La ville clé d'Ajdabiya se préparait lundi à subir un éventuel assaut des forces de Mouammar Kadhafi qui avancent sur la «capitale» des rebelles Benghazi, les Occidentaux se concertant toujours pour trouver une issue, au 28e jour d'une insurrection sanglante en Libye. Quatre obus sont tombés dans la matinée à la sortie ouest d'Ajdabiya, véritable carrefour routier entre plusieurs villes de l'Est, tandis de nombreux civils fuyaient la ville. Benghazi, fief de l'insurrection situé à 160 km au nord d'Ajdabiya, pourrait vite se retrouver menacée, les forces gouvernementales ayant repris l'une après l'autre plusieurs villes aux rebelles, notamment Brega dimanche, à coups d'artillerie lourde et de raids aériens. La Libye, où les combats prennent l'allure de guerre civile, sera au coeur de concertations lundi entre Occidentaux et Russes lors d'une réunion des chefs de la diplomatie du G8, pressés d'empêcher le colonel Kadhafi d'utiliser son aviation à travers l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui entame une tournée en Europe, en Tunisie et en Egypte, prévoit d'avoir un contact à Paris avec l'un de ses représentants, Mahmoud Jibril, chargé des affaires internationales par le Conseil national de transition (CNT), qui représente l'opposition. Mais le temps semble jouer en la défaveur des rebelles, l'armée libyenne annonçant dimanche qu'elle était en marche «pour purger» l'ensemble du pays. La ligne de front se déplace davantage vers l'Est, signe de la détermination du colonel Kadhafi à venir à bout de l'insurrection malgré les protestations et sanctions internationales. «Il n'y a plus de ligne de front», affirme Fathalla, la vingtaine. Sur la route entre Ajdabiya et Benghazi, de nombreux civils fuyaient la ville à bord de camionnettes chargées de valises, de sacs et de matelas, alors qu'une tempête de sable soufflait sur la région. Ajdabiya, où les rebelles s'étaient repliés à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes, est «une ville vitale» et sera défendue, a assuré dimanche le commandant des insurgés, le général Abdel Fattah Younis. A Benghazi, deuxième ville du pays à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, l'euphorie des premières semaines de la révolte a fait place à l'inquiétude. Londres voudrait armer les insurgés Les puissances internationales devraient envisager d'armer les rebelles libyens et d'agir vite pour empêcher les forces loyales à Mouammar Kadhafi d'écraser l'insurrection, a estimé lundi le secrétaire au Foreign Office, William Hague. Le maintien au pouvoir de Kadhafi serait un «long cauchemar» pour le peuple libyen, a déclaré le chef de la diplomatie britannique, ajoutant qu'une décision était sur le point d'être prise pour une intervention internationale significative. «Si Kadhafi parvenait à dominer la majeure partie du pays, ce serait un long cauchemar pour le peuple libyen et (la Libye) serait un Etat paria pendant une longue période», a déclaré William Hague sur les ondes de la BBC. Malcolm Rifkind, un ancien secrétaire aux Affaires étrangères et à la Défense du parti conservateur, estime dans une tribune publiée lundi dans The Times qu'il est temps pour les pays occidentaux d'armer la rébellion. Si Hague a déclaré que l'embargo décrété sur les armes vers la Libye constituait un handicap pour armer les insurgés, il a ajouté que Rifkind soulevait un point intéressant. «C'est le genre de sujet qui doit être abordé avec nos partenaires internationaux et ces discussions sont en cours», a-t-il dit.