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APDS: Programme des villages de pêche Sept ans après son lancement, le programme VDP n'a pas atteint ses objectifs
Affectation et transfert des lots à des personnes étrangères à la profession de marin pêcheur
Le programme de réalisation de dix villages de pêche a fait l'objet d'une convention signée en 2004 entre l'APDS, le département des pêches maritimes et l'Office national des pêches (ONP). Le montant engagé de 915,27 MDH, à été financé à hauteur de 70%, soit 646,77 MDH par l'APDS, le fonds Hassan II à raison de 118 MDH et l'ONP à raison de 150,50 MDH, rappelle la Cour des comptes dans son rapport sur l'APDS. Le programme concerne les sites de pêche d'Amégriou et de Tarouma dans la province de Laâyoune, d'Agti el Ghazi et d'Aftiessat dans la province de Boujdour, d'Imoutlane, de N'tireft, de Lassarga, de Labouirda et de Ain Beida dans la province de Oued Eddahab, et de Lamhiriz dans la province d'Aousserd. Ce programme comprend trois composantes majeures : - une zone d'habitat portant sur la viabilisation de lots et la réalisation des équipements socio-collectifs : mosquées, écoles, dispensaires, équipements administratifs... - une zone de pêche englobant les équipements commerciaux, les magasins de pêche, les ateliers de réparation des barques et des moteurs, les magasins mareyeurs.... - les infrastructures hors site : accès routiers, alimentation en eau potable et en électricité. Les principaux objectifs de ce programme étant de doter, à court terme, les sites insalubres, en infrastructures minimales et de répondre aux besoins immédiats des pêcheurs en termes d'amélioration des conditions de vie et de travail. De même, que le programme vise à long terme la création de 10 micro-pôles de développement socio-économique autour des villages de pêches dont la population cible est de 150 000 habitants correspondant à près de 30 000 pêcheurs et 6000 barques artisanales. Dérapage du programme Villages de Pêche En vue de piloter tout le programme lié à la pêche et d'assurer une coordination entre les parties prenantes, l'APDS et ses principaux partenaires ont procédé le 1er juin 2007 à la création d'une unité de gestion du programme de pêche (UGPP). Cette création fait suite à la convention signée entre l'APDS, le département de la Pêche maritime et l'ONP. Cette unité a été également chargée de la planification, de la programmation des projets, la mise en oeuvre, la gestion et le suivi des projets sur le plan technique, ainsi que de la réception des études et des ouvrages. Les dépenses de fonctionnement de cette unité se sont élevées à 7,90 MDH sur la période 2008-2011. A la fin de l'année 2011, le montant total des dépenses engagées liées au programme de pêche s'est élevé à 786,50 MDH, soit un taux d'engagement dépassant 80%. La mission de la Cour des comptes a pu visiter six (06) villages de pêche (VDP) sur un total des dix (10). Il s'agit des VDP de Tarouma, Agti El Ghazi, Aftiessat, Imoutlane, N'tireft, et Lassarga. Les investigations ont permis de relever les observations suivantes : A fin 2011, soit plus de sept ans après la signature de la convention y afférente, les principaux objectifs assignés au programme des VDP ne sont pas atteints. En effet, le principal objectif prévu de ce programme étant de doter à court terme les sites les plus touchés par toutes les formes d'insalubrité en infrastructures minimales et répondre aux besoins immédiats des pêcheurs en termes d'amélioration des conditions de vie et de travail. Certes, les conditions de commercialisation ont été améliorées, néanmoins, force est de constater que les conditions de vie sur le site demeurent difficiles, notamment dans les villages de pèche d'Aftiessat, N'tireft, et Lassarga. A cet égard, il y a lieu de souligner que sur le VDP de N'tireft, de nombreux magasins de pêcheurs ont été occupés et utilisés pour usage d'habitation par certains marins. Par ailleurs, le problème des pêcheurs saisonniers reste aussi sans solution. En effet, durant les périodes des campagnes de poulpe, les pêcheurs saisonniers vivent dans des baraques provisoires dans de mauvaises conditions. Cas du VDP de Tarouma Les principaux objectifs assignés au programme étant de répondre aux besoins immédiats des pêcheurs en termes d'amélioration des conditions de vie et de travail. C'est ainsi qu'une composante essentielle des VDP porte sur une zone d'habitat portant sur la viabilisation des lots et la réalisation des équipements sociaux collectifs. Toutefois, il a été constaté que l'objectif initial n'a pas été réalisé. En effet, abstraction faite des insuffisances qu'on peut adresser aux choix des lots de terrain comme option pour permettre à la population cible d'accéder à un logement décent, on remarque que sur les premiers lots affectés au VDP de Tarouma, de nombreux bénéficiaires n'appartiennent pas à la catégorie des marins pécheurs. En outre, si l'affectation des lots de terrains pose des problèmes sérieux à plusieurs niveaux, notamment, l'incapacité des pêcheurs de prendre en charge la construction, il n'en reste pas moins que l'affectation des lots à d'autres catégories comme les propriétaires des barques par exemple constitue une déviation de l'objectif initial du programme, d'autant plus que cette catégorie n'a pas besoin de bénéficier de lots de terrain à titre gratuit. Selon les statistiques communiquées à la fin d'avril 2012 par l'Agence -émanant de l'autorité locale-, sur un total de 550 lots viabilisés, 293 ont été déjà affectés. 89 sont, soit construits soit entourés d'un mur. Le nombre de maisons construites s'élevé à 46 avec un nombre total d'habitants de 38 personnes. Il n'a pas été possible de s'assurer si les premiers bénéficiaires font partie à la catégorie des marins ou sont des résidents indemnisés. Il convient de signaler, également que les premiers bénéficiaires ont procédé au transfert de leurs lots à des personnes étrangères à la profession. A titre d'exemple, sur les 89 lots construits ou entourés d'un mur, seul 5 propriétaires actuels figurent dans la liste des premiers bénéficiaires ; ce qui montre que 94% de ces derniers ont procédé à la « cession » de leurs lots, ce qui confirme l'existence de la spéculation. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que l'option d'attribuer des lots de terrains pour l'auto-construction a été entachée de plusieurs insuffisances liées aux contraintes de suivi technique et architectural de ce genre d'opérations, en plus des risques de constructions anarchiques pouvant nuire au paysage et affecter ainsi le potentiel commercial et touristique des villages de pêche.