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Le spectre du Grexit plane sur la zone euro : L'austérité et la démocratie en quelques leçons
Publié dans L'opinion le 11 - 07 - 2015

Grexit ! Que signifie exactement ce terme, en fait ? Serait-ce, comme le martèle la majorité des médias européens, la sortie de la Grèce, devenue plus que probable, de la zone euro, ou plutôt son amorce d'un tournant historique dans la culture sociopolitique de l'Europe, continent qui doit au Grecs non seulement sa civilisation et sa démocratie, mais jusqu'à son nom.
Pour nous, Marocains, qui sommes encore en phase de consolidation de notre démocratie, mais également étroitement liés sur le plan économique aux pays de l'Union Européenne, porter un regard attentif à ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée est de la plus haute importance.
Voici un pays, la Grèce, dont la dette extérieure se chiffre à 324 milliards d'euros, soit 177% de son PIB ! Tout le monde le reconnaît, la dette grecque est « insoutenable ». Publiquement, comme dans le cas du FMI, que l'on ne saurait accuser de gauchisme. Plus officieusement, comme pour Angela Merkel, selon des indiscrétions de Wikileaks, qui se réfère à des écoutes, toutes aussi indiscrètes, des conversations téléphoniques de la chancelière allemande, effectuées par la NSA.
La politique d'austérité imposée par la Troïka au gouvernement grec, si elle a effectivement permis, de 2011 à 2014, de rétablir les comptes publics et de payer les créanciers, a toutefois entraîné une contraction de 25% du PIB de la Grèce, entraînant une hausse mécanique de la dette extérieure de ce pays par rapport à son PIB.
Bref, en appliquant les recettes de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI, enjointes à la restructuration de sa dette privée, en 2011 et 2012, la Grèce s'est retrouvée avec une économie à genoux, une population appauvrie et un taux de
chômage record, 22%, une proportion qui va jusqu'à 50% en ce qui concerne les jeunes et ce... pour rien ! Le pays est, actuellement, encore plus endetté qu'il y a quatre ans.
« Pas un euro pour les Grecs »
Le 26 janvier, le peuple grec avait déjà dit, une première fois, « non » à la politique d'austérité qui lui a été imposé par la Troïka, en portant le parti de gauche radical Syriza au gouvernement. Constatant l'échec de son approche du problème grec, cette même Troïka a décidé qu'il ne fallait surtout pas changer une politique pour le résoudre qui marchait si mal... « Pas un euro pour les Grecs », avait promis Angela Merkel à ses électeurs.
Dogmatisme capitaliste ou comble de l'inconscience, la proposition du gouvernement Syriza d'augmenter les impôts des Grecs les plus riches a été jugée excessive par la Troïka, qui prône plutôt la baisse des pensions, même celles des retraités les plus pauvres ! C'est ce à quoi les Grecs ont dit « non » au référendum du dimanche 5 juillet, une seconde fois donc, malgré les menaces, à peine voilées, de se faire mettre à la porte de la zone euro, répétées en chœur par des médias européens, qui se sont distingués, soit dit en passant, par une étonnante unanime servilité.
Ce qui va se passer maintenant ? Grexit ! Le retour de la Grèce au Drachme, comme monnaie nationale en lieu et place de l'euro, n'est plus qu'une question de temps. Car ni les instances européennes, ni l'Allemagne, qui en dicte désormais notoirement le tempo, ne sont prêts à restructurer la dette de la Grèce, ni cette dernière n'est apte à supporter encore plus d'austérité pour continuer à bénéficier du soutien européen financier conditionné. Les deux positions sont profondément inconciliables.
Le cycle infernal de l'endettement
Un soutien qui n'a bénéficié aux Grecs qu'à hauteur du dixième, car, jusqu'à présent, sur les 240 milliards de dollars d'euros alloués à la Grèce, dans le cadre des plans d'aide accordés à ce pays, 90% sont allés, au titre de remboursement de sa dette, dans les caisses des banques créancières, essentiellement allemandes et françaises... Des prêts d'urgence versés pour payer d'autres prêts...
Il n'y a pas que l'étrange réaction des dirigeants européens, suite au score de 61,3% de « non » affiché par le référendum récemment tenu en Grèce. Le chef d'Etat français et la chancelière allemande ont demandé au gouvernement grec de leur présenter des propositions « précises » (dixit Merkel), un plan de réformes « sérieuses et crédibles » (dixit Hollande).
