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Qu'en est-il du dialogue entre les civilisations
Publié dans L'opinion le 09 - 04 - 2012

Les déclarations récentes d'un haut responsable français sur la suprématie de la civilisation occidentale, remettent sur le tapis l'éternel débat sur le dialogue entre les civilisations.
La déclaration en question n'est pas un fait isolé, elle fait suite à une multitude de prises de positions d'hommes politiques et hauts dignitaires religieux qui, le plus souvent, se saisissent d'un fait isolé pour stigmatiser la civilisation et la culture musulmanes quand ce n'est pas l'Islam qui est visé directement.
Ce genre de réflexion que d'autres n'ont pas hésité à ériger en théorie, a été à l'origine de bien de malheurs pour l'humanité.
C'est ainsi que des hommes bien respectables, constituant une référence dans leurs domaines, ont justifié l'injustifiable.
Alexis de Tocqueville, auteur de la démocratie en Amérique, écrit : «J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouvent mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ».
Par ailleurs, et au terme d'un travail sur l'Algérie en 1841, il conclut : «Cela va de soi, que la religion de Mohamed est la principale cause de la décadence du monde musulman. ».
Tout un travail de théorisation qui aboutit en fin de compte à légitimer la mise à contribution des moyens de guerre pour opprimer et exploiter d'autres peuples. Il y a eu même une adaptation des théories de Darwin qui va servir de philosophie à une volonté effrénée d'expansion. Parmi les tenants de cette thèse, Jules Ferry qui écrit : «L'élimination des peuples arriérés serait en définitive bénéfique pour l'humanité toute entière, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures».
Ces affirmations sont en fait le corollaire de la pensée de Jules Ferry dont l'idéal justifie l'entreprise coloniale de la France, cet idéal, il le résume ainsi : «La France ne peut être seulement un pays libre, elle doit être aussi un grand pays, exerçant sur les destinées de l'Europe toute l'influence qui lui appartient et porter partout où elle le peut sa langue, ses coutumes, son drapeau, ses armes, son génie». La grandeur de la France serait, selon Jules Ferry, tributaire de la capacité d'expansion de cette dernière et pour arriver à cette fin, tous les moyens se valent, Jules Ferry fera preuve de plus de clarté dans son raisonnement lorsqu'il parlera du lien qui existe entre la politique coloniale et la politique industrielle, il dira à ce propos que la politique coloniale est la fille de la politique industrielle.
Il mettra d'ailleurs sa théorie à exécution lorsqu'il déclenchera en 1881 une opération militaire en Tunisie qui va se solder par l'instauration d'un protectorat sur cette dernière et s'assurera plus tard des droits au Congo et à Madagascar.
On voit donc la logique de la construction coloniale dans un premier temps, il s'agit de renier aux autres peuples toute prétention à l'égalité avec la civilisation occidentale.
Dans un deuxième temps, il s'agira de mettre cette théorie au service d'un dessein d'expansion purement économique ou stratégique en s'assurant la complicité passive ou active d'une partie des intellectuels qui chercheront une forme de bonne conscience auprès des idées de certains, tel que le Conte De Saint Simon, qui considérait que la colonisation conduite par les savants, les banquiers et les industriels aura pour avantage de propager les bienfaits de la science dans les territoires colonisés.
Que d'arguments pour justifier l'injustifiable, cet injustifiable dont parlait Victor Hugo qui écrit dans «Choses vues» : «Le Général Leflô me disait hier soir, 16 octobre 1852 dans les prises d'assaut, dans les razzias, il n'était pas rare de voir les soldats jeter par les fenêtres des enfants que d'autres soldats en bas recevaient sur la pointe de leurs baïonnettes. Ils arrachent les boucles d'oreilles aux femmes et les oreilles avec, ils leur coupaient les doigts des pieds et des mains pour prendre leurs anneaux».
Ces atrocités étaient commises au nom d'une certaine mission de civilisation au profit de peuples jugés appartenant à une civilisation de rang inférieur, laquelle logique continue aujourd'hui de faire recette auprès des gens habités par l'idée de la suprématie de la civilisation occidentale, sentiment renforcé par l'ignorance de l'Histoire des autres civilisations ou le ressentiment à leur égard.
Cette attitude est consacrée de nos jours, paradoxalement à l ‘heure du pluralisme, par la prééminence d'une pensée unique rendue possible à cause d'un déséquilibre au profit d'idées véhiculées par des médias de masse s'abreuvant à la même source et s'attaquant au même ennemi, incarné, selon eux, par tout ce qui est produit de la civilisation arabo-musulmane.
Ces médias de masse qui disposent d'une force de frappe médiatique inégalée profitent du lobbying intellectuel de certaines personnalités dont le discours importe moins que le martèlement de formules toutes faites et qui ont pour seul but de flatter une opinion publique occidentale mise sous influence par le truchement de ces moyens de communication (grands hebdomadaires, radios privées, chaînes de TV ... ) .
Parmi les tenants de cet ordre établi, on peut citer le très médiatisé Bernard Henri Lévy dont on connaît les positions hostiles eu égard aux causes du monde arabo-musulman.
D'autres ont moins la chance d'être sous les feux de la rampe et sont souvent la cible de critiques des médias internationaux quand ils ne font pas l'objet de blocus médiatique, comme c'est le cas de Naoum Chomsky qui a osé sortir des principaux cadres de la pensée européenne et qui se distingue par sa critique de la politique étrangère des USA, notamment à l'égard du monde arabo-musulman.
Aujourd'hui, le processus continue avec des procédés variés et des moyens plus sophistiqués. Il suffira aujourd'hui de proclamer tel pays comme détenteur d'armes de destruction massive pour justifier une expédition militaire qui fera des milliers, voire des centaines de milliers de victimes innocentes qui seront considérées comme de simples dégâts collatéraux.
Rappelons nous les images diffusées par toutes les chaînes de télévision montrant l'ex-secrétaire américain à la Défense Colin Powell exhibant des éprouvettes censées contenir la preuve que l'Irak détenait des armes de destruction massive, la suite on la connaît tous. Jamais la preuve n'a été apportée sur la détention de l'Irak d'armes de destruction massive. Par contre, il a été indiscutablement prouvé que ce dernier détient d'énormes puits de pétrole.
Il est vrai, comme disait Raymond Aron : «La guerre, c'est continuer de faire la politique par d'autres moyens.». Jules Ferry avait au moins le mérite d'être honnête et clair dans ses visées, à notre époque, certains hommes politiques occidentaux ajoutent à leur cynisme une bonne dose d'hypocrisie et de lâcheté.
Hier, c'était pour civiliser des peuples, aujourd'hui c'est pour les démocratiser qu'ils les tuent. Décidément, leur philanthropie n'a pas de limite.


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