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Le Mouvement du 20 février ou le cheval de Troie
Les Marocains, exaspérés, veulent retrouver la sérénité
Publié dans L'opinion le 08 - 06 - 2011

Il est largement temps pour les jeunes du 20 février de se rendre à une évidence. Leur mouvement, au départ favorablement accueilli pour la justesse et la légitimité d'une grande partie de ses revendications, exaspère désormais les citoyens qui ne cachent plus leur ras-le-bol et craignent qu'il ne mène à la déstabilisation du pays et à l'anarchie à tous les niveaux. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, il a dévié de sa trajectoire du fait de sa récupération par des radicaux de tous poils dont les agendas, bien qu'ils soient différents, visent le chaos général comme plat d'entrée.
Quand, au début, les jeunes du mouvement ont décliné leurs revendications, d'aucuns y ont vu un apport précieux susceptible de booster le processus de réformes dans le pays. Et ça n'a pas raté puisque la plus haute autorité du Royaume, à l'écoute, a réagi vite et dans le bon sens annonçant une réforme profonde de la Constitution à même de consacrer la démocratie et l'Etat de droit et de satisfaire, par la force de la loi et par une codification rigoureuse, les revendications exprimées. Malgré l'engagement solennel du Souverain et malgré le planning tracé et l'accueil favorable des forces vives et des citoyens en général, le mouvement a opté pour la sourde-oreille et les procès d'intention.
Dindons de la farce
Il ne faut pas être sorcier pour saisir à quel point les jeunes du 20 février sont les victimes et les dindons de la farce de l'activisme en cours. Très vite, leur mouvement a été transformé en cheval de Troie à l'intérieur duquel se cachent des formations politiques d'extrême gauche en mal de popularité et des organisations islamistes radicales aux plans machiavéliques. L'environnement arabe aidant, tous y ont vu l'opportunité à saisir pour mettre en oeuvre leurs visées, chacun se fendant de sa propre idéologie.
Les jeunes du mouvement, sincères dans leur majorité, volontaristes et novices en politique (les organisations en charge de l'encadrement de la jeunesse ont une part de responsabilité) se sont retrouvés otages d'idéologies et de considérations qui peuvent paraître, à première vue, séduisantes. Leur endoctrinement n'a pas, pour ainsi dire, été trop difficile. Le terrain était quelque part balisé du fait de la situation sociale pénible de certains d'entre eux, mais aussi d'un certain matraquage médiatique populiste à volonté, étalé sur plusieurs années et fondé sur le nihilisme à tout bout de champ et sur l'attaque systématique des politiques publiques aussi judicieuses soient-elles. Les fléaux de la prévarication et de la corruption, ces maux bien réels mais néanmoins objets de programmes de lutte, ont complété le tableau.
Les mentors des jeunes du 20 février, exploitant ce terrain favorable, n'ont eu aucun mal à ébranler le peu de confiance que ces derniers avaient encore en leur pays et ses institutions, et à leur inoculer le virus du «Niet, quoi qu'il en soit». L'Etat étant en permanence diabolisé, tout ce qui émane de lui est rejeté de facto. La suspicion s'installe et grandit, le doute devient une ligne de conduite, l'intox s'érige en information «sûre» et la paranoïa prend le dessus à tel point qu'on a commencé à voir des complots et des coups tordus partout. Qu'il pleuve ou qu'il vente, c'est toujours la faute à l'Etat. Qu'un malheur advienne, c'est provoqué et prémédité par l'Etat. Que de bonnes choses se font ou se produisent, silence radio. On l'a vu, à titre d'exemple, après la victoire footballistique du Maroc sur l'Algérie 4-0: pas une seule formule de félicitations et pas un seul signe de joie de la part du mouvement à partager avec les masses populaires se comptant par centaines de milliers, voire par millions, qui ont investi les rues spontanément pour festoyer sans avoir à se passer le mot à travers Facebook. C'est à croire que cette victoire était un malheur et non un exploit sportif source de fierté patriotique !
Pensée unique
Pire, les choses sont autrement plus dangereuses lorsque la culture du totalitarisme de la pensée unique devient dominante alors qu'on déclare militer pour la démocratie qui suppose l'écoute, le dialogue et l'échange d'idées dans le respect mutuel. C'est une déviation antidémocratique grave que les jeunes du 20 février subissent aujourd'hui à leur insu. Tout avis contraire est systématiquement rejeté et son auteur est flanqué d'étiquettes de différentes natures: soit il est «makhzanisé», soit manipulé par les «moukhabarate», soit c'est un «Baltaji», ce terme importé d'Egypte et aujourd'hui passe-partout pour terroriser son contradicteur.
Dans la droite ligne des mentalités dictatoriales, seuls les formateurs de l'ombre de ces jeunes se voudraient détenteurs de la vérité. Sinon comment expliquer qu'après le discours du 9 mars, on maintient le mot d'ordre de manifester et d'occuper la voie publique comme si ce discours n'avait jamais existé et que les changements profonds annoncés n'auraient jamais lieu ? Pourquoi chuchoter à l'oreille de ces jeunes qu'il faut continuer à manifester sous prétexte de «maintenir la pression», accoradant ainsi peu de crédit au processus tout entier ? Pourquoi chercher à radicaliser ces jeunes et les dresser contre les institutions de leur pays si ce n'est pour les utiliser comme bouc-émissaires en vue de servir des objectifs non déclarés ? Pourquoi les pousser au boycott sur la base de préjugés et ne pas les inciter, au contraire, à s'impliquer et à contribuer au processus enclenché ?
