Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a défendu l'exploration pétrolière dans la région dite de Margem Equatorial, vaste zone maritime au large de l'Amazonie, affirmant que « le monde n'est pas encore prêt à vivre sans pétrole ». « Je suis favorable à ce qu'on travaille à l'idée, un jour, de ne plus utiliser d'énergies fossiles, mais je suis réaliste : le monde n'est pas prêt pour ça », a-t-il déclaré dans une interview diffusée jeudi. Lula estime que, si elle est exploitée de manière responsable, cette ressource pourrait « cesser d'être un combustible aussi diabolique ». S'étendant du Rio Grande do Norte à l'Amapá, à l'embouchure du fleuve Amazone, la Margem Equatorial suscite de vifs débats. Pour ses défenseurs, elle représente un potentiel stratégique pour le développement énergétique et financier du pays ; pour ses opposants, elle menace des écosystèmes sensibles, au cœur même de l'Amazonie bleue. Lire aussi : Le crépuscule du pétrole : Vérité, mensonges et jeu de réserve finale Le chef de l'Etat a assuré que le Brésil ne saurait renoncer à cette richesse naturelle. « Ce que nous pouvons faire, c'est garantir que rien ne sera entrepris sans précaution, ni sans engagement envers l'environnement », a-t-il affirmé. Lula a également insisté sur le rôle du pétrole comme levier de transition, en soulignant les avancées du Brésil dans les biocarburants : « Notre essence contient déjà 30 % d'éthanol, et notre diesel, 15 % de biodiesel », a-t-il rappelé. Selon lui, le pétrole peut, paradoxalement, financer la sortie progressive des énergies fossiles. Le président a aussi défendu le rôle de Petrobras, « l'une des entreprises les plus modernes au monde pour l'exploration en eaux profondes ». « Pourquoi le Brésil renoncerait-il à prospecter pendant que les Etats-Unis, la Norvège ou le Qatar continuent d'exploiter leurs réserves ? », s'est-il interrogé. À moins de cinq mois de la COP30, qui se tiendra en novembre à Belém, au cœur de l'Amazonie brésilienne, ces déclarations tracent les contours d'un discours climatique pragmatique, où la souveraineté énergétique du Brésil s'articule avec les impératifs de la transition.