Après douze années d'attente, le projet solaire Noor Atlas, initié par l'Office National de l'Electricité et de l'Eau potable et désormais porté par l'Agence Marocaine pour l'Energie Durable (Masen), entre enfin en phase active. Après avoir obtenu le feu vert du gouvernement pour créer une filiale dédiée, Masen a lancé un appel d'offres en vue de la désignation d'un assistant technique de type Owner Engineer pour accompagner la réalisation de ce projet, d'une puissance totale de 291 MW et d'un coût de plus de 2,7 milliards de dirhams. Le programme est financé à travers des prêts concessionnels de la Banque allemande KfW et de la Banque Européenne d'Investissement (BEI), en plus d'un crédit complémentaire auprès des banques au Maroc. De fait, le chef de gouvernement, M. Aziz Akhannouch a récemment accordé son aval à Masen pour la création de la filiale « Noor Atlas Energy Company S.A ». Cette société anonyme, dotée d'un capital initial de 300 000 dirhams, sera entièrement détenue par MASEN ou l'une de ses entités, comme l'indique le Bulletin officiel du 10 avril. Il convient de noter que le projet a connu de nombreux retards et réajustements depuis son lancement. Initialement prévu pour une mise en service totale en 2017, avec huit centrales photovoltaïques de taille moyenne (de 10 à 30 mégawatts – MW) et d'une puissance globale estimée à 200 MW, la mise en service a été reportée à plusieurs reprises. Lire aussi : Energies renouvelables : le Maroc, leader du solaire en Afrique Parmi les facteurs ayant contribué à ces délais figurent des révisions techniques, des ajustements réglementaires, des contraintes logistiques liées à l'implantation sur des sites isolés, mais aussi la restructuration du secteur énergétique marocain, marquée par le transfert progressif des projets de l'ONEE vers Masen en 2018. Entre 2019 et 2020, les études de faisabilité ont révélé plusieurs contraintes d'accès aux sites, notamment à Bouanane et Aïn Beni Mathar, dans la région de l'Oriental, où les terrains nécessitaient des aménagements onéreux. Par ailleurs, bien que le financement ait été initialement sécurisé grâce à des prêts de 80 millions d'euros de la KfW et 60 millions d'euros de la BEI, il a dû être réajusté afin de couvrir les surcoûts liés aux infrastructures de raccordement. En juillet 2022, Masen a lancé un appel d'offres pour la réalisation, l'exploitation et la maintenance de centrales photovoltaïques, réparties en deux lots. Le lot 1 regroupe cinq sites, Aïn Beni Mathar, Enjil, Boudnib, Outat El Haj et Bouanane, tandis que le lot 2 concerne les centrales de Tan-Tan et Tata. Huit consortiums, internationaux et marocains, ont été préqualifiés. Toutefois, l'ouverture des offres a été reportée à une date ultérieure non définie, en raison de désaccords persistants sur certaines clauses contractuelles. Aujourd'hui, ce ne sont plus que six sites qui sont retenus dans le cadre du Programme Solaire Photovoltaïque Noor Atlas. Début 2025, seuls 40 % des ouvrages du lot 1 du projet Noor Atlas sont achevés. La mise en service partielle, correspondant à une capacité de 140 MW, est désormais prévue pour mi-2026, tandis que l'ensemble des 291 MW ne devrait être pleinement opérationnel qu'en 2028. Avec seulement 58 MW effectivement connectés au réseau en 2025, la contribution du projet Noor Atlas demeure limitée, représentant à peine 2 % de l'objectif national d'atteindre 52 % d'énergies renouvelables d'ici 2030. Ce retard pourrait repousser la réalisation complète des ambitions énergétiques du Maroc au-delà de 2035, selon les analyses du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable.