L'absence d'une zone maghrébine de libre échange constitue un "grand problème" qui nuit aux peuples de la région du Maghreb, estime le directeur du Centre marocain d'études stratégiques (CMES), M. Mohamed Benhammou. "La fermeture des frontières entre les pays de la région et les obstacles administratifs, douaniers et sécuritaires portent préjudice à des millions de jeunes maghrébins sans emploi", relève M. Benhammou dans une interview publiée vendredi par le quotidien tunisien "Assabah", ajoutant que ce constat entrave l'investissement et retarde des milliers de projets communs en industrie et services décidés lors du sommet de Marrakech de 1989 et lors des congrès suivants. Les pays du Maghreb ont le droit de critiquer le soutien insuffisant apporté par l'Union européenne (UE) au développement dans la région, indique le chercheur marocain, également président de la Fédération africaine des études stratégiques. Face à l'aide insuffisante de l'UE, il est nécessaire d'ouvrir les frontières et de faciliter le flux des passagers, des marchandises et des capitaux entre les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA), a-t-il dit, déplorant la faiblesse des échanges commerciaux entre ces pays par rapport "au reste de nos partenaires commerciaux tels que les Etats Unis, la Chine et le Japon". Le développement des échanges commerciaux avec l'UE "ne pourra remplacer notre partenariat maghrébin et les relations Sud-Sud aux niveaux arabe, africain et musulman", a estimé M. Benhammou. "Les pays du nord, a-t-il dit, s'intéresseront plus à nous lorsque nous réussirons à mettre en place un large marché qui s'étend de Nouakchott à Benghazi avec 100 millions de citoyens jouissant de la stabilité". Le chercheur marocain a plaidé, dans ce cadre, pour davantage d'intégration et de coordination entre les pays du Maghreb.