'est seulement une fois arrivés à place Seraghna que les responsables ont donné l'ordre aux chauffeurs de réintégrer les dépôts et il nous a fallu 3 heures et demi pour arriver au dépôt»
Ce retour en masse des bus de Mdina Bus démontrait de manière claire la paralysie complète de la ville, mais aussi le peu d'information de l'entreprise sur le réseau circulatoire qu'elle est censée desservir.
Le transport de Mdina Bus devait reprendre sensiblement mardi après-midi. Les perturbations de la circulation engorgée en plusieurs endroits de la ville se sont poursuivies mercredi 1er décembre à cause de points noirs comme le boulevard Moulay Slimane, à hauteur du port sous voie ferrée, toujours bloqué mardi jusqu'à 17h, sans parler de l'autoroute urbaine. Ceux qui ont pu parvenir à l'autoroute mardi pour voir ce qui se passe ou ceux qui se sont malheureusement laissés prendre dans les mares d'eau d'un mètre et plus avec leurs véhicules bloqués, ont assisté à des scènes spectaculaires des torrents d'eaux venus des hauteurs de Hay Moulay Rachid, Sidi Moumen, Sbata, Sidi Maarouf, des eaux qui n'ont pas trouvé de canalisations souterraines adéquates pour s'évacuer normalement. Les murs de clôture de l'autoroute étaient devenus comme des barrages d'eau. Ces tonnes d'eaux ont pu détruire ces murs de clôture et envahir les habitations situées à proximité.
En dehors de l'autoroute où de nombreux véhicules ont été piégés, les biens des citoyens ont été exposés à l'avarie à cause des inondations, ce qui a été le cas de l'habitat insalubre dont de nombreux douars, bidonvilles, habitats anarchiques pris sous les eaux un peu partout dans la banlieue de la ville, et leurs habitants devenus sans abri, passant la nuit à la belle étoile. De Lissassfa Route d'El Jadida à Mohammedia, la même situation se présente.
Mais non seulement l'habitat anarchique mais aussi des villas ont connu le même sort comme à Hay Laymoun à Hay Hassani, de même que des petits immeubles comme à Hay Mabrouka, des caves d'immeubles comme tout le vieux centre de la ville, de même que des quartiers comme Bourgogne et Beauséjour entre autres où de nombreuses sociétés furent noyées par les eaux, sans oublier, bien sûr, la zone industrielle de Bernoussi. Le plus spectaculaire était du côté de certaines voiries comme les trémies sous les voies ferrées, la voie souterraine de la Grande Mosquée Hassan II, le boulevard Zerktouni…
Précipitations et responsabilité
A propos de ces inondations de la ville de Casablanca, comme on a pu le constater durant la journée de mardi à travers les propos tenus par des citoyens et responsables, deux points de vues s'opposent. Si pour Lydec et des responsables au Conseil de la ville, les précipitations de lundi-mardi sont « exceptionnelles » avec près de 200 millimètres en 24 heures représentant 10 fois plus la capacité du réseau d'assainissement de la ville et 50% des précipitations annuelles selon Lydec, « deux fois plus importantes que celles constatées lors de la crise majeure vécue par Casablanca en 1996 », beaucoup d'habitants de quartiers par contre expriment leur mécontentement contre les responsables chargés de l'assainissement liquide, donc Lydec. Car « chaque année c'est la mêmes chose ». C'est ce qu'ont pu répéter des habitants de nombreux quartiers dont les maisons sont inondées à chaque saison des pluies quelle que soit l'importance de ces précipitations. Ces habitants contribuables ne s'expliquent pas le fait qu'ils soient des abonnés, sommés de payer des factures salées en fin de mois dans un délai court sous peine de pénalité, tout en ne bénéficiant pas d'un service public en contrepartie les prémunissant contre les inondations dont ils paient les frais en dégâts matériels comme un impôt supplémentaire. Jusqu'à quand ? Plusieurs cas sont notés dont celui des habitants de Hay Mabrouka où l'eau est montée de plusieurs mètres. Pour ce cas précis, Lydec avait réalisé un canal pour l'évacuation des eaux pluviales avec un investissement de 10 millions de Dh, mais cet ouvrage n'a pas résolu le problème resté entier. On pense du côté de Lydec qu'il faut un autre ouvrage plus important pour l'évacuation des eaux directement vers la mer et qui demanderait un budget dix fois plus important, soit 100 millions de DH.
Il en est de même pour de nombreux quartiers à Hay Hassani, dont les douars de Lissassfa 1, hay Wifak, Hay Laymoun qui seraient placés sur la voie du fameux oued Boussekkoura. Dans ces quartiers, tous les points en basse altitude sont inondés sans possibilité que les eaux trouvent une voie d'écoulement ailleurs. Comme pour Mabrouka, à Hay Hassani, on pense que la solution radicale est la construction d'un super collecteur d'eaux usées, un projet pour l'instant en stand by pour une question de budget. Pourtant, la plus grande catastrophe crainte par Casablanca serait une vraie crue de l'Oued Boussekkoura. Selon les données de Lydec, pour les inondations de lundi-mardi, ce serait un peu lui car il aurait « débordé sur la route d'El Jadida au niveau du Parc de l'Office des Changes pour inonder les secteurs Route d'El Jadida, Office des Changes, OCP, Aéroport d'Anfa ».
Pour les habitants d'autres quartiers nouveaux, les témoignages montrent que les conceptions des voieries et des canalisations pour l'évacuation des eaux ont été mal faites. De sorte qu'au lieu d'aller vers les canalisations, les eaux se jettent directement dans les sous-sols des habitations. Ce sont de nouveaux quartiers, comme à titre d'exemple Hay Chrifa à Aïn Chok.
Le problème qui se pose est donc celui d'infrastructures insuffisantes pour des débits d'eaux de pluie, inadéquates et vétustes.
Parallèlement, nombreux sont ceux qui relèvent aussi un aspect qui est en rapport avec le curage des égouts qui sont bouchés par les déchets solides qui jonchent les trottoirs trop sales, soit du fait du travail bâclé des sociétés concessionnaires de la collecte des déchets, soit tout simplement un problème de civisme : trop de déchets jetés par les promeneurs, passants, habitants riverains, marchands ambulants…
Il reste que l'implication de Lydec en situation de monopole pour la distribution d'eau et d'électricité pour la ville de Casablanca revient à remplir une charge principale : donner à la ville dans une vision prospective des infrastructures d'assainissement liquide qui la prémunissent contre des inondations qui causent des dégâts aussi catastrophiques que ceux qu'on a vécus mardi 30 novembre. Quelle que soit le débit des eaux, celles-ci doivent trouver des canalisations ouvertes pour un minimum d'écoulement. C'est la charge et le devoir de Lydec d'arriver à ces résultats.
D'autre part, les infrastructures non seulement ont une capacité trop faible, mais sont aussi vétustes, ce qui explique les fuites d'eaux usées souterraines qui causent à terme l'effondrement des chaussées sous le poids des véhicules et donc des accidents graves en perspective.
Le renouvellement des réseaux de canalisation est de nature à protéger en jouant un rôle préventif essentiel. C'est l'affaire du Conseil de la ville de surveiller le suivi des chantiers pour l'application, dans les normes, du cahier de charges.


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