L'épineuse question de la préservation de l'environnement tiendra, de l'avis de plusieurs experts, le haut du pavé lors du sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui se déroule du 20 au 22 septembre à New York. Par Souad Adlani Ce sommet de haut niveau, qui précède l'ouverture des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU, aura réuni près de 150 chefs d'Etat et de gouvernement avec au menu de leur agenda d'autres objectifs du Millénaire, dont la lutte contre la pauvreté, l'égalité des sexes, la santé et l'éducation, ou encore le renforcement des partenariats pour le développement. D'après l'ONU, le monde a vu disparaître, de 1990 à 2005, 3 pc de ses forêts, soit une diminution moyenne de 0,2 pc par an. Due principalement à la transformation des forêts en terres agricoles dans les pays en développement, la déforestation se poursuit à une cadence alarmante avec la disparition d'environ 13 millions d'hectares par an. En plus de la dégradation de la biodiversité, entre 18 et 25 pc d'émissions de gaz à effet de serre sont causées tous les ans par la déforestation, devenue d'emblée un facteur principal de changement climatique. Depuis 1990, le nombre de personnes dans les pays en développement qui utilisent des installations sanitaires améliorées a augmenté de 1,1 milliard, l'Asie du Sud-Est et l'Asie de l'Est affichant des progressions notables. Cependant, pour atteindre l'objectif fixé par l'ONU, le nombre de personnes utilisant des installations sanitaires doit augmenter d'environ 1,6 milliard au cours des sept prochaines années. L'absence de systèmes améliorés d'assainissement et le manque d'eau sont deux des quatre facteurs qui caractérisent les bidonvilles urbains. Selon les experts de l'ONU, des interventions simples et bon marché pour combler ces lacunes amélioreraient considérablement la qualité de vie des habitants des bidonvilles. Ce sont autant de problématiques environnementales que les participants au sommet devront examiner et en proposer des solutions à la mesure des défis qu'elles impliquent, sachant qu'il ne reste que cinq ans pour l'échéance fixée pour la réalisation de cet objectif. En 2000, plus de 180 Etats membres de l'ONU s'étaient engagés, lors de l'Assemblée du millénaire, à réaliser à l'horizon 2015 les huit Objectifs du millénaire pour le développement, dont celui afférent à l'environnement. S'agissant de ce dernier objectif, l'ONU a fixé plusieurs cibles, notamment l'intégration des principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et la lutte contre la tendance actuelle de la déperdition des ressources naturelles. Selon l'organisation, "il est urgent de réagir de façon décisive au problème du changement climatique", affirmant que "le succès inégalé du Protocole de Montréal montre que des mesures contre le changement climatique sont à notre portée". Le monde n'a pas pu atteindre la cible de 2010 pour la préservation de la biodiversité, ce qui pourrait avoir de graves conséquences, avertit l'ONU. Sur un autre registre, l'on relève que la surexploitation des pêcheries mondiales s'est stabilisée, mais un effort colossal doit être consenti pour garantir leur viabilité. Les enjeux étant de taille, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a donné en août dernier le ton devant marquer le sommet sur les OMD, en annonçant la création d'un Groupe de haut niveau sur la viabilité de l'environnement mondial chargé de formuler, d'ici la fin de l'année 2011, des propositions pour "faire sortir les populations de la pauvreté tout en respectant et préservant les systèmes naturels et le climat". "Le temps des agendas étriqués et des petites idées est terminé", avait lancé le Secrétaire général de l'institution onusienne. Pour lui, il s'agit "de promouvoir une croissance sans carbone et de renforcer notre résilience aux impacts du changement climatique". Ce groupe de haut niveau doit remettre son premier rapport d'étape à la fin 2011, à temps pour alimenter les processus intergouvernementaux clefs, comme la conférence de l'ONU sur le développement durable, prévu à Rio en 2012, ainsi que les sessions annuelles de la conférence des Etats parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Le débat sur l'environnement dans le cadre du sommet de haut niveau sur les OMD intervient à deux mois d'un rendez-vous tout aussi important, en l'occurrence la prochaine conférence de l'ONU sur le réchauffement climatique, prévu à Cancun, au Mexique, du 29 novembre au 10 décembre prochains. Le secrétaire général de l'ONU a déjà exprimé son souhait que cette conférence soit l'occasion "d'avancer de manière concrète sur les points clefs que sont l'adaptation, le financement, le renforcement des capacités, le transfert des technologies et le reboisement". Pour M. Ban, les parties prenantes aux négociations doivent oeuvrer à la restauration de la confiance entre pays en développement et pays développés.