Une année après la chute du Raïss égyptien, déchu de ses fonctions le 11 février 2011, les vicissitudes de la Révolution égyptienne n'en finissent pas d'étouffer la flamme du fait des difficultés économiques et de l'insécurité rampante qui ont marqué l'après-Moubarak. La lassitude des Egyptiens est évidente, et ce peuple, pris en otage entre le marteau de l'armée et l'enclume des islamistes, est depuis un moment soumis au chantage à la sécurité ! Les « officiers libres » qui avaient fait passer leur putsch pour une révolution, ont agité depuis un demi-siècle l'épouvantail islamiste afin de légitimer la répression et la dictature. Aujourd'hui, encore, le Conseil militaire au pouvoir brandit la menace d'une république islamique et ses conséquences sur la sécurité d'Israël afin de mieux négocier sa survie avec Washington. Si la Révolution égyptienne est en train de s'éteindre, c'est que comme les mouvements de contestation ne se sont pas transformés en insurrection armée, il y a très peu ou presque pas de pression internationale sur le conseil militaire égyptien. Washington voulait une sorte de «transition en bon ordre» où l'ingérence diplomatique et l'indifférence aux revendications populaires risquaient de, pour très longtemps encore, faire mauvais ménage ! Mais, les puissances occidentales sont très soucieuses de garantir la sécurité du passage stratégique du Canal de Suez et la stabilité d'un régime incontournable pour la sécurité de l'Etat hébreu ! C'est ce qui explique les timides pressions de la communauté internationales et «l'équilibrisme» de Washington qui déclare que le régime égyptien est un régime allié mais pas ami ! Un régime qu'il convient de ménager car il représente un rempart contre le vide, l'inconnu, et le chaos qui pourraient favoriser la montée des Islamistes car la grande inconnue, aujourd'hui, un an après ,c'est de savoir si l'Egypte de l'Après-Moubarak est gérable ou non !? En outre, cette révolution a trahi la duplicité ou le double discours de la communauté internationale qui s'est trouvée dans l'embarras, devant le dilemme de soutenir secrètement ou publiquement l'aspiration du peuple égyptien à la « liberté » et à sa volonté d'émancipation face au joug de l'appareil sécuritaire, ou de ménager le pouvoir en place, qui demeure un allié stratégique dans la région, garant des intérêts occidentaux. En effet, la Révolution égyptienne ne bénéficiera pas d'un soutien armé de la part des pays occidentaux comme ce fût le cas en Libye et en Syrie actuellement, et même dans le cas d'une répression sanglante de la part de l'armée, il y a très peu de chances pour que les occidentaux s'acharnent sur la junte militaire comme ils le font avec Damas aujourd'hui. Née dans le feu du torrent de mouvements de contestation ayant secoué le monde arabe l'année dernière, la Révolution égyptienne avait germé parmi une minorité réunie autour des forums et réseaux sociaux, avait pris place à la place Tahrir grâce à des dizaines de milliers de manifestants et est en train de s'éteindre car la grande majorité des Egyptiens préfèrent regarder la Révolution à la télé… Le Caire, cœur du monde arabe, berceau et théâtre de tous les mouvements, est en train de vivre une fin dramatique et tragique car si ailleurs on a déjà connu la révolution mais sans les citoyens, en Egypte, la Révolution il n'en est déjà plus question. Çi – gît la Révolution égyptienne La tragi-comédie de l'histoire égyptienne continue.