REIM Partners investit plus d'un milliard de dirhams dans le premier OPCI dédié à la santé    L'OMPIC participe à la 1ère réunion de l'Alliance francophone de la propriété intellectuelle    Dar Taarji dévoile AKAN, une collection singulière de boutique-hôtels de charme    Morocco and France strengthen parliamentary ties at APF session in Paris    Maroc : Israël nomme un attaché économique pour la première fois    Ballon d'or 2025 : Achraf Hakimi séduit la presse internationale    CAN 2025 - Mondial 2030 : Réunion sur l'état d'avancement des projets programmés    France : Un Franco-Marocain tué après avoir tenté de stopper une violente altercation    Marrakech : L'influenceuse Fidji Ruiz hospitalisée avec son mari Anas après un grave accident de la route    Rebuilding Al-Haouz : 46, 650 homes restored and over 4.2 billion dirhams in aid    Al-Haouz : 46 650 familles ont achevé la construction et la réhabilitation de leurs maisons    Jazzablanca 2025 : From Jazz to urban poetry, TIF and Alfa Mist light up Anfa Park    Réseau : Auto Nejma tisse sa toile à Agadir    L'Université d'Aix-Marseille attribue le titre de «Docteur Honoris Causa» à Mostafa Terrab    Euro féminin 2025 : Hier, l'Espagne et l'Italie qualifiées, ce soir duel pour la première place entre l'Allemagne et la Suède    Les Gardiens du Patrimoine : bande-annonce    L'intelligence artificielle, catalyseur de réinvention de l'action publique au Maroc    Gouvernance des données : Pilier négligé de notre stratégie digitale ? [INTEGRAL]    Algerian Referee Sparks Controversy at Women's Africa Cup of Nations After Removing "RAM" Logo    Oulad Youssef : Intervention réussie des forces de sécurité pour neutraliser un individu ayant agressé un agent de la protection civile et s'étant retranché dans un château d'eau    Les prévisions du samedi 12 juillet    CAN (f) Maroc 24 / Groupe C (J2) : La Tanzanie accroche l'Afrique du Sud    CAN (f) 24 / J3 : Ce soir, Maroc-Sénégal, le suspense à son comble !    CAN Féminine : L'Afrique du Sud évite le piège tanzanien et préserve ses chances    Tanger : Le vice-président de Mghogha placé en détention pour des affaires immobilières suspectes    Londres : un homme poignardé à mort par un agresseur cagoulé à Knightsbridge    Chambre des représentants : adoption en commission du PL portant création de la "Fondation Maroc 2030"    Rissani : Plus de 245 MDH pour sauvegarder le site archéologique de Sijilmassa    Mémorandum d'entente entre l'OMPIC et son homologue émirati    Justice transitionnelle : Amina Bouayach expose l'expérience marocaine à Beyrouth    Rabat-Salé-Kénitra : Huit centres de santé réhabilités    Jazzablanca 2025 : Parcels, le groove parcel-lement parfait !    Maroc : l'OIM au chevet de 10 000 migrants, dont des enfants livrés à eux-mêmes    Saâd Abid : «Le secteur privé peut, lui aussi, soutenir ces initiatives dans le cadre d'une stratégie RSE.»    Ghana. Mahama inaugure la Task Force du Gold Board    Cinéma : "13 jours, 13 nuits", Roshdy Zem rejoue l'évacuation de Kaboul    Donald Trump menace d'imposer des droits de douane de 35% sur les produits canadiens    Chine: Des universités lancent un programme de licence en économie de basse altitude    Le ministère de l'Equipement et de l'Eau se dote d'un vaste pôle technologique    MOGA Essaouira est de retour du 1 au 5 octobre 2025    Droits d'auteur: Attestation de Diffusion, s'abstenir !    Maroc Digital 2030: Lancement d'appel à concurrence pour des licences de 5G    Un récidiviste vole deux véhicules à Salé sous la menace, la police récupère les voitures et identifie un complice    La Chine à mes yeux: un concours ouvert aux Marocains pour découvrir et raconter la Chine    HCP: La croissance économique devrait se maintenir en hausse au troisième trimestre 2025    USA : Trump lance la diplomatie du commerce    72 % des Français veulent mettre fin aux privilèges accordés aux Algériens en France    Climat : chaleurs record au mois de juin    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Burkina Faso : La nébuleuse terroriste continue de faire tomber des victimes
Publié dans Maroc Diplomatique le 14 - 09 - 2019

Le Burkina Faso est en deuil depuis dimanche 08 septembre. La nébuleuse terroriste continue de faire tomber des victimes parmi les innocents. Deux attaques terroristes de grande envergure ont frappé, le weekend dernier, le pays faisant un bilan lourd : 29 civils ont perdu la vie dans ces actes ignobles.
