Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé dimanche dans une interview accordée à France Inter, France Télévisions et Le Monde que les relations entre Paris et Alger restaient « totalement gelées » depuis l'expulsion par l'Algérie de douze agents français à la mi-avril, suivie d'une mesure de réciprocité par la France. Cette semaine, des députés français de gauche et du centre se sont rendus en Algérie pour commémorer la répression sanglante par la France des manifestations indépendantistes du 8 mai 1945, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays. Barrot a déclaré : « Les massacres de Sétif méritent d'être commémorés », soulignant que « l'ambassade de France en Algérie a déposé une gerbe de fleurs à cette occasion ». Il a précisé que cette démarche s'inscrivait dans « la logique de mémoire et de vérité engagée par la France depuis 2017 ». Toutefois, Barrot a reconnu que si « la présence de parlementaires français lors de ces commémorations est positive, les relations bilatérales restent dans l'impasse et totalement gelées ». Un ambassadeur toujours absent Le diplomate français en Algérie, Stéphane Romatet, rappelé à Paris pour « consultations » sur demande du président Emmanuel Macron, n'a toujours pas regagné son poste, sans qu'une date de retour ait été fixée. Le ministre a attribué cette situation aux « autorités algériennes, qui ont soudainement décidé d'expulser douze de nos agents », précisant qu'il ne s'agissait pas « seulement d'une décision administrative brutale, mais de femmes et d'hommes contraints de quitter précipitamment leurs familles, leurs enfants et leurs foyers ». Interrogé sur d'éventuelles sanctions contre l'Algérie, Barrot a rappelé les mesures prises début 2022 pour « restreindre la circulation de personnalités algériennes en France », ce qui avait « fortement mécontenté les personnes concernées ». « Je ne ferme pas la porte à de nouvelles mesures. Je ne m'avancerai pas sur leur éventuelle adoption, ni sur leur calendrier. C'est ainsi que fonctionne la diplomatie », a-t-il conclu, laissant planer la menace d'un durcissement.