Prévu pour moderniser le parc vieillissant des autocars au Maroc, le programme national de renouvellement accuse un sérieux retard. Malgré une enveloppe budgétaire importante, les résultats restent insignifiants. Coûts élevés, exigences inadaptées et obstacles réglementaires freinent sa mise en œuvre, mettant en péril son efficacité et ses ambitions initiales. Annoncé en grande pompe pour revitaliser un parc d'autocars vieillissant, le programme marocain de renouvellement des véhicules de transport routier de voyageurs semble aujourd'hui s'enliser. Un an après sa mise en œuvre, les résultats sont déconcertants : à peine deux autocars ont été remplacés en 2024, selon les médias. Du côté des institutions chargées de son déploiement, le silence prédomine, aucune donnée officielle n'a été rendue publique à ce jour. Doté d'une enveloppe annuelle de 200 millions de dirhams entre 2024 et 2026, ce dispositif visait à inciter les professionnels à se doter de véhicules plus récents, neufs ou d'occasion, sous réserve qu'ils ne dépassent pas les 7 ans d'âge. En contrepartie, une subvention dite « à la casse » est allouée. Or, cette condition, censée être incitative, s'est révélée inadaptée à la réalité du terrain. Lire aussi : Presse : L'ANME plaide pour une régulation éthique et autonome du secteur Le coût d'un autocar neuf avoisine les 2,4 millions de dirhams, un investissement hors de portée pour la majorité des transporteurs, même en tenant compte de l'aide proposée. Quant aux modèles d'occasion de moins de 7 ans, ils demeurent introuvables, la plupart des opérateurs conservant leurs véhicules récents. Face à ces obstacles, les professionnels du secteur plaident pour une révision en profondeur des modalités du programme. Parmi les pistes évoquées figurent l'extension de l'âge limite des autocars d'occasion admissibles à 10 ans, ou encore la révision de la réglementation sur la durée de vie des véhicules en circulation, actuellement plafonnée à 20 ans. Beaucoup estiment qu'un véhicule régulièrement contrôlé par une visite technique semestrielle devrait pouvoir continuer à rouler. L'importation d'autocars d'occasion depuis l'étranger, notamment de pays européens, pourrait représenter une alternative pertinente. Toutefois, la réglementation marocaine interdit l'entrée de véhicules de plus de 5 ans, rendant cette option quasiment caduque. Même l'achat de véhicules neufs en provenance de certains pays asiatiques se heurte à des freins administratifs, fiscaux et techniques, allant des procédures d'homologation à la lourdeur des taxes douanières. Par ailleurs, le programme inclut une aide destinée à l'installation d'équipements de sécurité (GPS, radars, limiteurs de vitesse, etc.). Mais cette subvention, soumise à des conditions tout aussi rigides, demeure peu mobilisée. Faute d'assouplissements rapides et ciblés, ce programme, pourtant essentiel pour améliorer la sécurité et la qualité du transport routier au Maroc, risque de rester sans effets concrets.