Ce crime odieux s'est produit lorsqu'un camion a sauté sur un objet explosif improvisé : Un convoi humanitaire a été dans la cible des assaillants. Ces attaques interviennent à un moment crucial, alors que le Burkina Faso s'apprête à abriter samedi 14 septembre, le Sommet extraordinaire de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), avec sur l'agenda des responsables ouest- africain, l'épineux dossier du terrorisme et les moyens pour y faire face.
Bien que le président Burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, préside le G5- Sahel sur lequel on fonde beaucoup d'espoir d'ailleurs, son pays peine à éradiquer ce fléau, qui gangrène toute la zone de l'Afrique de l'Ouest. Et pour preuve, les pays de l'Afrique subsaharienne ont vécu et continuent de vivre, ces dernières années, au rythme d'une prolifération accrue des attaques terroristes et criminelles, d'où l'impératif d'une mutualisation des efforts de tous ces pays pour enrayer le terrorisme et l'extrémisme violent.
Certes, ce pays comme ses voisins de la région se trouvent de plus en plus sensibilisés et vigilants face aux risques et menaces sécuritaires pourtant, la chronique morbide des actes terroristes au Burkina Faso comme ailleurs, se poursuit à un rythme régulier.
+ Un pays endeuillé en permanence :
Les attaques terroristes du dimanche 8 septembre viennent confirmer cette fragilité à s'immuniser contre ce fléau. La première attaque est survenue sur l'axe Barsalogho- Guendbila dans le Sanmatenga (nord- ouest d'Ouagadougou). Bilan : 15 morts et six blessés. Dans la même région du centre du pays, sur l'axe Dablo- Keibo, un camion du Programme Alimentaire Mondial (PAM) transportant des denrées, a été contraint de s'arrêter en raison du mauvais état de la route, Résultat : il finit par trouver dans le viseur d'un groupe armé. Bilan : 14 civils tués.
Du côté des autorités burkinabè, le discours et rassurant. Le porte- parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou a annoncé le déploiement de renforts militaires, alors que des opérations de ratissage ont été menées comme le veut la coutume dans ce genre de situation. Aussi, le responsable Burkinabè a saisi l'occasion pour réitérer l'engagement du gouvernement de son pays à « accompagner les organisations et les institutions intervenant dans l'action humanitaire pour la réussite de leurs missions ».
Lundi 9 septembre, le feuilleton des attentats va se poursuivre : Six gendarmes ont été tués à Inata, localité située dans la province du Soum dans le nord du pays. Alors qu'ils étaient sur le chemin de retour d'une mission de ravitaillement, les victimes sont tombées dans une embuscade, exécutée par des individus armés.
La situation au Burkina Faso est fragile et complexe. Plusieurs régions échappent au pouvoir central comme dans le Nord et à l'Est, alors même que des groupes terroristes s'activent également à l'Ouest, dans le Centre comme au Sud. Le nombre de déplacés dans le pays ne cesse de s'accroitre. Selon les chiffres du CICR, en neuf mois, on dénombre 280.000 personnes contraints de quitter leurs villages, leur bétail et leurs cultures, alors qu'au total 1,2 million de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire.
Cette situation de « non droit » offre un terreau fertile pour la prolifération de groupes terroristes. Dans ce schéma, des milices s'adonnent la mission de prendre en charge la défense des populations locales, contribuant de manière directe à l'aggravation des conflits d'ordre communautaire notamment, entre les Peuls et les agriculteurs.
