Alors que l'ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet, a été rappelé et que 12 agents français ont été expulsés à la mi-avril du territoire algérien, un nouveau rapatriement de 15 fonctionnaires français par les autorités algériennes a eu lieu ce dimanche 11 mai. Un rapatriement qualifié d'« incompréhensible et brutal » par le ministre français des Affaires étrangères, M. Jean-Noël Barrot. En commémoration des massacres de Sétif, un épisode marquant de la répression française dans l'histoire algérienne, des parlementaires issus de la gauche et du centre se sont rendus cette semaine en Algérie. Ce geste a constitué un moment positif au sein d'un contexte de tension croissante entre la France et l'Algérie. À ce sujet, M. Jean-Noël Barrot, a déclaré : « Les massacres de Sétif méritent d'être commémorés », précisant que « l'ambassade de France en Algérie a déposé une gerbe de fleurs à cette occasion ». Il a souligné que cette démarche s'inscrivait dans « une logique de mémoire et de vérité engagée par la France depuis 2017 », avant d'ajouter : « La présence de parlementaires français lors de ces commémorations est positive, mais les relations bilatérales restent dans l'impasse et totalement gelées ». Le refroidissement entre Paris et Alger ne semble pas s'atténuer. Une nouvelle escalade a été observée avec l'expulsion, ce dimanche 11 mai, de plusieurs diplomates français du territoire algérien, accentuant un peu plus les tensions entre les deux pays. Lire aussi : Nouvelle escalade diplomatique: la France riposte aux expulsions algériennes Quid du narratif algérien ? Alors que l'ambassadeur de France en Algérie est toujours absent depuis son rappel à la mi-avril, c'est le chargé d'affaires de l'ambassade de France à Alger qui a été convoqué par le ministère algérien des Affaires étrangères pour être informé de la nouvelle décision. Selon la presse algérienne, cette décision s'explique par le fait que « les agents français, objet d'une affectation dans des conditions irrégulières, doivent faire l'objet d'un rapatriement immédiat vers leur pays d'origine ». Pour les autorités algériennes, ces expulsions s'inscrivent dans le respect strict de la souveraineté nationale. La réaction s'est intensifiée après la déclaration d'un conseiller du président algérien lors d'une émission télévisée : « L'Algérie est une nation souveraine et ne tolérera pas d'ingérence étrangère dans ses affaires internes ni de manque de respect envers ses lois ». Les médias algériens, reprenant de l'Agence de presse algérienne officielle (APS), soutiennent que : « Ces agents assuraient des fonctions diplomatiques ou consulaires sans que leurs affectations aient fait, au préalable, l'objet de notifications officielles ni de demandes d'accréditation appropriées, comme l'exigent les procédures en vigueur ». La France réagit Le ministre français des Affaires étrangères a réagi ce 12 mai à l'expulsion des diplomates français décidée par l'Algérie, dénonçant une mesure « incompréhensible et brutale ». Pour la diplomatie française, « cette situation est la conséquence d'une décision unilatérale et brutale des autorités algériennes, qui ont expulsé douze de nos agents », a-t-il affirmé, selon les médias français. Jean-Noël Barrot a ajouté que « le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable », tout en annonçant une réponse « immédiate, ferme et proportionnée à l'atteinte portée à nos intérêts », sans pour autant en préciser la nature. À noter que depuis le premier rapatriement d'agents français décidé par Alger, Paris a appliqué une mesure de représailles équivalente. Depuis lors, l'ambassade de France en Algérie est dirigée par un chargé d'affaires, en l'absence de l'ambassadeur M. Stéphane Romatet.