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Ciné Scope: Ils nous ont quittés
Publié dans L'opinion le 11 - 07 - 2016


Le réalisateur américain Michael Cimino
(1939-2016)
Retiré des plateaux depuis plus de 20 ans, Michael Cimino était l'une rares légendes vivantes du cinéma, de celles dont on garde toujours l'espoir d'un retour aux affaires. Mais non, "Sunchaser" (1995) restera son dernier film. Le réalisateur américain s'est éteint le 2 juillet, à l'âge de 77 ans. Michael Cimino, né le 3 février 1939 à New York et mort le 2 juillet 2016 à Los Angeles, est un réalisateur, scénariste, producteur et écrivain américain. Le jeune Michael grandit à New York et à Old Westbury (Long Island). Considéré comme un prodige à l'école, il est en conflit avec ses parents du fait de ses fréquentations, de bagarres. Diplômé en peinture de l'université Yale (Bachelor of Fine Arts en 1961 et Master of Fine Arts en 1963), il s'engage, durant ses études, dans l'armée de réserve(1962). Cimino débute dans le cinéma en 1972 en tant que scénariste. Il écrit son premier scénario pour "Silent Running", drame de science-fiction réalisé par Douglas Trumbull. Ce premier space opera écologique, qui annonce à la fois "Soleil Vert" et "Star Wars", lui met le pied à l'étrier à Hollywood. Il est alors appelé pour écrire le scénario du deuxième volet de la saga de l'inspecteur Harry, "Magnum Force", réalisé par Ted Post. Grâce à ce film, il est repéré par la star de l'Inspecteur Harry, Clint Eastwood, qui achète le prochain scénario de Cimino et l'engage comme réalisateur. Ainsi il passe en 1974 à la réalisation avec "Le canardeur", un film d'action produit par Clint Eastwood et le mettant en vedette avec Jeff Bridges.
Ce road-movie tragi-comique remporte un succès honnête, mais pose déjà le style de Cimino, mêlant violence sèche des personnages et des paysages naturels magnifiquement filmés. Le deuxième film de Cimino sera d'une tout autre ambition. Vaste fresque de plus de trois heures, "Voyage au bout de l'enfer" est un des premiers films à traiter de la guerre du Viêt Nam, sujet jusqu'alors ignoré par le cinéma américain. Le film est entré dans l'anthologie du cinéma pour sa scène de roulette russe, climax de violence. Le film rencontre en 1978 un immense succès critique et commercial. L'œuvre récolte également cinq Oscars dont celui du meilleur film. Cimino lui-même reçoit l'Oscar du meilleur réalisateur. Fort de ce succès, il obtient d'United Artists le contrôle total pour son film suivant, le western "La porte du paradis". Le tournage de ce film pessimiste, plus long que prévu, occasionne d'importants dépassements de budget, que la production impute par la suite à Cimino lui-même. Le film est retiré de l'affiche après une semaine. Une nouvelle version, considérablement raccourcie, est présentée six mois plus tard et ne suscite guère plus d'enthousiasme. Le film, un fiasco financier qui conduit United Artists à la banqueroute, est néanmoins considéré aujourd'hui comme un film important. Au cours de l'été 1989, une version longue de 3 heures 40 sera distribuée et viendra réhabiliter ce film mais de façon assez confidentielle et il faudra attendre le 30 août 2012 pour voir une nouvelle version "Réalisateur" restaurée et remasterisée de 216 minutes, présentée à la Mostra de Venise et enfin encensée par la plupart des critiques professionnels. Considéré comme le fossoyeur du Nouvel Hollywood, Cimino signe alors deux adaptations pour se relancer après le désastre de 1980. En 1985, il réalise "L'année du dragon", une adaptation du roman de Robert Daley produite par Dino De Laurentiis, et avec comme vedette Mickey Rourke qui incarne un policier