L'analyse de l'évolution, au cours de la dernière décennie, de la demande africaine des produits de la mer par pays, se focalisant sur les cas des principaux produits exportés par le Maroc et des 5 principaux importateurs africains en ces produits. L'objectif étant d'examiner le comportement des principaux marchés dynamiques et/ou prometteurs pour le renforcement des exportations marocaines des produits de la mer. L'Afrique passe, actuellement, pour la région la plus dynamique du monde après l'Asie en terme de croissance. Elle offre des opportunités de croissance que le Maroc peut saisir. En effet, le croisement entre le rythme de croissance et la valeur des importations des produits halieutiques par continent sur les 5 dernières années, révèle une forte dynamique de la demande africaine, en dépit de son faible poids dans les exportations mondiales. L'analyse par produit révèle, en effet, une dynamique soutenue des conserves de poissons (TCAM de 22%), dépassant de loin la dynamique de croissance des autres continents dont l'Europe ayant un taux de croissance ne dépassant pas 3%. De même, pour les poissons frais, réfrigérés ou congelés, les importations africaines ont enregistré durant la même période un rythme de croissance moyen de 9%, similaire à celui de la demande en ces produits sur le continent asiatique (8%), mais avec une part moindre dans les importations mondiales de ces produits. Par ailleurs, en dépit de leur faible part dans le total des importations mondiales de crustacées et mollusques, l'Afrique enregistre une forte croissance de sa demande en ces produits estimée à 21% en moyenne annuelle sur la période 2007-2012. Nigéria : le plus grand importateur de poissons frais L'analyse de la dynamique de la demande africaine en poissons frais montre que le Nigéria constitue, depuis plus de 10 ans, le plus grand importateur de ce produit au niveau africain avec un rythme de croissance élevé pendant les dernières années. Ainsi, les importations de ce pays en poisson frais sont passées de 254 millions de dollars en 2000 à 870 millions de dollars en 2012, avec un pic de près de 1,2 milliard de dollars en 2011. Les importations en poissons frais de l'Egypte et du Cameroun ont enregistré , également, une progression significative et continue depuis 2006 (TCAM respectivement de 15% et 26%), pour se situer à 361 millions de dollars pour l'Egypte et 260 millions de dollars pour le Cameroun en 2012, leur permettant ainsi de devenir sur la période 2008-2012, respectivement, troisième et quatrième importateurs africains de poisson frais, après la Côte d'Ivoire. Pour cette dernière, les importations en ce produit ont connu une nette progression sur la période 2000-2008, avant de se stabiliser à un niveau oscillant entre 220 et 250 millions de dollars au cours des dernières années. L'examen de l'évolution des importations des principaux importateurs africains en conserves de sardines, au cours de la dernière décennie, montre une forte dynamique de la demande en ce produit, imputable en grande partie à la forte hausse des importations de l'Afrique du Sud (+80%entre 2006 et 2012), permettant à ce pays d'occuper la place du premier importateur de conserves de sardines avec un volume de 150 millions de dollars en 2012, loin devant l'Angola qui vient en seconde position avec près de 30 millions de dollars. Pour les autres principaux importateurs africains de ce produit sur les 10 dernières années, avec en tête l'Angola suivie de la République Démocratique du Congo et du Nigéria, ils ont connu, également, une dynamique positive et surtout un essor remarquable depuis 2010 des marchés angolais et de la République Démocratique de Congo (+70% chacun entre 2010 et 2012). Crustacées et céphalopodes : Egypte et Maroc, principaux importateurs L'analyse de l'évolution des importations de crustacées sur le continent africain fait ressortir une forte expansion de la demande au cours de la dernière décennie et surtout à partir de 2005. L'Egypte et le Maroc ont été les principaux importateurs à la base de cette forte progression et ont vu leurs importations progresser respectivement de 93% et de 45% entre 2003 et 2010. Ainsi, les importations de l'Egypte sont passées de 317 milliers de dollars en 2003 à 119 millions de dollars en 2012, lui permettant de se situer, depuis 2008, en position de premier importateur africain de crustacées, place occupée auparavant par l'Afrique du Sud. Ce dernier a connu, également, une dynamique positive mais moins importante pendant la même période (+16% entre 2003 et 2012). Pour le cas du Maroc, la progression significative des importations au cours des dernières années s'explique, d'une part, par la baisse de la production nationale à la suite aux arrêts biologiques récurrents pour des raisons de régénération des stocks de crevettes, et d'autres parts, aux prix plus compétitifs des produits étrangers, provenant essentiellement des Pays-Bas et de la Chine, en comparaison avec le prix des produits nationaux. S'agissant du Nigéria et de la côte d'Ivoire, et malgré leurs faibles importations en crustacées, qui n'ont pas dépassé en moyenne 3 millions de dollars sur la période 2008-2012, ils ont enregistré au cours de la dernière décennie une hausse significative, en particulier pour le Nigéria (+68%). Malgré leur faible part dans le total des importations africaines en produits halieutiques, les importations de céphalopodes se sont caractérisées, pendant la dernière décennie, par une tendance générale à la hausse mettant en relief des signes d'une dynamique positive sur l'Afrique. Par pays, l'Afrique du Sud est, depuis longtemps, le principal importateur africain de céphalopodes. Ses importations en ces produits ont atteint plus de 21 millions de dollars en 2008. Le fléchissement de la demande enregistré en 2009, sous l'effet de la récession économique mondiale, a été d'ordre conjoncturel. Les importations de l'Afrique du Sud en céphalopodes sont, rapidement, revenues à leurs niveaux d'avant la crise et les ont même dépassés en enregistrant un nouveau record de 25 millions de dollars en 2011. Les autres principaux importateurs africains en céphalopodes ont réalisé des performances similaires depuis 2006. Ainsi, l'Egypte a vu ses importations de ces produits multipliées par 10 pour se situer à près de 24 millions de dollars en 2012 contre 2,2 millions de dollars en 2006, soit à peu près le même niveau que l'Afrique du Sud. Cette expansion de la demande a, également, concerné le Maroc et la Namibie qui ont connu une croissance positive et continue de leurs importations en calmar et seiche, avec des taux de croissance respectifs de l'ordre de 37% et de 50% entre 2003 et 2012.