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Les tourismes médical et professionnel, plus que des impactés !
Publié dans Maroc Diplomatique le 24 - 01 - 2022


Par O. DELAGARDE et M. NDIONGUE
Depuis l'avènement de la pandémie du Covid-19, le secteur des tourismes a du plomb dans l'aile, mis à terre par les vagues de restrictions qui ont toujours cours dans certains pays, dont le Maroc. Si les impacts du tourisme de luxe ou de masse ont fait que des dégâts économiques, celui médical et professionnel ont des conséquences fâcheuses beaucoup plus larges. En décryptage, nous reviendrons sur quelques conséquences des tourismes médical et professionnel.
Me Romain Berthon, avocat, professionnel des affaires, analyse les contrecoups de la fermeture des frontières dans le secteur du tourisme professionnel.
Le Tourisme médical est une niche à très forte valeur ajoutée qui génère plus de 80 milliards de dollars/an et qui a connu une évolution mondiale remarquable durant la dernière décennie puisqu'il a enregistré un potentiel de croissance annuelle de 30%. Le Maroc est loin d'avoir atteint son potentiel dans l'industrie du tourisme médical, « mais une stratégie de marque nationale et des investissements suffisants pourraient s'avérer utiles ».
Au Maroc, le secteur pourrait générer plus de 300.000 arrivées supplémentaires, estime le président du conseil d'administration de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) Imad Berrakad.
Le Maroc s'est classé 31e au classement général de l'indice du tourisme médical 2020-2021, un classement inférieur à la moyenne. Bien que les hôpitaux privés marocains puissent être attrayants pour les étrangers, l'indice indique que les visiteurs considèrent généralement les hôpitaux publics du pays « comme usagés et manquant de médecins qualifiés, de médicaments et d'équipements ». La même source indique que le Maroc manque d'un environnement culturel et politique idéal pour les potentiels touristes médicaux.
Pour des tarifs moins coûteux, l'industrie du tourisme médical s'est diversifiée avec des patients-touristes en provenance d'Europe ou d'Afrique pour des interventions médicales diverses, notamment la chirurgie esthétique et les traitements dentaires, dans des cliniques équipées de technologie de pointe, et dotées de staff médical qualifié.
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Comme le tourisme professionnel, le tourisme médical a connu une baisse historique durant la pandémie du coronavirus. Cette baisse est accentuée par les restrictions prolongées pour contenir la propagation du virus, entraînant indubitablement la continuité de la baisse de ce tourisme bien particulier.
Côté fréquentation, le marché marocain reste dominé par les touristes-médicaux de l'Afrique subsaharienne. Cette attractivité portée vers le Maroc a été fortement ressentie par les Subsahariens pendant le confinement. Ainsi, la récente fermeture brusque des frontières est venue donner un autre coup de massue à ce marché.
D'ailleurs, à cause de sa proximité avec les autres pays du continent, mais aussi de la coopération médicale entre le Maroc et plusieurs de ces pays, des dignitaires de l'Afrique subsaharienne faisaient leur traitement au Maroc. Mais, depuis la fermeture des frontières en 2020, suivis de plusieurs restrictions, plusieurs cas de décès seraient liés aux manques de soins pour des personnes souffrant d'autres pathologies. Pour l'heure les statistiques restent méconnues.
Si le tourisme, dans ses gammes, a connu des effets néfastes sur les économies, le tourisme médical a aussi subi un autre drame plus qu'économique.
Autre tourisme marquant fortement l'économie du Maroc : celui des affaires
Il n'est plus à démontrer l'intérêt croissant pour les investissements étrangers sur le continent africain, avec notamment comme hub majeur le Maroc. Tout comme l'attrait médical du Royaume développé plus haut, le développement ainsi que le maintien des relations d'affaires et commerciales de portées internationales, ne se contentent guère de conciliabules par visioconférences. Et la réputation d'accueil du Maroc vis-à-vis de ses partenaires en affaires, ne souffre d'aucune discussion et en fait même une terre plus que prospère avec pour phare économique, Casablanca. Et la fréquentation de la capitale des affaires et du business au Royaume, se vérifie d'une manière rationnelle par les chiffres. Ainsi, dans son rapport d'activités 2021, l'Office national des aéroports (ONDA) affiche une progression du trafic passagers de 38,9% par rapport à l'année de crise 2020. Sur ce chiffre global bien sûr, plus du tiers du volume de passagers s'enregistre en période estivale et sur les destinations à vocations touristiques. En revanche, il est intéressant de détacher la statistique de l'aéroport Mohammed V de Casablanca dont le trafic est pour la plus grande part, lié au tourisme d'affaires. Ainsi l'aéroport international de Casablanca aura vu son nombre de passagers venus de l'étranger, s'accroitre de 38,40% en 2021 par rapport à l'année précédente, soit un nombre de voyageurs de 4.150.015 millions. Lors de l'année de crise 2020, ce nombre était de 2.998.567 millions, alors qu'en 2019, début de pandémie et que les mesures sanitaires mondiales balbutiaient, Casablanca accueillait plus de 10 millions de visiteurs internationaux. Et ce sont les arrivées d'Europe qui remportent la palme avec 83,71% du trafic généré en 2021, ce qui se vérifie dans le volume des transactions d'affaires. Ainsi donc, cela permet d'affirmer qu'une fermeture des frontières ralenti inéluctablement les relations commerciales et d'investissements étrangers au Maroc.