sur le retour, colérique, buté et aux méthodes peu conventionnelles. Le scénario est écrit par Cimino et Oliver Stone. Polar crépusculaire et ultra-violent sur la mafia chinoise, "L'année du dragon" reçoit un accueil mitigé aux États-Unis ; on lui reproche notamment sa représentation négative, voire raciste, de la communauté asiatique. Le film est mieux accueilli en Europe ; il est nommé en France au César du meilleur film étranger. Puis, en 1987, Cimino réalise "Le sicilien", adaptation du roman de Mario Puzo. Biographie du hors-la-loi Salvatore Giuliano, dont le destin avait déjà inspiré le cinéaste Francesco Rosi, "Le sicilien" fait l'objet de deux versions : une destinée au marché européen et une seconde, plus courte et désavouée par Cimino, exploitée aux États-Unis. Mais ce film ainsi que les suivants n'ont plus l'écho médiatique et le parfum de scandale des premiers films de Cimino et ne constituent plus que des œuvres mineures. En 1990, il réalise "La maison des otages", remake du film réalisé par William Wyler en 1955. Il préside l'année suivante le Festival international du film fantastique d'Avoriaz. "The sunchaser", réalisé en 1996, est son dernier long-métrage. Récit initiatique mettant en vedette Woody Harrelson, le film est en compétition au festival de Cannes 1996, mais sa sortie en salles passe pratiquement inaperçue. En 2001, Cimino publie son premier roman, "Big Jane", traduit dans la collection "La noire" chez Gallimard. Il obtient pour ce livre le prix littéraire Lucien Barrière lors du festival du cinéma américain de Deauville. En 2007, il réalise le segment "No Translation Needed" du film "Chacun son cinéma", réalisé à l'occasion des 60 ans du festival de Cannes. Bien que fourmillant de projets, il n'arrive plus à les faire aboutir car il est devenu un réalisateur maudit auquel les studios d'Hollywood ne font pas confiance, et qui lui refusent tout financement. Il travaille pendant des années sur une adaptation du roman de Malraux "La condition humaine". Ses apparitions publiques se raréfient avec le temps, ce qui lui vaut une image de reclus excentrique. Refusant toute interview pendant des années, il est en outre rendu méconnaissable par la chirurgie esthétique, au point que dès la fin des années 90 une rumeur - qu'il dément catégoriquement - le prétend devenu transsexuel. Il meurt le 2 juillet 2016. Il est retrouvé inanimé dans sa maison. Les causes de son décès ne sont pour l'heure pas connues.
Le cinéaste iranien Abbas Kiarostami
(1940-2016)
Maître incontesté du cinéma iranien, Abbas Kiarostami a accompli une oeuvre d'une puissance exceptionnelle dans un pays où la censure aurait dû le museler. De ces contraintes, le cinéaste iranien a su faire le terreau d'une oeuvre rugueuse, renversante de poésie et toujours en prise avec la réalité de ses compatriotes. Homme d'images, Abbas Kiarostami était également un photographe de grand talent. Il s'est éteint à Paris le lundi 4 juillet. Il avait 76 ans. Kiarostami est né à Téhéran le 22 juin 1940. Intéressé par l'art et le cinéma dès son enfance, il gagne un concours de peinture à dix-huit ans, avant de faire ses études à la faculté des beaux-arts de l'université de Téhéran. Il finance une partie de ses études en travaillant en tant qu'agent de la circulation. Dans les années 60, Kiarostami travaille dans la publicité comme peintre, concepteur et illustrateur. Il conçoit des affiches et crée des films publicitaires. Entre 1962 et 1966, il tourne environ 150 annonces pour la télévision iranienne. Vers la fin des années 60, il commence à créer des génériques pour des films (dont Gheysar de Massoud Kimiaei) et à illustrer des livres pour enfants.