+ Radioscopie des groupes djihadistes actifs au Burkina Faso :
Une radioscopie des groupes terroristes laisse constater que trois groupes jihadistes s'activent au Burkina Faso. Il s'agit du Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans (GSIM), du Malien Iyad Ag Ghali, principal leader islamiste des groupes actifs au Sahel. L'autre groupe s'appelle Ansar Al Islam rassemblant des Peuls, et qui a été crée en décembre 2016 par Ibrahim Dicko. Ce groupe est implanté au Mali et dans le nord du Burkina Faso. Ces deux groupes, dirigés par des Maliens, ont prêté allégeance à Al Qaïda. Quant au troisième groupe, il n'est autre que l'Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) conduit par Adnan Abou Walid Al- Sahraoui, et qui est apparu en 2018.
En chiffres, on estime que depuis 2015, ces trois groupes terroristes auraient tué 570 personnes au Burkina Faso.
Autour de ces trois groupes terroristes, figurent des groupuscules qui viennent s'y graviter. Ces derniers plus au moins structurés, ne disposent pas d'une grande capacité de nuisance, ne se dressent pas en bloc mais, peuvent servir à former des alliances de circonstance avec les groupes terroristes déjà connus.
Ces petits groupes locaux mènent le plus souvent leurs activités criminelles sous la protection de ceux déjà connus pour leurs actions terroristes de grande envergure au Burkina Faso. Ils agissent avec l'appui logistique et technique de ces derniers. En contrepartie, ces groupuscules contribuent à déstabiliser la région via leurs attaques et l'exercice de rapts.
+ Une prolifération accrue des groupes terroristes :
Bien que le Burkina Faso avait échappé au désordre causé en 2011, par la chute du régime de Kadhafi, le pays a vu progressivement sa situation sécuritaire se fragiliser en raison des soubresauts politiques vécus à la suite de l'insurrection populaire de l'automne 2014. La menace terroriste va, toutefois, connaitre son apogée en 2016, avec la prolifération de groupes terroristes en provenance du Mali et qui se sont repliés dans le Sahel Burkinabè pour se développer, renforcer leurs rangs davantage, et piloter des actes criminels de grande envergure.
Bien que ces groupes terroristes continuent d'utiliser le Mali comme base- arrière, ils s'attachent à recruter des jeunes Burkinabè. Certains opéraient depuis 2012 en terre malienne sous la coupole d'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), ou encore Ansar Dine, comme dans les rangs du Mouvement pour l'Unification et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). A partir de 2016, ces combattants terroristes ont focalisé davantage sur le Burkina Faso.
Dans le recrutement de jeunes combattants, les terroristes, tirant profit du malheur des autochtones, font prévaloir une batterie de facteurs allant de l'ethnique, au religieux, du social à l'économique, voire même du politique.
Profitant de leur parfaite maitrise du terrain dans un Sahel désertique « no men's land » où l'Etat est absent, de leur capacité élevée d'adaptation aux conditions climatiques souvent peu clémentes, les combattants terroristes semblent gagner du terrain.
Derrière cet état de fait, la connivence avec des groupes criminels, des trafiquants et des contrebandiers, une maitrise des nouvelles technologies de communication, et une grande capacité à changer de stratégies et de cibles.
Pour le cas du Burkina Faso, les analystes ont conclu que les terroristes changent en permanence de stratégie et de zones d'action, avec le dessein bien clair de faire comprendre à l'opinion publique leur suprématie, et leur présence étendue sur l'ensemble du territoire Burkinabè.
Capacité élevée de nuisance. Certes, nul ne pourrait dire le contraire. Ces groupes terroristes agissant le plus souvent selon un agenda bien défini, et dans l'opacité la plus absolue. Et pour preuve, toutes les stratégies adoptées pour l'éradication de la nébuleuse terroriste se sont montré inefficaces voire même inadaptées.
Le terrorisme est un ennemi invisible, sans frontière, ni nationalité. Un ennemi, chaque fois en avance, avec une capacité d'anticipation inégalable mais aussi, avec un effet surprise de plus en plus accentué.
