Passer d'un modèle d'édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée Dans le cadre de la réflexion sur le nouveau modèle de développement, le Parti de l'Istiqlal a proposé 6 ruptures à réaliser pour pouvoir le mettre en place. Il s'agit de "Passer d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les formes de privilèges à une société de droit, garantissant l'équité"; de "Passer d'une approche basée sur l'urgence et la réaction aux crises à l'anticipation et la vision stratégique de long-terme"; de "Passer de l'éparpillement des efforts et de l'usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires"; de "Passer d'une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau des territoires"; de "Passer d'un modèle d'édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée" et, enfin, de "Passer d'une consommation abusive des ressources rares, notamment en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l'amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité". Voici un éclairage sur la cinquième rupture. Durant les 20 dernières années, notre pays a consacré une part importante de ses ressources à l'édification d'infrastructures qui, par ce qu'elles ne sont pas valorisées à leurs pleins potentiels, ne contribuent pas suffisamment à la création de richesse et d'emploi. Pour accompagner la nouvelle dynamique de développement, il est nécessaire de passer d'un modèle d'édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations. Parmi les multiples transformations qui se sont produites dans notre pays durant les 20 dernières années, la plus visible est le développement du premier réseau d'infrastructures en Afrique. Ces infrastructures ont été édifiées notamment grâce à la mobilisation d'un niveau d'investissement si situant à plus de 30% du PIB ; l'un des taux les plus importants au monde. La rentabilité de ces investissements en termes de croissance est aujourd'hui parmi les plus faibles au monde. Ainsi, pour générer 1 point de croissance, il faut, au Maroc, augmenter l'investissement de plus de 8% au lieu de 4% en moyenne pour les pays émergents. Durant la même période, le point de croissance, qui induisait la création de plus de 30'000 emplois, en crée plus ou moins 15'000. En effet, si nous savons aujourd'hui réaliser de grandes infrastructures, nous n'avons pas été en mesure de les valoriser de manière optimale ; les rares valorisations étant le fruit d'investisseurs étrangers à l'instar de l'industrie automobile à l'exception notable de l'OCP et d'une poignée d'autres investisseurs nationaux. Cette situation questionne sur la pertinence de l'orientation des futurs investissements sur le renforcement du « Soft » (Exploitation) plutôt sur l'édification « Hard » (Construction) pour créer les conditions d'un développement vertueux. Ce passage de la logique « Hard » à l'approche « Soft » implique d'orienter les investissements vers le renforcement des capacités humaines, des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée. Pour y parvenir, il s'agit de : Elaborer une stratégie nationale, déclinée au niveau régionale et locale, pour un renforcement substantiel de capacités du capital humain. Ce renforcement ne devra pas se limiter aux compétences techniques mais aussi se focaliser sur les valeurs de citoyenneté, du mérite, du travail, du respect des normes et des engagements, du savoir-être, du savoir-apprendre et du savoir-communiquer. Ce renforcement devra aussi avoir pour objectif de garantir un bagage de valeurs et de compétences fonctionnelles minimales qui permette à chacun de s'intégrer dans la dynamique de développement. Il permettra, ensuite, à ceux qui le désirent de poursuivre leur formation tout au long de la vie et de certifier leurs compétences acquises ; Consacrer une part de plus en plus importante de l'investissement public à l'accompagnement effectif du renforcement de l'appareil productif et des entreprises à travers notamment le renforcement de l'appui à l'investissement, au recrutement, à la formation des compétences, à l'innovation et à a conquête de marché ainsi qu'à travers des prises de participations directes ainsi que la prise en charge de certains risques notamment en ce qui concerne les secteurs stratégiques et/ou d'avenir fortement capitalistiques ; Allouer un part des investissements au développement des technologies et de l'innovation qui permettraient au Maroc de passer du stade de consommateur à celui de producteur de technologie et d'innovations ; Assainir, en amont, le foncier en marge des infrastructures édifiées (ou à édifier) tout en proposant une offre locative pour les industries et en renforçant les services connexes pour encourager l'investissement privé et éviter la spéculation. Notre pays est, aujourd'hui, doté d'un réseau d'infrastructures moderne qu'il est nécessaire de mieux valoriser pour créer plus de richesse et d'emplois. Pour accéder à un nouveau palier de développement, il est nécessaire, aujourd'hui, de passer d'un modèle centré sur l'édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations.