À l'approche d'échéances diplomatiques et électorales majeures, Washington multiplie les signaux en direction d'Alger, sommée d'adhérer au plan d'autonomie marocain. En toile de fond : la recomposition stratégique du Maghreb et la volonté américaine d'en finir avec un conflit jugé contre-productif pour la stabilité régionale. L'Algérie, soutien indéfectible du Front Polisario depuis près d'un demi-siècle, fait aujourd'hui l'objet d'un rappel à l'ordre d'une intensité inédite de la part de Washington. Selon un rapport publié par l'Institut espagnol de gouvernance et d'économie appliquée (IGEA), les Etats-Unis, sous l'impulsion de Donald Trump en campagne pour la présidentielle de mi-mandat en 2026, ont engagé une véritable offensive diplomatique en faveur d'un règlement du conflit du Sahara sous souveraineté marocaine. Objectif : parvenir à un accord avant l'échéance électorale américaine et consacrer définitivement la centralité du Maroc comme partenaire stratégique en Afrique du Nord. Depuis sa reconnaissance officielle, en décembre 2020, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, Washington n'a cessé de réitérer son appui au plan d'autonomie présenté par Rabat comme base unique de solution. Mais cette fois, le ton se durcit. Les Etats-Unis, selon le rapport espagnol, conditionneraient désormais leurs futures relations économiques avec l'Algérie à une désescalade immédiate, et à un retrait progressif de son soutien politique, militaire et logistique au Polisario. Selon la source, les autorités américaines auraient ainsi proposé à Alger une série d'incitations : investissements ciblés dans le secteur énergétique, partenariats technologiques avancés, et intégration plus fluide aux flux économiques transatlantiques. En contrepartie, Washington exige le démantèlement des camps de Tindouf, le retrait du soutien au Polisario et une acceptation, même tacite, de la solution marocaine. Faute d'engagement clair, la menace d'un isolement diplomatique se précise. Le rapport mentionne également des « complications juridiques majeures » visant des entreprises algériennes soupçonnées de financer ou de faciliter des activités du Polisario, qualifié de plus en plus ouvertement de « mouvement séparatiste militant ». Plus encore, l'administration Trump aurait agité l'hypothèse d'une désignation officielle du Front Polisario comme organisation terroriste, ce qui ouvrirait la voie à des sanctions ciblées. Les précédents rappels à l'ordre ne manquent pas. Déjà sous la première administration Trump, les Etats-Unis avaient brandi la menace d'un retrait de leur financement à la MINURSO arguant du caractère figé d'un processus onusien sans horizon politique crédible. Cette posture critique à l'égard du statu quo, toujours soutenue par certains cercles à Washington, resurgit avec force à l'approche du 50e anniversaire de la Marche verte, que les Américains identifient comme une fenêtre symbolique pour imposer une solution définitive. Alger dans une posture rigide et belliciste Face à ces pressions multilatérales, l'Algérie semble camper sur une ligne dure. Le soutien au Polisario est réaffirmé à intervalles réguliers dans les discours officiels, et les manœuvres militaires dans la région sud du pays se sont intensifiées depuis 2023, traduisant une posture de confrontation qui inquiète à Washington autant qu'à Paris. Lire aussi : Iran- Israël : Vers une impasse diplomatique pour les négociations L'attitude d'Alger est perçue, dans les milieux stratégiques occidentaux, comme celle d'un « trouble-fête régional », empêchant toute stabilisation durable au Maghreb et par extension au Sahel. Alors que la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis s'alignent désormais sur la solution marocaine, l'Algérie demeure isolée dans son soutien à une option référendaire considérée comme impraticable par la majorité des chancelleries. Ce positionnement intransigeant fragilise la diplomatie algérienne, d'autant plus que de nombreux pays africains et arabes ont déjà ouvert des consulats dans les provinces du Sud marocain, reconnaissant de facto la légitimité de la souveraineté marocaine. En filigrane, c'est toute la stratégie américaine en Afrique qui s'esquisse. Le Maroc est perçu comme une plateforme de stabilité, de croissance et de coopération sécuritaire. Son ancrage occidental, sa proximité avec l'Europe et sa position géographique entre Atlantique, Sahel et Méditerranée en font un partenaire de premier rang pour Washington. Le conflit du Sahara, dans cette lecture, ne représente plus une simple question de décolonisation, mais un nœud géopolitique qui entrave la projection de stabilité et d'influence dans la région. D'où l'empressement de Trump à solder ce dossier – non seulement pour inscrire une victoire diplomatique dans son bilan électoral, mais aussi pour verrouiller un axe Washington-Rabat à forte portée continentale. L'Algérie, de son côté, voit se resserrer l'étau. Ses marges de manœuvre diplomatiques s'amenuisent, ses alliances régionales s'effritent, et les signaux envoyés par les capitales occidentales convergent : le temps de l'ambiguïté est révolu. En refusant toute flexibilité, Alger risque de se retrouver reléguée à un rôle marginal, voire stigmatisée comme acteur hostile à la paix régionale.