L'apparition récente d'une maladie touchant le cheptel ovin a provoqué la panique dans la commune rurale de Smeguett, plus précisément au « Douar Ait Messaoud », dans le cercle de Kasbat Tadla. Toute une polémique s'en est d'ailleurs suivit, notamment sur la surestimation du danger que constitue ce qui semble être une fièvre catarrhale ovine. Cette situation met également en évidence l'indigence des moyens des bureaux communaux d'hygiène, qui ne peuvent, de ce fait, accomplir les missions qui leur sont dévolues (voir l'article consacré aux bureaux communaux d'hygiène dans la région de Beni Mellal- Khénifra). Selon un communiqué de presse, rendu public par l'Office National de la Sécurité Sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) de la région de Béni Mellal Khénifra, la suspicion porte, en effet, sur la maladie de Blue Tongue, aussi communément appelée maladie de la langue Blue. Cette maladie vectorielle, non contagieuse, est naturellement transmise par des moustiques et apparait de façon saisonnière. Elle est spécifique aux animaux et non transmissible à l'homme. En d'autres termes, il n'y a pas de raison de paniquer, la fièvre catarrhale, aussi mortelle soit-elle pour les animaux qui se sont fait piquer par des moustiques porteurs du virus, est gérable. Seuls 27 foyers sont apparus depuis fin aout 2015. Toujours selon l'OMSS, les mesures nécessaires ont été prises. Il a été procédé à la vaccination des ovins du douar, au nombre de 600 têtes, ainsi qu'à l'isolement des animaux affectés et la démoustication des élevages touchés, outre le renforcement de la surveillance de l'état sanitaire du cheptel dans les zones avoisinantes. Et que des opérations de vaccination ont concerné, à ce jour, 23.700 têtes au niveau de la province de Béni Mellal. Cette maladie, dixit l'ONS, hormis les éleveurs, n'a pas de quoi susciter d'inquiétudes. Au-delà du discours tranquillisant des officiels Du côté des éleveurs, en effet, traumatisés par la perte cruelle de quelque 280 têtes d'ovins, c'est un autre discours qui prévaut. Ils prétendent, au contraire des autorités sanitaires concernées, que leur cheptel n'a pas été vacciné et que les traitements qui leur ont été prescris par le service vétérinaire, lors de sa visite après le sinistre, restent assez onéreux et qu'ils ne pouvaient, en aucune manière s'en procurer, vu leur situation sociale précaire. Bien plus, il a été confirmé, également, que la région n'a pas, non plus, bénéficié du nouveau système national d'Identification et de Traçabilité animale (SNIT). Un système destiné, selon les autorités du département de l'agriculture, à renforcer l'efficacité des programmes d'identification et de reproduction des animaux et leur suivi, dans toutes les régions du Maroc et au niveau des marchés. Un programme qui a nécessité une enveloppe budgétaire à hauteur de 120 millions de dirhams. Ce décalage risque fortement de réduire l'utilité de l'intervention, rendue ainsi tardive. Du coup, les indices de progression de la maladie sont indéniables et visibles sur le terrain, avec une décharge publique non contrôlée d'où est partie l'invasion de moustiques piqueurs d'ovins, qui ne représentent, en fait, qu'une part des insectes infectants. L'urgence concerne donc des opérations désinsectisation continues par le bureau communal d'hygiène de la ville de Kasbat Tadla. Là encore, c'est un autre « drame », puisque ce BCH de cette ville, à l'instar de tous les autres de la région, semble impuissants devant le pullulement des blattes et autres bestioles qui sont de plus en plus visibles à la décharge de la commune ou au bord de la rivière presque à sec. C'est que le BCH de Kasbat Tadla souffre cruellement de manque de moyens matériels et humains. Il s'agit là, pourtant, de facteurs d'intervention préventifs qui constituent, avec la vaccination, un moyen important pour réduire la mortalité causée par cette maladie vectorielle, qui menace également les autres communes limitrophes de la région (Ait Ali, Ait Rbaa...). Ainsi, la surveillance épidémiologique reste toujours cruciale pour la gestion de la crise, car c'est le détecteur des phénomènes inhabituels, l'outil de la planification sanitaire qui fait malheureusement défaut.