En 1969 débute la Nouvelle Vague iranienne avec le film "La Vache Gav". La même année, sous l'influence de Firuz Shivanlu, Kiarostami participe avec Ebrahim Forouzesh à la création d'un département réalisation à l'Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes de Téhéran (le Kanun), qui était à l'origine dédié à la publication de livres pour enfants. Cet institut a été créé sous l'impulsion des Pahlavi, qui proposaient ainsi un exutoire créatif à la jeunesse iranienne afin de la détourner des activités politiques. Le Kanun est alors une des deux structures publiques de production de films en Iran. Il deviendra un des hauts lieux du développement d'une modernité cinématographique à l'iranienne. La première réalisation de Kiarostami pour le cinéma est un film de douze minutes en noir et blanc, "Le pain et la rue" (1970), un court métrage néoréaliste au sujet de la confrontation d'un écolier malheureux et d'un chien agressif, réalisé à la demande d'un ami pour son projet de studio de cinéma pour enfants. "La récréation"suit en 1972. Le département réalisation, qui permet à Kiarostami de réaliser ses premiers courts métrages, finit par devenir l'un des studios cinématographiques les plus célèbres d'Iran, produisant non seulement les films de Kiarostami, mais aussi des films iraniens appréciés tels "Le coureur"(1985) et "Bashu, le petit étranger"(1986). Après la révolution iranienne en 1979, l'État iranien, transformé en république islamique, cherche à islamiser l'ordre social. Cet objectif va avoir des répercussions sur le cinéma iranien : les nouveaux dirigeants du pays cherchent alors à créer un genre national unique, un cinéma « pur » et débarrassé de toute « vulgarité » et de tout lien à l'Occident. Des institutions publiques sont donc créées ou remodelées afin de permettre au pouvoir politique et religieux d'atteindre ses objectifs, c'est-à-dire de favoriser une production cinématographique nationale qui soit en conformité avec les normes islamiques imposées à toute la société. Kiarostami reste en Iran après la révolution, alors que certains autres réalisateurs iraniens s'enfuient en Occident. Il considère cette décision comme l'une des plus importantes de sa carrière. Kiarostami pense que sa nationalité et le fait de rester en Iran confortent son savoir-faire de réalisateur. Au début des années 80, Kiarostami dirige plusieurs courts-métrages dont "La rage de dents"(1980), "Avec ou sans ordre"(1981), "Le chœur" (1982) ou encore "Le concitoyen"(1983). La plupart de ces films sont réalisés au sein du Kanun, qui survit à la révolution grâce à son dynamisme et son indépendance. L'institut dont la direction avait été confiée à Kiarostami, dispose d'un budget indépendant, bien que son conseil de direction accueille le ministre de l'éducation, le ministre de la culture et de l'orientation islamique et le président de la télévision. C'est de cette institution que sortiront les premiers films iraniens sélectionnés à l'étranger, comme "Où est la maison de mon ami ?" que Kiarostami réalise en 1987. "Où est la maison de mon ami ?" est le récit apparemment simple de la quête d'un écolier de 8 ans, nommé Ahmad, consciencieux et qui cherche à rendre son cahier à son ami habitant dans le village voisin de Koker, Pochteh. S'il ne parvient pas à le remettre avant le jour suivant, son ami risque d'être renvoyé de l'école. Mais en arrivant à Pochteh, on lui dit que Mohammad, son ami, est parti pour Koker... Les croyances traditionnelles des campagnards iraniens sont dépeintes tout au long du film. Ce film est remarquable pour l'utilisation poétique du paysage rural iranien et pour son profond réalisme. Ces éléments sont importants dans le travail de Kiarostami. Abbas Kiarostami a réalisé ce film du point de vue d'un enfant sans la condescendance qu'on peut déplorer dans beaucoup de films traitant des enfants. En 1987, Kiarostami contribue au scénario de "La clé" qu'il monte mais ne dirige pas. En 1989, il réalise "Devoirs du soir". "Où est la maison de mon ami ?" et les films suivants "Et la vie continue", en 1992, puis "Au travers des oliviers" en 1994, sont désignés comme étant "la trilogie de Koker" par les critiques de cinéma. En effet, ces trois films mettent en vedette le village de Koker, au nord de l'Iran. Les films sont en rapport avec le tremblement de terre de 1990. Kiarostami emploie les thèmes de la vie, de la mort, du changement, et de la continuité pour relier les films. La trilogie remporte un vif succès en France dans les années 90 ainsi que dans d'autres pays comme les Pays-Bas, la Suède, l'Allemagne et la Finlande. Kiarostami lui-même ne considère pas ces trois films comme une trilogie. Il suggère plutôt que la trilogie est formée des deux derniers titres et du film "Le goût de la cerise" (1997). Ces trois films ont en effet un thème commun, le caractère précieux de la vie, en particulier dans le face-à-face entre la vie et la mort. "Et la vie continue" est le dernier film de Kiarostami produit par le Kanun, et marque la fin du dynamisme de cette institution, en 1992.


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