Des opposants bahreïnis sont parvenus à bloquer dimanche l'accès au Financial Harbour, un quartier d'affaires de Manama, malgré l'intervention des forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. Les affrontements ont été d'une violence sans précédent depuis le 17 février, date à laquelle sept personnes ont été tuées par l'armée. Le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa a appelé, dimanche, à l'ouverture rapide du dialogue avec l'opposition, a annoncé l'agence officielle bahreïnie «Bna». Il a émis le souhait de voir toutes les parties s'asseoir rapidement autour de la table du dialogue national pour parvenir à un consensus sur les moyens de sortir le royaume de sa crise, a ajouté l'agence. Un dialogue national à même de préserver les acquis politiques, économiques et sociaux du peuple de Bahreïn et d'ouvrir la voie à plus de réformes politiques et plus de développement, a-t-il ajouté lors d'une audience accordée au ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Auda. Référendum pour le renforcement du parlement ? Le roi a chargé le prince héritier, Salman Ben Hamad Al-Khalifa, d'entamer le dialogue avec l'opposition. Ce dernier a lancé dimanche un nouvel appel au dialogue et s'est dit ouvert à la tenue d'un référendum sur un sujet comme le renforcement des pouvoirs du Parlement. «Nous avons travaillé activement pour établir des contacts et écouter les aspirations de toutes les parties (...), ce qui montre notre volonté de poursuivre un dialogue national exhaustif et complet», a déclaré le prince Cheikh Salmane al Khalifa à la télévision publique. Cette annonce survient après le blocage dimanche par des opposants de l'accès au Financial Harbour, un quartier d'affaires de Manama, malgré l'intervention des forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Les affrontements ont été d'une violence sans précédent depuis le 17 février, date à laquelle sept personnes ont été tuées par l'armée. De jeunes manifestants ont dressé des barricades en travers de l'avenue qui conduit au quartier d'affaires après avoir débordé la police anti-émeutes qui tentait de les contenir aux abords de la place de la Perle, épicentre de la contestation. Ibrahim Mattar, du parti d'oppositon chiite Wefak, a annoncé que deux manifestants avaient été grièvement blessés à la tête et que des dizaines avaient été intoxiqués à cause des gaz lacrymogènes. Des manifestants ont montré à des journalistes de Reuters des balles en caoutchouc tirées, selon eux, par la police. Le CCG à la rescousse de Manama Le royaume de Bahreïn a demandé une aide à ses pays arabes voisins pour faire face aux importantes manifestations en cours, et un conseiller de la monarchie a déclaré que des forces de pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) se trouvaient d'ores et déjà dans le petit pays insulaire. Bahreïn, dirigé par une famille régnante sunnite, les al Khalifa, est en proie depuis plusieurs semaines à d'importantes manifestations, menées pour l'essentiel par la majorité chiite de la population. «Des forces du CCG sont arrivées à Bahreïn pour maintenir l'ordre et la sécurité», a déclaré dimanche soir Nabil al Hamer, ancien ministre bahreïni de l'Information et conseiller auprès de la cour. Le journal Gulf Daily News, proche du puissant Premier ministre du royaume, écrit lundi que les forces du CCG, bloc régional de six pays, protégeront les installations stratégiques. «Les forces du CCG arriveront aujourd'hui à Bahreïn pour maintenir la loi et l'ordre», écrit-il. «Leur mission se limitera à la protection des infrastructures essentielles, comme les installations pétrolières, électriques et d'eau, ainsi que les institutions financières et bancaires», ajoute le quotidien.