Les échanges agroalimentaires entre le Maroc et la Russie connaissent une nette accélération en 2025, témoignant d'un rapprochement économique significatif. Après plusieurs années de ralentissement, les deux pays renforcent leur coopération, notamment dans les secteurs des huiles végétales, des tourteaux et des céréales. D'après les données du centre fédéral russe Agroexport, la Russie a expédié plus de 8 000 tonnes d'huile de colza vers le Maroc entre janvier et avril 2025. Cette relance s'inscrit dans une stratégie russe de réorientation et de diversification de ses marchés d'exportation. En parallèle, plus de 1 400 tonnes de tourteaux et farines de soja ont également été livrées, destinées notamment à l'alimentation animale. Cette reprise intervient après une interruption de près de cinq ans. Dès 2024, les livraisons russes d'huiles et de matières grasses vers le Royaume ont redémarré, avec une forte progression. Le Maroc s'est hissé dans le top 10 mondial des importateurs de tourteaux de tournesol russes, et dans le top 5 pour le colza, consolidant sa position sur ces marchés. Le segment de l'huile de colza se distingue par sa vitalité : alors que les exportations globales russes d'huiles végétales ont diminué de 18 % au début de 2025, celles de colza ont progressé de 23 %, atteignant 503 000 tonnes, selon OleoScope. Lire aussi : Défense: Le Maroc explore l'option russe pour l'acquisition de sous-marins Les exportations russes de matières grasses et produits oléagineux à destination du Maroc ont avoisiné les 85 000 tonnes entre janvier et avril 2025. Le potentiel de croissance reste élevé : Agroexport estime que les approvisionnements agricoles russes vers le Maroc pourraient générer jusqu'à 350 millions de dollars de chiffre d'affaires. Les domaines porteurs incluent les huiles, les tourteaux, les céréales et les produits transformés. Mikhaïl Maltsev, directeur exécutif de l'Union russe des huiles et matières grasses, note que l'Afrique du Nord, et particulièrement le Maroc, représente une zone à fort potentiel pour l'augmentation des importations, en raison d'une forte dépendance du pays aux huiles végétales et aux tourteaux. De plus, la Russie fournit également du maïs, des légumineuses, de l'orge, du son, du miel, des boissons sucrées et des confiseries, contribuant à la diversification des produits échangés et au renforcement de la relation bilatérale. Ce partenariat s'inscrit dans une logique à la fois économique et stratégique. Pour le Maroc, qui importe une part importante de ses besoins alimentaires, la Russie apparaît comme un partenaire fiable. Pour Moscou, ces échanges offrent une opportunité de contourner les sanctions occidentales en consolidant sa présence sur le marché africain. Le commerce des céréales illustre aussi cette montée en puissance. Le service fédéral russe Rosselkhoznadzor indique que le Maroc a importé 124 000 tonnes de blé russe entre janvier et avril 2025, soit une hausse de 130 % par rapport à l'année précédente. Les céréales représentent une composante essentielle des exportations agricoles russes vers le continent africain. En 2024, elles ont constitué 87 % de la valeur totale des exportations agricoles russes vers l'Afrique, pour un montant global dépassant 7 milliards de dollars, en croissance de 19 %. Avec une présence commerciale établie dans 45 pays africains, la Russie renforce son rôle de fournisseur majeur, et le Maroc s'affirme comme un partenaire de plus en plus stratégique dans cette dynamique.