Plus de 17,5 millions de vénézuéliens sont appelés aux urnes, dimanche, pour renouveler la totalité des 165 sièges de l'Assemblée nationale (AN) et l'élection de 12 représentants au Parlement latino-américain (Parlatin). Par Hassan Achahbar, ES Les analystes politiques prévoient un score serré entre le parti du président Hugo Chavez et la coalition "Unité démocratique" (PUD) et s'abstiennent de pronostiquer un quelconque vainqueur surtout que la campagne électorale n'a pas su motiver les indécis qui constituent la grande masse de l'électoral, soit près de 40 pc. De ce fait, estiment-ils, les résultats sont imprévisibles, bien qu'ils s'accordent sur le fait que, sans bouleversement, le gouvernement conservera la majorité à l'Assemblée nationale (AN), chambre qu'il contrôle presque entièrement depuis les législatives de 2005. Pour l'opposition, l'élément prioritaire est qu'elle puisse siéger à nouveau à l'AN d'où elle s'était auto-exclue en 2005, après avoir boycotté les législatives de cette année à cause, disait-elle, de l'absence de garanties démocratiques. La quinzaine de partis de l'opposition, regroupés au sein de la coalition "Table de l'unité démocratique" (MUD) est consciente de ses limites et ne prétend pas "changer le gouvernement, mais seulement la forme de gouverner", en reprenant l'initiative à l'Assemblée nationale. L'objectif prioritaire de la "MUD", insiste-t-on, est d'empêcher le Parti socialiste Uni du Venezuela (PSUV), du président Hugo Chavez, d'obtenir la majorité des deux tiers (110 sièges), voire même la majorité des trois cinquièmes (99 sièges), requises respectivement pour la nomination de hauts magistrats et l'adoption de lois importantes, telle la loi dénommée "Loi habilitante", en vertu de laquelle le parlement délègue au chef de l'Etat la prérogative de légiférer par décret. Pour le secrétaire exécutif de la "MUD", Ramon Guillermo Aveledo, il s'agit d'une lutte inégale, mais cela, a-t-il affirmé, ne doit pas influer par trop sur les résultats de l'élection de dimanche. Divisés et affaiblis durant les onze années de gouvernements du président Chavez, les partis de l'opposition ont franchi une grande étape en 2010, en décidant de s'unir et de se réorganiser dans le cadre de l'"Unité démocratique" autour d'un agenda législatif et d'un programme politique de "100 propositions". Ainsi, pour les présentes législatives, l'"Unité démocratique" est parvenue, outre la création d'une plate-forme électorale, à s'entendre sur la désignation d'un candidat unique dans la plupart des circonscriptions. De son côté, le président Hugo Chavez a créé, suite à l'échec de son référendum constitutionnel de décembre 2007, le "PSUV" au sein duquel ont fusionné trois grands partis pro-gouvernementaux. Pour le "PSUV", le scrutin de dimanche constitue un enjeu majeur non seulement parce qu'il s'agit de conserver le contrôle de l'AN, mais surtout parce qu'il considère ces élections comme ayant un caractère plébiscitaire et valeur de test quant à l'avenir politique du président Chavez, qui a l'intention de briguer un nouveau mandat en 2012. "Si Dieu m'accorde (longue) vie, je suis prêt pour six autres années à partir de décembre 2012", a-t-il affirmé dans une déclaration rapportée jeudi par la presse locale. Cependant, le "PSUV" , bousculé par l'agenda électoral, a fait preuve d'improvisation dans la désignation de candidats peu connus ou sans assise auprès de l'électorat, ce qui constitue un handicap majeur à son aspiration à perpétuer sa domination de la scène politique vénézuélienne. A cela s'ajoute une conjoncture économique peu favorable à la politique d'assistance sociale, seul palliatif au chômage et au manque de revenus chez de larges franges de la société. En effet, la crise financière internationale de 2008 a frappé de plein fouet l'économie vénézuélienne dépendante presqu'exclusivement de l'exportation pétrolière et de l'importation des produits alimentaires de base, dont la facture pèse de plus en plus lourd sur le budget de l'Etat, absorbant près de 40 du PIB. La dévaluation de 100 pc du bolivar, un taux d'inflation de près de 30 pc, les pénuries de produits de première nécessité, les coupures prolongées d'électricité, le chômage et l'insécurité, ont été autant d'arguments mis à profit par les partis de l'opposition pour plaider le changement. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le président Chavez a organisé 12 consultations, dont il n'y a perdu qu'une seule: le référendum constitutionnel de décembre 2007, rejeté par 50,7 pc des suffrages. Lors des élections régionales de 2008, le gouvernement s'est remis de cette défaite en remportant les suffrages dans la plupart des 24 Etats (provinces), même s'il a perdu les gouvernorats des régions urbaines les plus politisées, notamment le District de Caracas et les Etats de Miranda, Tachira, Carabobo et Zulia. Le gouvernement a aussi perdu un grand allié, le gouverneur de l'Etat de Lara, Henri Falcon, qui a opté pour le parti Patrie pour tous (PPT), une formation de centre-gauche fondée en 1997 et qui a refusé de fusionner dans le PSUV et présente ses propres candidats aux élections de dimanche.