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Khénifra / Assoul : Une projet sème la zizanie chez les Zayans : Cinq douars menacés de déracinement par leur propre président de commune
Publié dans L'opinion le 19 - 02 - 2014

Niché en haute montagne en pleine forêt, à une vingtaine de km au nord-ouest de Khénifra sur la route d'Aguelmam Azegza et Ajdir, le faubourg d'Assoul offre un site au profil touristique avec énormément de verdure et d'eau fraîche et limpide... Dans le temps, Assoul était une petite capitale des Zayans d'après les anciens de la tribu ; Khénifra elle-même devrait son existence à Assoul.
Ses terres ne sont ni domaniales ni collectives. Elles sont héritées de père en fils depuis la nuit des temps...
Les Zayans ont toujours été de fiers combattants, jaloux de leur terre et de leur liberté, il n'en demeure pas moins qu'en temps de paix, ils sont de paisibles agriculteurs et éleveurs.
Déjà du temps du protectorat, les Français qui avaient payé très cher la domination de cette région «bataille LEHRI entre autres »... s étaient vengés des Zayans en réduisant au minimum l'espace de leur vie, en traçant des lignes rouges interdisant l'accès à la forêt aussi bien pour le cheptel que pour les cultures ; appauvrissant pratiquement toute la tribu Zayane au même titre que les tribus voisines. On n'en attendait pas moins du colonisateur. L'inacceptable c'est que dernièrement l'administration des eaux et forêts a aggravé la situation en procédant à de nouvelles délimitations et interdictions acculant des dizaines de familles à un espace encore plus réduit où il est impossible d'évoluer ; eux qui vivent paisiblement depuis des siècles dans un espace immense s'étendant de la haute montagne en été à l'Azaghar en hiver au gré des pâturages.
Aujourd'hui, à nouveau, une menace encore plus grave pèse sur Assoul avec ses cinq douars composés de centaines d'âmes. Une menace visant carrément le déracinement de l'Homme et l'effacement de son histoire et de son milieu de vie.
Un acte que même les colonialistes n'ont pas osé commettre malgré leur puissance et leur victoire sur les tribus de la région. Ceux qui sont tombés à «LEHRI» par dizaines venaient de toutes les tribus avoisinantes, ceux d'Assoul en tête, vu leur proximité du lieu de l'affrontement. Tout cela semble n'avoir aucune importance aux yeux du président de cette commune et de ceux qui le manipulent se servant de lui pour mettre la main sur ce site exceptionnel. Mais les visées opportunistes de ceux qui tirent les ficelles de cette sombre histoire, semblent d'une envergure beaucoup plus grande et il semble que le tour des sites exceptionnels d'Aguelmam et d'Ajdir viendra.
Les instigateurs de ce plan dit «d'aménagement» ont poussé l'ironie jusqu'à prévoir un espace vert, ce qui est difficile à imaginer au cœur de l'une des forêts les plus riches du royaume, n'y a-t-il pas là de quoi perdre le nord ?
Avec ce fameux plan d'aménagement, président et consorts entendent jeter un pavé dans la mare et tâter le terrain et la réaction des Assoulis. En effet, une simple lecture de ce plan révèle que ce dernier est irréalisable tant du point de vue financier que géographique, même pour les puissances dotées de grands moyens, car sur le terrain on se rend vite compte combien ce plan revêt un caractère irréel, vu son incompatibilité avec le terrain visé.
Ce dernier étant lui-même enclavé entre les montagnes, et ses habitants ne disposant que de petites parcelles éparpillées pour cultiver, alors où trouvera-t-on l'immense superficie requise par le grand projet d'aménagement prévoyant des villas, des immeubles, de nombreuses rues, des parkings, des places, des administrations, etc.... D'autant plus que le site visé est lui-même situé dans une zone aux mille et une montagnes ondulées, sillonnées par de profondes crevasses. N'empêche que l'espace disponible ferait l'affaire d'opportunistes en quête de sites pour projets de villas de vacances et de loisirs...Tout est là.
Jusqu'ici, les familles menacées par ce projet et ses instigateurs, ont saisi toutes les instances concernées de leur opposition, et se disent prêts à descendre avec leur cheptel à Khénifra où ils comptent camper en guise de protestation jusqu'à effacement du spectre enfanté par l'imaginaire d'un président qui, au lieu de protéger leurs intérêts, cherche à les effacer de la carte.


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