La perte de la part de marché du secteur marocain de textile-habillement entre 2000 et 2014 s'explique par des effets négatifs de compétitivité (-0,143%) et de spécialisation à la fois géographique (-0,008%) et sectorielle (-0,016%) et ce, malgré un effet d'adaptation positif (+0,043%). L'analyse par périodes montre que cette perte de part de marché est plus accentuée sur la deuxième période 2007-2014 et s'explique notamment par des effets négatifs de spécialisation géographique (-0,053%) et sectorielle (0,052%), ainsi que par un effet compétitivité négatif (-0,041%). Par contre, la perte moins importante de la part de marché entre 2000 et 2006 a été tirée exclusivement par un effet compétitivité négatif (-0,096%), au moment où tous les autres effets étaient positifs. La contribution négative de la spécialisation géographique trouve son origine dans la concentration des exportations du secteur sur deux pays à savoir la France et l'Espagne (plus de 70% des exportations marocaines du secteur), qui ont connu une atonie de la consommation, suite aux effets de la crise économique et financière mondiale. Cette situation a poussé les entreprises marocaines à se tourner vers le marché intérieur et à s'y intéresser de plus en plus, surtout avec le changement du paysage de la distribution au Maroc par les nombreux projets de nouveaux centres commerciaux. Par ailleurs, malgré que ce secteur ait bénéficié, à partir de 2006, de certains avantages stratégiques dont, notamment, la réinstauration des quotas sur les produits chinois et le positionnement géographique réussi du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales fast fashion8 (à travers le développement de la sous-traitance sur le segment), la compétitivité du secteur reste caractérisé par certaines fragilités. Il s'agit, notamment, de l'indisponibilité d›intrants sur le marché national et la forte concurrence du secteur informel. (La stratégie de fast fashion a introduit une logique nouvelle dans les chaînes d'approvisionnement de ce secteur, privilégiant la production « juste-à-temps », en fonction de la demande, la production de plus petits volumes, une meilleure qualité et une plus grande flexibilité du côté des fournisseurs). Il faut noter, également, que notre pays est fortement concurrencé par des pays comme la Chine, la Turquie, le Bangladesh et l'Inde qui détiennent des parts de marché respectives de 37,1%, 13,8%, 11,5% et 7,1% sur le marché européen de textile-habillement en 2014, au moment où les exportations marocaines de ce secteur ne représentent que 2,5% des importations de l'UE. b) Secteur de l'agroalimentaire Le secteur de l'agro-alimentaire a connu une quasi-stagnation de sa part de marché entre 2000 et 2014, suite à une compensation de l'effet compétitivité positif par un comportement négatif des effets de spécialisation géographique et de spécialisation sectorielle. La décomposition par période montre une évolution opposée. Entre 2000 et 2006, l'agroalimentaire a gagné des parts de marché (+0,039%), en lien notamment avec un effet compétitivité positif (+0,027%). En revanche, la perte de part de marché dans ce secteur (-0,044%) sur la période 2007-2014 est liée aux effets de spécialisation géographique (-0,046%) et sectorielle (-0,037%). La concentration des exportations du secteur de l'agroalimentaire sur quelques pays européens, notamment la France et l'Espagne explique l'effet négatif de la spécialisation géographique compte tenu des impacts de la crise économique et financière mondiale. Aussi, le secteur demeure pénalisé par la faible valorisation de la production agricole et la forte concurrence exercée, notamment, par des pays méditerranéens (Espagne, Egypte, Tunisie,...). Néanmoins, depuis le lancement en 2008 de la stratégie agricole Plan Maroc Vert, l'agriculture marocaine a connu une appréciation notable de sa valeur ajoutée dont le taux de croissance annuel moyen s'est hissé à +6,7% pour la même période contre +3,9% pour le reste de l'économie nationale. Ainsi, les actions stratégiques du PMV ont contribué au renforcement de la compétitivité extérieure des produits agroalimentaires induisant, notamment, une hausse de 34% des exportations agroalimentaires depuis 2008. Cette dynamique a permis de hisser le Royaume au rang de 3ème exportateur des produits agro-alimentaires de la région MENA et de 4ème exportateur de produits agro-alimentaires sur le continent africain.