Au Bukina Faso, comme dans les différents pays de la sous- région, les groupes terroristes trouvent le plus souvent refuge dans les zones rurales où, la pauvreté, la marginalisation et la précarité semblent être les seuls mots d'ordre.
On cible ces zones où, l'Etat est « absent » et où les populations ont de plus en plus ce sentiment d'être délaissés et marginalisés. A ce niveau, l'endoctrinement et l'embrigadement dans les rangs des jeunes, devient plus aisé, et la distillation des discours extrémistes et radicaux semble acquise facilement car, de l'autre côté, il n'existe aucun pouvoir qui pourrait, le cas échant, déconstruire et mettre à nu ces discours. Cette situation fait que l'Etat est de plus en plus mal perçu par les autochtones.
A ce sujet, Mahamadou Savadogo, Chercheur sur les questions de l'extrémisme violent à l'Université Gaston Berger, dans un article écrit pour ''The Conversation'', intitulé : « Burkina Faso : Comment s'explique la prolifération des groupes terroristes ? », écrit que : « les groupes terroristes au Burkina Faso on ainsi crée des sanctuaires là ou l'Etat a produit de la violence. La particularité des groupes extrémistes au Burkina, c'est qu'ils ne s'installent pas dans les zones qu'ils ont conquises. Ils ont adopté un style de gouvernance à distance aidée par l'absence de l'Etat, en profitant de la faiblesse du maillage sécuritaire ».
Concernant les recrutements dans les rangs des terroristes, cet expert note : « À l'origine, les combattants des groupes terroristes au Burkina étaient majoritairement exogènes et les recrutements se faisaient en dehors des frontières burkinabè. Les premières attaques sur la capitale Ouagadougou ont été revendiquées en janvier 2016 par AQMI.
Depuis un certain temps, leur stratégie d'occupation du territoire ainsi que leur mode de recrutement ont changé, devenant de plus en plus local, principalement dans leurs bastions.
Pour augmenter le nombre de leurs adeptes, ils ont su exploiter les désordres locaux, et sont passés maîtres dans l'art d'alimenter les tensions sociales et d'attiser les conflits communautaires ».
On estime également, que les méthodes de lutte contre les terroristes souvent adoptées par l'Etat (exactions commises par les forces de défense et de sécurité) drainent de nouveaux adeptes vers les groupes terroristes.
Une analyse des cibles des groupes terroristes au Burkina Faso laisse comprendre qu'elles s'articulent, dans nombre de cas, autour des symboles de l'Etat : membres des forces de défense et de sécurité ou encore, les autorités coutumières. Des menaces sont souvent proférées à l'égard de personnalités publiques mais, il y a une difficulté de les atteindre.
Là encore, le professeur Savadogo écrit : « Ce faisant, les terroristes s'assurent non seulement la sympathie d'une partie de la population, tout en s'érigeant en justiciers venant au secours du peuple opprimé par son propre Etat prétendument instrumentalisé par les puissances occidentales. C'est, en tout cas, ce type de messages qu'ils véhiculent pour justifier le fait de s'en prendre aux symboles de l'Etat ».
Au Burkina Faso ou ailleurs, une part de responsabilité de la prolifération des groupes terroristes incombent également aux groupes d'autodéfense. Ceux-ci dans nombre de cas se montrent comme étant en concurrence avec l'Etat. Ils peuvent donner l'impression également aux populations, de le remplacer purement et simplement, ce qui pourrait être compris comme une faiblesse voire même, une incapacité de l'Etat à exercer ses prérogatives régaliennes de paix et de sécurité des citoyens.
Certes, si l'action militaire demeure « indispensable » en matière de lutte contre le terrorisme, il apparait, cependant, inefficace. Changer de méthode et de paradigmes s'impose. Prendre en charge les questions de développement socio- économique, le renforcement de la bonne gouvernance, l'investissement dans l'éducation et la formation, et l'association des jeunes et des femmes dans tous les projets de développement, semblent à notre avis le moyen adéquat pour vaincre l'obscurantisme et l'extrémisme violent.
En attendant ce changement des visions, les pays de l'Afrique de l'Ouest ont encore un long chemin à parcourir en matière de lutte contre un fléau de portée internationale.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.