Cinq ans après le Brexit, le Royaume-Uni fait un pas symbolique vers l'Europe en annonçant son retour dans le programme Erasmus+. Dès 2027, les étudiants britanniques pourront à nouveau profiter de cette passerelle européenne de mobilité académique. Ce revirement marque un changement d'ère dans les relations entre Londres et Bruxelles, amorcé par le gouvernement travailliste de Keir Starmer. C'est une page qui se tourne dans l'histoire des relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Après cinq années d'absence, Londres s'apprête à réintégrer le programme Erasmus+, emblème de la coopération éducative en Europe. Cet accord, conclu avec Bruxelles et prévu pour entrer en vigueur dès 2027, reflète une volonté assumée du gouvernement britannique de renouer des liens constructifs avec les institutions européennes. Pour Nick Thomas-Symonds, ministre britannique des relations avec l'UE, cette décision est bien plus qu'un simple retour administratif : « L'adhésion à Erasmus+ est une victoire majeure pour nos jeunes, en levant les obstacles et en élargissant les horizons afin que chacun, quelle que soit son origine, ait la possibilité d'étudier et de se former à l'étranger ». Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a salué ce rapprochement comme une «ouverture à de nouvelles expériences partagées et à des amitiés durables». L'accord s'inscrit dans une dynamique plus large impulsée par le Premier ministre Keir Starmer, élu en juillet 2024. Contrairement à ses prédécesseurs conservateurs, il prône un apaisement des relations avec Bruxelles. Dès mai dernier, Londres et l'UE avaient établi un «nouveau partenariat stratégique», prémices du retour au sein d'Erasmus. Un retour attendu par les étudiants et les universités Le départ du Royaume-Uni du programme Erasmus, décidé en décembre 2020 par le gouvernement de Boris Johnson, avait été très critiqué. L'ancien Premier ministre justifiait alors son retrait par des raisons budgétaires et le déséquilibre entre le nombre d'étudiants européens accueillis au Royaume-Uni (environ 35.000 par an) et celui des Britanniques envoyés en Europe (17.000). Il avait proposé une alternative : le programme Alan Turing, centré sur la mobilité internationale, mais qui n'a jamais égalé la richesse et l'ancrage institutionnel d'Erasmus+. De nombreux acteurs de l'enseignement supérieur britannique considéraient cette perte comme un recul pour l'ouverture et l'attractivité des universités du pays. Le retour au programme Erasmus+, en plus de restaurer cette attractivité, offrira dès 2027 des opportunités à plus de 100.000 bénéficiaires, selon les estimations du gouvernement. Celui-ci a précisé que les étudiants comme les apprentis seront concernés, avec une attention particulière portée aux groupes défavorisés. Le dispositif couvrira également des stages dans des entreprises européennes de premier plan. Une contribution financière conséquente, mais stratégique Le coût de la participation du Royaume-Uni pour l'année universitaire 2027-2028 s'élèvera à environ 570 millions de livres (648 millions d'euros). Londres insiste cependant sur la nécessité d'un partage «équitable et équilibré» des contributions pour les futures périodes budgétaires. Du côté de Bruxelles, l'enthousiasme reste prudent. L'accord doit encore être validé par les 27 Etats membres. Mais le symbole est fort. Depuis sa création en 1987, Erasmus a permis à plus de 9 millions d'Européens de vivre une expérience d'études ou de stage à l'étranger. Pour beaucoup de jeunes Britanniques, le programme a été un vecteur de découverte et d'identité européenne. Entre 2014 et 2019, le Royaume-Uni était même la destination favorite des étudiants français.