Est-ce à dire que les propositions et plans de réformes soumis jusqu'à présent par le gouvernement grec à la Troïka n'étaient ni précises, ni sérieuses, ni crédibles ? Pourtant, le peuple grec a soutenu exactement le contraire, une première fois en portant Syriza au pouvoir, puis une seconde, en refusant clairement l'alternative à la politique de Syriza, à savoir la politique d'austérité que veulent continuer à lui imposer ses « partenaires » européens. La démocratie ne veut-elle plus rien dire pour ses chantres européens de la démocratie ? Ou est-ce juste des slogans destinés à la consommation en dehors du vieux continent ? Allo, non mais allo quoi, vous êtes démocrates, mais vous ne croyez pas en la démocratie ?
Et après ça, ça se permet de donner des leçons...
De toute manière, ce qui compte le plus pour les Marocains, c'est ce qui va advenir de l'état de santé de pays de l'Union européenne, son premier partenaire commercial. Quand les dirigeants européens s'amusent à faire peser la menace d'un Grexit pour forcer les Grecs à accepter leurs conditions, on se demande à qui voudraient-ils vraiment faire peur. Une sortie de la Grèce de la zone euro, ce sont certes des temps difficiles qui attendent les Grecs, mais débarrassés du carcan de l'euro, ils seront enfin libres d'explorer d'autres voies pour relancer la croissance économique et sauver le pays du désastre.
Amnésie collective outre-Rhin
Quand à l'Europe, le coût d'un Grexit serait, pour les seuls gouvernements de la zone euro, de quelques 300 milliards de dollars ! Selon l'hebdomadaire économique allemand « Wirtschaft Woche », qui a avancé ce chiffre, c'est une crise de l'ampleur de celle des années 30 du siècle dernier qui attend les pays de l'Union européenne, en cas de sortie de la Grèce de la zone euro.
Juste de l'autre côté du détroit, le parti espagnol de gauche radicale, Podemos, attend son heure, qui semble prochaine, en se rongeant les freins. Alors que tout le monde craint surtout un départ précipité de l'Allemagne de la zone euro, démarche préventive qui pourrait être destinée à réduire les dégâts, qui signifierait la fin définitive de la zone euro.
Tout ça pour éviter d'appliquer à la Grèce une solution similaire à celle appliquée à l'Allemagne, en 1953, quand ce pays, aujourd'hui gardien du temple européen de l'orthodoxie financière, a bénéficié de l'effacement de 60% de sa dette extérieure. Une amnésie collective, grave et chronique, semble sévir outre-Rhin.
Surendetté mais surarmé !
Et puis il y a un non-dit de taille dans cette affaire de la dette grecque. A quoi ont servit les emprunts contractés au nom du peuple grec ? Pendant dix ans, la Grèce a figuré au classement mondial des pays importateurs d'armement au 4ème rang. Il y a six ans, la Grèce, membre de l'OTAN, a consacré 5 milliards de dollars à l'acquisition de sous-marins allemands, 2 milliards pour des chasseurs américains et 1,6 milliards pour des bombardiers français, et ce à crédit. Et pour se défendre contre quel ennemi potentiel ? La Turquie, autre pays membre de l'OTAN...
Jusqu'à présent, la Grèce consacre, avec la Grande Bretagne, plus de 2% de son PIB aux dépenses militaires, un record au sein de l'Union européenne. Comment expliquer que les pays européens, si prompts à dénoncer la course aux armements partout dans le monde, n'aient pas exigé de la Grèce, pays à la fois surendetté et surarmé, de réduire son budget militaire, dans le cadre la politique d'austérité ? Est-ce parce que les vendeurs d'armes qui attendent d'être remboursés sont des entreprises allemandes et françaises ?
Le chef du gouvernement grec, Alexis Tsipras, malgré les 61% de Grecs qui ont exprimé démocratiquement leur rejet de la politique d'austérité, semble prêt à faire plus de concessions et se plier à pas mal d'exigences de l'Eurogroup, pour s'assurer du maintien de la Grèce dans la zone euro, comme en témoigne le largage de son ministre des finances, Yanis Varoufakis, devenu la bête noire des eurocrates de Bruxelles. Mais serait-ce suffisant pour éviter le Grexit ?
Il est plus que permis d'en douter. Aucun des acteurs de cette tragédie grecque ne veut d'un départ de la Grèce de la zone euro, sauf que cette crise de la dette est devenue hors contrôle, mue par des tendances politico-économiques et financières lourdes, qui lui ont insufflé sa dynamique propre.
De ce côté-ci du détroit, les Marocains ont tout intérêt à planifier dès maintenant les mesures à prendre pour faire face à d'autres années de vaches encore plus maigres sur le vieux continent. Quand au gouvernement Benkirane, il ferait mieux de méditer sur l'expérience grecque en matière de politique d'austérité, qui embellit, temporairement, les comptes publics, avant d'enlaidir, pour longtemps, la situation socio-économique d'une nation.


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