Dans un tournant inattendu mais explosif de sa politique commerciale, le président américain Donald Trump a annoncé mercredi une surtaxe de 50% sur les produits brésiliens, invoquant la défense de l'ex-président Jair Bolsonaro, actuellement jugé dans son pays pour tentative de coup d'Etat. Cette mesure, qui s'appliquera dès le 1er août, fait suite à une vague de courriers envoyés depuis lundi à plus de vingt pays ciblés par les nouvelles taxes douanières américaines. Le Brésil, jusque-là épargné, devient ainsi la cible principale de cette nouvelle offensive tarifaire, malgré le fait que les Etats-Unis enregistrent un excédent commercial dans leurs échanges avec la puissance sud-américaine. Dans une lettre adressée à son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, Donald Trump justifie sa décision par « le traitement honteux » réservé, selon lui, à Jair Bolsonaro. Qualifiant les poursuites judiciaires contre l'ex-dirigeant d'extrême droite de « chasse aux sorcières« , Trump exige leur abandon immédiat. Si cette surtaxe marque un durcissement spectaculaire vis-à-vis de Brasilia, elle s'inscrit aussi dans une stratégie plus large de pression commerciale. Depuis le début de la semaine, l'administration Trump a adressé des lettres similaires à des pays aussi divers que l'Algérie, le Brunei, la Libye ou encore le Sri Lanka, pour leur notifier l'application de surtaxes douanières variant de 20 à 40%. LIRE AUSSI :Donald Trump impose une taxe de 30 % à l'Algérie et menace de représailles tarifaires Certaines capitales, comme celles de la Corée du Sud, du Japon ou de la Tunisie, avaient déjà été averties lundi. Pour ces pays, les droits de douane punitifs sont calculés en fonction de leur balance commerciale avec les Etats-Unis, conformément à la logique affichée par Trump depuis avril. Mais le cas du Brésil tranche, la mesure étant motivée moins par des considérations économiques que politiques. L'Union européenne, quant à elle, se prépare également à entrer dans le viseur de Washington. Trump a annoncé que des lettres seraient prochainement envoyées aux pays de l'UE, possiblement dès cette semaine. La Commission européenne, par la voix de son porte-parole, a affirmé vouloir parvenir rapidement à un accord commercial pour éviter d'être frappée à son tour par ces droits de douane punitifs. Objectif affiché à Bruxelles : éviter toute surtaxe au-delà du plancher de 10% établi en avril, avec des demandes d'exemptions pour des secteurs stratégiques comme l'aéronautique, les cosmétiques et les boissons alcoolisées. Initialement prévues pour entrer en vigueur le 9 juillet, ces nouvelles taxes ont été repoussées au 1er août par décret présidentiel, permettant une dernière fenêtre de négociation. Mais Trump a été clair : toute riposte tarifaire sera immédiatement suivie d'une nouvelle surtaxe de même ampleur. Cette montée en tension survient à quelques mois de l'élection présidentielle américaine, et s'inscrit dans une stratégie de campagne centrée sur le protectionnisme économique et la rhétorique nationaliste. Depuis avril, seuls deux accords ont été finalisés, avec le Royaume-Uni et le Vietnam, tandis qu'un compromis fragile a été trouvé avec la Chine après un mois de guerre commerciale. Le geste vis-à-vis de Jair Bolsonaro pourrait aussi viser à rallier l'électorat conservateur international, dans une logique d'alliances idéologiques plus que diplomatiques.