Le festival international du film de femmes, qu'accueille annuellement la ville de Salé, offre l'opportunité de se pencher sur le rapport entre le cinéma et la femme, un rapport non dénué d'intérêt certes. Car la femme a besoin du cinéma comme le cinéma de la femme. Ce rapport trouve ses origines à la naissance du cinéma même. Souvenons-nous de l'une des premières affiches annonçant la première projection publique par les frères Lumière en 1895. La femme est déjà présente en tant que vecteur promotionnel du cinéma. Le cinéma avait pris donc conscience très tôt du rôle que peut jouer la femme à des fins publicitaires. Depuis, l'image de la femme n'a cessé de prendre des proportions exorbitantes jusqu'à envahir voire même dominer le cinéma. Non pas en tant que conceptrice d'images, d'illustratrice d'histoires, de réalisatrice de films, mais surtout devant la caméra que son image s'est développée. Personne ne peut ignorer aujourd'hui cette "contribution" psychologique et sociale de la femme dans l'édifice du cinéma, rôle forgé depuis plus d'un siècle. De ce fait, le cinéma est resté spécifiquement masculin, produit, réalisé et interprété par des hommes à l'adresse des hommes en premier lieu. Et la femme, si elle a quelque rôle à jouer, c'est en tant que provocatrice de conflits devant mettre face à face des hommes, en perpétuelle lutte pour un prestige illusoire. La ruse, le mensonge, la trahison, la malice, sont "les qualités" principalement requises pour ces personnages féminins indispensables à tout développement fictionnel basé sur le conflit. Pour apporter un timide changement à cette désobligeante réalité, des femme se sont mises à l'oeuvre, en produisant et réalisant des films. Mais, combien sont-elles à réaliser des films dans le monde? Le pourcentage des femmes-cinéastes dans les pays à grande tradition cinématographique, notamment l'Inde et les Etats-Unis, ne dépasse pas un pour cent. Et c'est la France, troisième producteur, qui compte le plus de réalisatrices de films dans le monde avec une poignée de femmes qui militent pour se frayer une petite place dans le soleil du cinéma. Le changement n'est certainement pas pour demain.