Nous avons vu les résultats du bras de fer planifié et dangereusement évolutif en cours: des manifs et des sit-in à tort et à travers, sources parfois d'affrontements inutiles, regrettables et nuisibles à l'image du pays. Des occupations de terrain qui handicapent la bonne marche des affaires et hypothèquent les intérêts des citoyens, sans parler de leurs conséquences sur l'économie, les investissements et l'emploi.
Est-ce en cherchant à effacer complètement le tableau et à anéantir le capital cumulé en matière d'expérience démocratique, de réalisations économiques et sociales, de droits de l'Homme, d'ouverture et de tolérance qu'on veut faire avancer le pays ? Ou bien, au contraire, c'est en valorisant ce capital, unique dans notre environnement régional et continental, par des réformes sereines et conséquentes qu'on peut gagner le pari de l'évolution escomptée à moindres frais ? La réponse de la raison est évidente et ce ne sont pas les expériences en cours dans le monde arabe qui nous démentiront. Les cas de la Libye, du Yémen et de la Syrie sont tout simplement dramatiques. Quant à la Tunisie et à l'Egypte, ce n'est pas demain la veille et seul Dieu connaît la finalité.
La sérénité pour capitaliser
Nous avons la chance au Maroc de posséder une expérience pluraliste et démocratique avancée par rapport à ces pays dont les peuples étaient pratiquement privés du goût des libertés dans toutes leurs formes. Voilà pourquoi d'aucuns ont parlé d'exception marocaine. Au lieu d'imiter aveuglément ces pays, soit par calcul politicien, soit par caprice, nous ferons mieux d'exploiter notre précieux capital en vue d'asseoir Notre modèle démocratique, au même titre que chaque pays démocratique de par le monde moderne dispose de son propre modèle. Les modèles démocratiques prêts-à-porter n'existent pas. Il y a des normes démocratiques universelles et chaque nation les adapte selon ses propres spécificités, ses propres valeurs, sa propre culture et sa propre Histoire.
Nous ne devons singer aucune nation. Et, de toute évidence, c'est à quoi s'attelle notre pays qui évolue dans le bon sens, compte non tenu des incidents et accidents de parcours qui peuvent survenir, fruits le plus souvent de défis entêtés et improductifs. A regarder les choses de près, on réalise pleinement que le Maroc avance. Seulement, pour optimiser cette avancée et mettre toutes les chances de son côté, la sérénité s'avère un ingrédient indispensable. Ceci, les Marocains semblent l'avoir bien compris dès lors qu'ils commencent à crier «y'en a marre !» des manifestations, des sit-in et des occupations de la voie publique. Ils l'ont fait savoir à Rabat, comme au quartier Sbata à Casablanca où ils se sont dressés contre des manifestants qui ont investi leur quartier sans leur demander la permission.
C'est, au fait, ce changement de stratégie visant les quartiers populaires, adopté par les activistes d'Al Al Adl Wal Ihsane, lesquels dominent désormais le mouvement du 20 février, qui fait que les Marocains ont commencé à déceler les ingrédients de la Fitna et de la provocation à la recherche de l'effusion de sang, facteur pouvant justifier, aux yeux de l'opinion publique, l'escalade et le passage à une étape plus avancée dans l'entreprise de déstabilisation du pays. Ils notent également, non sans dégoût, que la Jamâa se permet d'exploiter même les morts et les malheurs des endeuillés pour parvenir à ses fins. Le cas du jeune Ammari décédé à Safi et que les «adlistes» ont tenté de récupérer, dès l'annonce de sa mort, avançant qu'il était l'un des leurs -allégation démentie par des proches du défunt- le démontre.
La prise de conscience grandissante des Marocains qui voient bien que le processus de réformes est sur les rails et que les projets structurants se poursuivent, voire gagnent en intensité, malgré les dépenses colossales consacrées aux importantes mesures sociales mises en oeuvre, cette prise de conscience rassure pour le pays, comme elle rassure quant au degré de vigilance des citoyens.
Reste une bonne partie des jeunes du 20 février. Leur cas est sérieusement préoccupant devant le risque qu'ils encourent de perdre leur statut naturel de source d'espoir et de passer aux yeux de la population pour provocateurs de désordre et d'anarchie. Cette perspective n'est, socialement et historiquement, nullement valorisante et ce serait un véritable gâchis alors que le mérite leur revient d'avoir permis l'accélération du processus de réformes dans le pays. Ces jeunes gagneraient beaucoup à méditer cet adage français qui renvoie à la sagesse et, surtout, à agir en conséquence: «Qui va doucement, va sainement». Eh oui ! Parce qu'il ne s'agit pas de refaire le monde, mais juste de faire évoluer son pays vers de meilleurs horizons sans pour autant le détruire et le plonger dans l'inconnu.


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