Les formes atypiques d'emploi sont devenues une caractéristique des marchés du travail à travers le monde. Au cours des dernières décennies, elles ont progressé, dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement, du fait de leur plus large utilisation dans les différentes branches d'activité et professions. L'emploi atypique comprend quatre types d'arrangements qui se différencient de la «relation de travail typique» définie comme un travail à plein temps, de durée indéterminée et impliquant une relation de subordination entre un salarié et un employeur. Pour certains travailleurs, l'emploi atypique est un choix délibéré et comporte des avantages mais, pour la plupart d'entre eux, il est synonyme d'insécurité. L'emploi atypique peut aussi représenter des défis pour les entreprises, la performance globale des marchés du travail et des économies, ainsi que les sociétés dans leur ensemble. Agir en faveur du travail décent pour tous requiert une connaissance approfondie de l'emploi atypique et de ses implications. Le récent rapport de l'OIT (Organisation internationale du Travail) analyse en détail l'évolution et les conséquences de l'emploi atypique. Il s'appuie sur les normes internationales du travail et les expériences nationales pour proposer des recommandations contribuant à assurer la protection des travailleurs, la viabilité des entreprises et le bon fonctionnement des marchés du travail. Dans la plupart des régions du monde, les lois qui réglementent le travail s'appliquent à un type d'emploi continu, à plein temps et s'inscrivant dans une relation directe de subordination entre employeur et salarié, que l'on appelle communément «relation d'emploi typique». Celle-ci confère d'importantes protections aux travailleurs, mais est aussi utile aux employeurs, qui peuvent s'appuyer sur une main-d'oeuvre stable, mettre à profit et maintenir à leur service le talent de cette dernière, tout en exerçant leur autorité et autres prérogatives patronales pour diriger et organiser le travail de leurs salariés. Au cours des dernières décennies, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, on a observé un passage marqué de l'emploi typique vers l'emploi atypique. Les formes d'emploi atypiques (ci-après l'emploi atypique) regroupent diverses modalités d'emploi qui se démarquent de l'emploi typique: travail temporaire; travail à temps partiel; travail intérimaire et autres relations d'emploi multipartites; relation de travail déguisée et emploi juridiquement indépendant mais économiquement dépendant (ci-après emploi ou travail économiquement dépendant) (voir figure 1 et encadré 1). La montée de l'emploi atypique ressort des statistiques de nombreux pays industrialisés. Dans les pays en développement, les travailleurs en situation atypique ont toujours constitué une importante part de la main-d'oeuvre, nombre d'entre eux étant des travailleurs occasionnels recrutés sur une base temporaire. Toutefois, l'emploi atypique s'est aussi développé sur des segments du marché du travail antérieurement associés à l'emploi typique. On manque de données sur certaines formes d'emploi atypique pour mettre des tendances en évidence, mais leur croissance est discernable du fait de la montée de l'anxiété que ressentent de nombreux travailleurs quant à leur emploi, qu'il soit typique ou atypique. La croissance de l'emploi atypique est une source de préoccupation, parce que, pour les travailleurs, ces modalités d'emploi sont associées à une plus grande insécurité que celle qui prévaut dans l'emploi typique. Cette évolution a aussi des conséquences importantes, et sous-estimées, pour les entreprises, lesquelles peuvent sous-évaluer les exigences de l'emploi atypique en termes de gestion, tout particulièrement si celui-ci concerne une part importante de leurs effectifs. En outre, ce qui peut être souhaitable et profitable pour le travailleur ou l'entreprise à titre individuel, surtout à court terme, peut avoir des conséquences négatives pour l'économie dans son ensemble: sous-investissement dans l'innovation, ralentissement des gains de productivité, risques pour la viabilité à long terme des systèmes de sécurité sociale, volatilité exacerbée sur les marchés du travail, médiocrité des performances économiques. Il existe d'importantes conséquences sociales, qui appellent une attention approfondie. L'Organisation internationale du Travail reconnaît que le travail peut être organisé selon diverses modalités contractuelles. Le but n'est pas de rendre tout l'emploi typique, mais plutôt de faire en sorte que tout travail soit un travail décent1. Le présent rapport s'appuie sur les normes internationales du travail et les expériences nationales pour proposer des orientations quant à la réglementation et à la gouvernance de l'emploi atypique en vue d'établir un équilibre entre les besoins des travailleurs, des entreprises et des pouvoirs publics.