La société canadienne Steadright Critical Minerals Inc. a annoncé, jeudi 5 juin, la signature d'un protocole d'accord avec les actionnaires de NSM Capital, société marocaine détentrice de permis de recherches minières dans la région de Cap Juby, au sud du Maroc. Cette entente, qui ouvre la voie à une prise de participation pouvant atteindre 80 % dans le projet TitanBeach Titanium, marque une étape significative pour la junior minière canadienne, désireuse de renforcer son portefeuille stratégique hors de l'Amérique du Nord. Le projet, localisé sur une superficie de 160 km2 de sables côtiers bordant l'Atlantique, recèle des gisements alluvionnaires particulièrement riches en dioxyde de titane (TiO2). Selon des échantillonnages historiques réalisés en 2023, les teneurs mesurées s'élèvent à 42 % en fer et 4,7 % en titane. Des analyses supplémentaires sont actuellement en cours pour confirmer ces chiffres et approfondir la connaissance géologique du site. Le dioxyde de titane, sous forme de rutile ou d'ilménite, est classé parmi les minéraux critiques par plusieurs juridictions industrielles, dont le Canada, les Etats-Unis et l'Union européenne. Ce classement découle de ses nombreuses applications industrielles, notamment dans la fabrication de pigments, d'alliages métalliques, ainsi que dans l'aérospatiale et la défense. La pression sur les approvisionnements s'est accentuée ces dernières années, en raison des tensions géopolitiques, des hausses de coûts des matières premières et des restrictions imposées par de grands producteurs, dont la Chine. Steadright, fondée en 2019 et cotée à la Bourse canadienne, a fait de la diversification géographique de ses actifs un axe central de sa stratégie. Son directeur général, Matt Lewis, a salué « le potentiel remarquable des sables de TitanBeach » et souligné le cadre attractif du régime minier marocain, « propice à l'investissement, avec une exonération fiscale sur les bénéfices pendant les cinq premières années de production ». Ce régime figure en effet parmi les plus compétitifs de la région MENA, un atout qui suscite l'intérêt croissant des acteurs miniers étrangers. Lire aussi : Pression politique autour d'une découverte minière géante à Siroua Une étude conforme aux standards canadiens Le lancement, dès la semaine prochaine, d'une étude géologique conforme à la norme NI 43-101 – cadre de divulgation rigoureux reconnu dans l'industrie minière canadienne – témoigne de la volonté de Steadright de garantir la transparence et la fiabilité des données. Le géologue professionnel Robert Palkovits, consultant indépendant auprès de la société, a été mandaté pour superviser cette phase cruciale, première étape vers l'obtention d'un éventuel permis d'exploitation. L'issue de ces travaux conditionnera la conversion des licences de recherches en permis de production, conférant ainsi au projet un statut industriel susceptible d'attirer de nouveaux financements et de dynamiser l'économie locale. Le site de Cap Juby, qui avait fait l'objet d'études universitaires antérieures en raison de ses concentrations atypiques en rutile, suscite un regain d'intérêt à mesure que la transition énergétique mondiale accroît la demande en métaux critiques. La prise de position de Steadright au Maroc s'inscrit dans une dynamique plus large : la sécurisation des chaînes d'approvisionnement en minéraux stratégiques. Dans un contexte où la diversification des sources d'approvisionnement devient un enjeu géopolitique majeur, le projet TitanBeach pourrait contribuer à réduire la dépendance vis-à-vis des producteurs asiatiques, tout en renforçant les capacités d'exportation du Royaume. En parallèle de son implantation au Maroc, Steadright poursuit le développement de son projet RAM au Québec, couvrant plus de 13 000 acres dans la région de la Côte-Nord, un territoire riche en nickel, cuivre, cobalt et métaux précieux. Cette diversification illustre la vision de la société : bâtir un portefeuille équilibré entre les Amériques et l'Afrique, tout en répondant aux besoins croissants des industries vertes et des nouvelles technologies. La conclusion de l'accord sur TitanBeach ouvre donc un nouveau chapitre dans les ambitions de Steadright et met en lumière le potentiel encore sous-exploité des ressources minérales marocaines. Reste désormais à confirmer, sur le terrain, la viabilité économique et environnementale de cette nouvelle aventure extractive.