C'est une annonce qui marque un tournant décisif dans l'histoire industrielle et énergétique du Maroc. Après des années de rumeurs et de spéculations, le géant américain Tesla officialise son implantation dans le Royaume sous le nom de Tesla Morocco, comme le rapporte Médias24. Derrière ce nom, se dessine un projet bien plus vaste qu'une simple opération commerciale de véhicules électriques : une ambition affirmée de faire du Maroc un levier stratégique pour ses activités en Afrique et un futur laboratoire énergétique du continent. C'est par une déclaration formelle, datée du 27 mai 2025, que Tesla International B.V. et Tesla Motors Netherlands B.V. ont constitué au Maroc une société à responsabilité limitée dotée d'un capital de 27,5 millions de dirhams. Installée à la Marina de Casablanca, dans la prestigieuse Tour Crystal, Tesla Morocco déploiera une activité structurée autour de trois axes majeurs : la mobilité électrique, la transition énergétique et les infrastructures de recharge. La nomination à la tête de la filiale de deux figures expérimentées — l'Espagnol Rafael Arqueza Martin et l'Américain Shahin Oliver Khorshidpanah — témoigne du sérieux accordé à ce nouveau point d'ancrage. Cette installation vient mettre un terme à une longue attente de la part des observateurs et des acteurs de la mobilité durable au Maroc, impatients de voir Tesla concrétiser sa présence dans le pays. Lire aussi : Compensation : les émissions de dépenses chutent de 31,9% à fin mai La dimension automobile de l'initiative constitue la base du projet. Tesla Morocco sera chargée de l'importation, la vente, la distribution et la maintenance des véhicules électriques du groupe. Mais l'ambition ne s'arrête pas à la simple mise en marché de ses célèbres modèles. La société prévoit de mettre en place un service après-vente intégré, allant jusqu'à proposer des véhicules de remplacement. Autrement dit, une stratégie visant à construire un écosystème complet et pérenne, indispensable pour conquérir un marché encore en phase d'émergence. Une vision énergétique alignée avec les priorités du Maroc Mais c'est surtout le deuxième pilier du projet qui confère à l'arrivée de Tesla une portée stratégique : l'énergie. Le Maroc s'est imposé ces dernières années comme un acteur continental majeur dans la transition énergétique, avec une ambition claire d'atteindre plus de 52 % de sa capacité électrique à base d'énergies renouvelables d'ici 2030. Tesla entend s'inscrire pleinement dans cette dynamique. Son objet social prévoit en effet le développement, l'exploitation et la commercialisation de systèmes de production d'énergie, notamment solaire, ainsi que de dispositifs de stockage stationnaire. En clair, le groupe américain veut devenir un acteur du mix énergétique marocain — un domaine où son expertise mondiale en matière de batteries et de panneaux solaires peut s'avérer précieuse. Cette orientation est d'autant plus significative qu'elle pourrait faire de Tesla un partenaire potentiel du système électrique national. L'entreprise se réserve la possibilité de vendre de l'électricité et d'offrir des services de réseau, ce qui laisse entrevoir un avenir où Tesla ne serait pas seulement un vendeur de produits, mais un acteur énergétique intégré au Maroc. Troisième axe du projet : l'infrastructure. Le développement d'un réseau dense et fiable de bornes de recharge est indispensable au décollage du marché des véhicules électriques. Tesla prévoit donc l'installation de stations de recharge à travers le territoire national. Ce déploiement pourrait, à terme, combler une des principales lacunes du marché marocain, où les infrastructures de recharge sont encore très inégalement réparties. La filiale est également habilitée à développer des services numériques associés, une spécificité qui pourrait faire du Maroc un hub d'expérimentation pour de nouvelles solutions de mobilité intelligente. L'arrivée de Tesla résonne comme une reconnaissance de l'attractivité du Maroc pour les grands groupes internationaux de la mobilité et de l'énergie. Le pays dispose d'infrastructures portuaires, logistiques et industrielles de premier plan, notamment à Tanger Med et Casablanca, ainsi que d'une stratégie nationale de décarbonation ambitieuse — deux atouts déterminants pour un groupe comme Tesla, en quête de relais de croissance en Afrique et de proximité avec les marchés européens.