Porté par une vision claire et des atouts naturels remarquables, le Maroc s'impose comme un acteur clé de l'hydrogène vert en Afrique. Une étude internationale souligne sa compétitivité d'exportation vers l'Europe, grâce à un coût de financement attractif et une stratégie énergétique cohérente et bien structurée. Le Maroc confirme sa position de leader continental dans le domaine des énergies renouvelables. Une récente étude publiée dans la revue scientifique « Nature Energy », intitulée «Mapping the cost competitiveness of African green hydrogen imports to Europe», révèle que le Royaume est le pays africain le plus compétitif pour l'exportation d'hydrogène vert vers l'Europe à l'horizon 2030. Réalisée par une équipe de chercheurs des universités de Zurich et d'Oxford, l'étude compare six pays africains : le Maroc, la Mauritanie, l'Algérie, la Namibie, le Kenya et l'Egypte. Le Maroc se distingue par un coût moyen pondéré du capital (CMPC) parmi les plus faibles du continent, ce qui le rend particulièrement attractif pour les investisseurs. Dans un scénario commercial standard, le CMPC du Maroc est estimé à 8,1% dans un scénario commercial standard et à 10,6% dans un scénario dé-risqué (à faible risque). Ces taux restent inférieurs à ceux des cinq autres pays étudiés, traduisant la confiance des investisseurs dans le cadre économique marocain. Le CMPC est un indicateur essentiel qui détermine le coût du financement d'un projet. Plus il est bas, plus un projet est susceptible de générer des retours sur investissement attractifs. Dans le cas de l'hydrogène vert, un secteur encore en structuration, cette compétitivité financière représente un avantage stratégique. Lire aussi : Hydrogène vert africain : un potentiel bridé par les incertitudes financières (Rapport) Le Maroc bénéficie de la stabilité de son cadre réglementaire, d'une vision stratégique claire pour la transition énergétique, et d'une planification industrielle à long terme, notamment à travers des usages ciblés comme la production d'ammoniac vert ou l'exportation vers les marchés européens. L'étude de « Nature Energy » confirme également que le Maroc affiche des coûts nivelés de production d'hydrogène vert (LCOH) particulièrement bas, autour de 4,4 euros par kilogramme. À plus long terme, une autre étude publiée dans « The International Journal of Hydrogen Energy » prévoit un LCOH marocain compris entre 1,73 € et 3,28 € par kilogramme à l'horizon 2050, ce qui placerait le pays parmi les producteurs les plus compétitifs à l'échelle mondiale. Plusieurs facteurs structurels expliquent cette compétitivité : un potentiel important en énergies solaires et éoliennes, surtout dans le sud du Royaume ; une proximité géographique avec l'Europe, qui réduit considérablement les coûts logistiques ; ainsi que des infrastructures portuaires et ferroviaires développées, essentielles pour l'exportation. L'étude souligne toutefois que le Maroc devra accélérer ses investissements dans les infrastructures spécialisées (transport, stockage, électrolyseurs) et renforcer la formation de compétences locales pour maintenir son avantage comparatif face à des pays également dynamiques comme l'Egypte ou la Namibie. Ces efforts sont d'autant plus urgents que la demande européenne en hydrogène vert pourrait exploser dans les prochaines années, en réponse aux objectifs climatiques et à la recherche d'alternatives au gaz naturel. En mars dernier, le Maroc a franchi une étape décisive avec l'annonce de la sélection de cinq consortiums internationaux dans le cadre de l'initiative « Offre Maroc », visant à développer six projets d'hydrogène vert pour un investissement global de 319 milliards de dirhams. Parmi les consortiums retenus figurent notamment ORNX (Ortus, Acciona, Nordex), Taqa–Cepsa, Nareva, Acwa Power, et le groupe chinois UEG–China Three Gorges. Ces projets, répartis sur plusieurs régions du Royaume, marquent le passage à l'échelle industrielle de l'hydrogène vert marocain. Dans un contexte où l'Europe cherche à diversifier ses sources d'énergie et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le Maroc se positionne comme un partenaire stratégique crédible et stable, capable de fournir une énergie propre, compétitive et en quantité suffisante. L'étude de « Nature Energy » ne fait que confirmer une trajectoire déjà amorcée.