L'avis de l'avocat, professionnel des affaires
Romain Berthon (photo ci dessous) a une expérience significative en droit immobilier ainsi qu'en droit des affaires pour le pratiquer depuis plus de 15 années, particulièrement en Afrique, où il intervient dans plusieurs pays : Algérie, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gabon, Maroc, Nigéria. Il est gérant du bureau de Casablanca du cabinet d'avocats international LPA-CGR depuis 2013. Sa clientèle – propriétaires, investisseurs, utilisateurs ou professionnels – est institutionnelle. Il intervient sur des actifs variés : bureaux, centres commerciaux, cliniques, complexes immobiliers, écoles, hôtels, industries (automobiles, aéronautiques), résidentiel, villes nouvelles, etc.
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Il assiste ses clients dans la structuration des opérations, leur mise en œuvre et pendant leur vie : acquisition et financement de l'actif, conception et construction d'immeubles, commercialisation, exploitation, restructuration et litiges.
Il consacre une partie de son temps à la vie sociale locale, notamment en donnant des cours et des conférences de droit.
Propos recueillis par Olivier DELAGARDE
Maroc Diplomatique : vous conseillez de nombreuses entreprises et investisseurs étrangers et sécurisez leurs opérations au Maroc. Habituellement, vos clients se déplacent-ils volontiers vers le Maroc dans le cadre de leurs affaires ?
Romain Berthon : Au Maroc, mais c'est peut-être aussi une réalité partout ailleurs, le contact humain et personnel est le point de départ de toutes bonnes relations, y compris les relations d'affaires. Et la tradition de l'accueil est l'un des piliers des relations humaines au Maroc. Je vois souvent les fournisseurs marocains de mes clients étrangers les accueillir dans leur maison personnelle. Promenez-vous au Maroc, vous serez invité à boire un thé. Donc oui, nos clients se déplacent volontiers au Maroc, pas seulement par exotisme, mais aussi pour satisfaire à la culture locale, notamment à la culture des affaires.
MD : Depuis la mi-novembre 2021, les frontières du Royaume sont fermées pour les raisons que l'on connait. Ce fait a-t-il perturbé les projets de vos clients ?
RB : Evidemment, la liberté de circulation bénéficie aux affaires. Mais comme partout dans le monde, si nos clients souhaitent vraiment réaliser une transaction, ils cherchent des moyens alternatifs pour y parvenir : la visioconférence, et les autres moyens technologiques nécessaires. En revanche, certaines affaires ne se feront pas, ou pas tout de suite, en raison des difficultés d'accès au territoire : cela concerne probablement la
Romain Berthon, avocat, professionnel des affaires
catégorie de ceux qui investissent pour la première fois dans le pays. Cette réalité n'est pas la même pour ceux qui ont déjà un pied dans le pays, ou qui ont de bons relais locaux. Nos clients étrangers sans présence locale nous mandatent peut-être plus qu'à l'habitude pour que nos équipes locales assurent des réunions physiques de négociations ou de signature avec des partenaires locaux.
MD : la décision politique du gouvernement marocain, drastique au regard d'autres pays du Maghreb, a-t-elle générée une inquiétude sur l'avenir chez vos clients ?
RB : La crise sanitaire au Maroc a été prise très au sérieux depuis le début. Et la capacité du Maroc à gérer la crise de manière aussi ferme a montré un leadership politique fort de nature à rassurer tout le monde, y compris les investisseurs.
MD : plus généralement, la pandémie mondiale de COVID-19 a -t-elle impactée les investissements internationaux, les échanges commerciaux ?
RB : Dans la première phase que vivons, la plupart des pays ont pu vérifier sur pièce la nécessité stratégique de produire localement. Dans les pays où l'argent a coulé à flot (pays occidentaux), les investissements ont été plutôt nationaux. Ce phénomène a été au détriment de pays, comme en Afrique, où l'investissement étranger est un élément fort de leur croissance industrielle et donc durable.
MD : Si oui, dans quels secteurs ?
RB : Faut-il dire que le secteur du tourisme est en berne, même s'il existe une demande locale qui ne parvient pas à couvrir les volumes atteints avec les touristes étrangers ? Le secteur industriel des pays en développement a très probablement pris du retard en raison du ralentissement des investissements étrangers.
MD : Plus précisément au Maroc ?
RB : Le Maroc continue à être très attractif dans le secteur de l'automobile et agricole. Il a tiré les bonnes cartes de son jeu pour minimiser ce phénomène. Le tourisme reste le parent pauvre de la crise.
MD : Plus personnellement, l'activité de votre cabinet a-t-elle été impactée tant par la pandémie que la fermeture des frontières du Maroc ?
RB : Il y a eu moins de lancement de grands projets industriels, touristique ou immobiliers, mais ce n'est qu'une question de temps pour qu'ils reviennent sur le haut de de la pile, car la Maroc a des atouts géographiques, de savoir-faire, de maché intérieur, d'infrastructure, lié à des visions et à un leadership incomparable en Afrique. Et comme toujours, comme dans toutes les crises, de nouvelles opportunités apparaissent qu'il faut savoir voir et saisir. Par exemple, les accélérations d'utilisation du digital (télétravail, données personnelles) ont permis à mon associée d'avoir une expérience exceptionnelle sur ces sujets. Par exemple, la tension dans les rapports d'affaires révélés par la crise amène à conseiller beaucoup plus de clients en matière contentieuse ou précontentieuse (arbitrage) alors que le monde d'avant résolvait ses conflits à l'amiable.


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