La City, quartier financier de Londres et poumon de l'économie britannique, se trouve au cŒur d'une polémique, suscitée par les mesures retenues par le gouvernement britannique pour limiter les bonus des hauts cadres bancaires. Plusieurs voix se sont élevées au sein de la City, avertissant que la décision du gouvernement d'imposer une taxe de l'ordre de 50 pc sur les bonus bancaires dépassant les 25.000 livres Sterling, risque de porter atteinte à la place de Londres en tant qu'un des principaux centres financiers de la planète. Le Maire conservateur de Londres, Boris Johnson, a ravivé lundi le débat, lorsqu'il a mis en garde que la taxe, annoncée par le ministre de l'Economie et des Finances Alistair Darling à l'occasion de la présentation en décembre du pré-budget de son gouvernement, provoquera une émigration massive des cadres de la City vers d'autres cieux plus cléments. Selon le responsable, pas moins de 9.000 hauts cadres bancaires devront quitter cette année la City en raison de la taxe jugée "exorbitante". La culture des bonus a été pointée du doigt, y compris par le Premier ministre Gordon Brown, comme étant l'un des facteurs ayant contribué à la crise financière internationale, qui a menacé plusieurs grandes banques de la place financière londonienne d'une faillite qui semblait inévitable. Le gouvernement Brown a du recourir aux fonds publics pour injecter des milliards de livres Sterling pour sauver ces banques. En dépit de l'intervention de l'Etat et les multiples appels à la retenue, plusieurs banques, y compris celles ayant bénéficié du plan de sauvetage gouvernemental, ont annoncé leur intention de verser des bonus à leurs cadres. Selon la presse londonienne, la banque Goldman Sachs devra consacrer une enveloppe d'une valeur de 10 milliards de livres Sterling pour payer des primes à ses hauts cadres. De son coté, la Royal Bank of Scotland (RBS), ou l'Etat détient la majorité des actions, déboursera quelque 25 milliards de livres à cet effet. A l'occasion d'une sortie jugée "fracassante" par les médias, le Maire de la capitale britannique a appelé le gouvernement à revoir sa décision d'imposer la nouvelle taxe sur les bonus, estimant que l'initiative gouvernementale compromettrait le rôle crucial que la City joue dans l'économie du pays. Les commentaires de Boris Johnson ont été interprétés comme dénotant l'intention de sa formation travailliste de faire de la question des bonus un sujet de débat lors de la campagne pour les élections législatives, prévues pour le printemps prochain. Le parti conservateur, qui n'a pas encore commenté les propos du Maire, avait indiqué qu'il s'alignait sur la position de son rival, le parti travailliste, au sujet de la question des bonus. Par ailleurs, la presse londonienne a rapporté que des multinationales comme Goldman Sachs et JP Morgan envisagent de quitter Londres. De hauts responsables, dont Stuart Fraser, Président de la Corporation de la City, ont exprimé leur soutien à la campagne lancée par le Maire de la capitale. "Il existe un réel danger de voir les banquiers quitter Londres en raison de la nouvelle taxe", a dit Fraser, estimant que "la super-taxe à complètement échoué à obliger les banques à réduire leurs bonus. Il a mis en garde que le refus du gouvernement de revoir sa décision ne fera que servir les intérêts des centres financiers internationaux rivaux. "L'échec de prendre en compte ces mises en garde aura de fortes implications pour Londres", indique quant à lui, David Bulk, haut responsable de la firme financière BGG Partners. Par ailleurs, le Maire de la capitale britannique a fait savoir, dans une lettre envoyée à la trésorerie, que des banquiers britanniques et étrangers réfléchissement sérieusement à quitter la City. Il a expliqué que des banques ont déjà informé la mairie de leur intention de délocaliser leurs banquiers vers d'autres centres ou les taxes ne sont pas aussi élevées.