Les cours du pétrole continuent d'augmenter sur le marché mondial. Ils évoluent autours de 115 dollars le baril pour le Brent et de 97 dollars pour le brut léger américain (WTI). En 2011, le cours moyen du baril de pétrole a été de 104 dollars le baril. Portée essentiellement par les tensions au Proche-Orient, cette flambée met de nouveau en évidence le risque budgétaire encouru par le Maroc. Le renchérissement des cours mondiaux se répercute, en effet, non seulement sur la balance commerciale, mais aussi sur les charges de compensation des prix à la consommation. Dans ce contexte, les charges de compensation risquent de dépasser en 2012, comme en 2011, le montant budgétisé de 38 milliards de dirhams. Au terme des sept premiers mois de cette année, ces charges se sont augmentées de 59,1% (31,8 milliards de dirhams contre 20 milliards). Objectif : supporter la hausse de la facture pétrolière. Dans ce sens, la DEPF (Direction des Etudes et des Prévisions Financières) relevant du ministère de l'Economie et des Finances, s'attend à ce que cette facture s'établisse entre 32,7 et 34,3 milliards de dirhams en 2012. Ce qui se traduirait par un renchérissement de la facture pétrolière estimée entre 1,3 et 2,8 milliards de dirhams par rapport à 2011. C'est la Caisse de compensation qui va bien-entendu supporter ces énormes charges. Des charges qui devraient, en principe, profiter aux populations défavorisées pour sauvegarder leur pouvoir d'achat. Ce qui n'est pas le cas malheureusement, c'est plutôt le contraire qui se produit. Ce sont les riches qui profitent de la Caisse de compensation. C'est pour cela d'ailleurs qu'un débat est engagé actuellement sur les pistes à mettre en place pour réformer cette Caisse. Une réforme qui sera, comme l'avait souligné récemment le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Najib Boulif, lors d'une conférence de presse, à la fois «profonde et graduelle». Pour sa part, le Conseil de la concurrence propose la libéralisation des prix des produits subventionnés pour permettre une économie de l'ordre de 50 milliards de dirhams sur le budget de l'Etat. En parallèle, il appelle à la mise en place des mesures d'accompagnement pour diminuer l'impact direct sur le pouvoir d'achat de la population et particulièrement les catégories défavorisées. Il s'agit notamment d'une modulation fiscale sur ces produits (suppression de la TVA, des droits de douanes à l'importation) et de la mise en place d'aides directes aux catégories cibles de la population ainsi qu'aux opérateurs économiques. Il propose aussi une aide forfaitaire pécuniaire de 500 dirhams par ménage et par mois aux populations vivant sous le seuil de pauvreté, un soutien forfaitaire pécuniaire de 250 dirhams par ménage et par mois aux populations concernées par le RAMED et classées comme non pauvres, ainsi qu'une aide pécuniaire aux opérateurs économiques. A noter que les prix des carburants, compte tenu de la hausse continue des cours du pétrole, ont été augmentés en juin 2012 d'environ 20% pour l'essence et de 10% pour le gazole. Objectif : soulager le coût budgétaire qui produit, il est vrai, un effet d'éviction sur les dépenses publiques et les investissements privés prioritaires. Malgré ce constat, les subventions continueront, de l'avis des économistes, à persister au Maroc, et ce, pour deux principales raisons : le manque de crédibilité des réformes et l'effet préjudiciable des hausses de prix sur les plus vulnérables. « On doute bien souvent que l'Etat fera profiter à toute la population l'épargne découlant de la suppression des subventions », souligne-t-on au FMI. Que faire alors pour réformer ce système de subventions dans ces pays ? Des économistes du FMI recommandent la comptabilisation transparente des subventions. Pour eux, cette stratégie leur servira pour réformer le système de compensation. Elle a donné d'ailleurs des résultats satisfaisants au Ghana, en Indonésie et en Jordanie. Pour prévenir la résurgence des subventions, ils préconisent aussi la libéralisation des prix. « Dans l'intervalle, les pays peuvent adopter un mécanisme automatique de prix qui assure la répercussion intégrale des cours sur les prix intérieurs. Ce type de mécanisme a bien fonctionné en Afrique du Sud, au Botswana, au Chili, au Libéria, en Turquie et au Zimbabwe », indique-t-on.