Casablanca – Juillet 2025 … C'est un cap symbolique autant que technique. L'indice MASI, principal baromètre de la Bourse de Casablanca, a franchi le seuil des 19 000 points, confirmant une hausse spectaculaire de 34 % depuis le début de l'année. Cette envolée a permis à la capitalisation globale du marché casablancais de dépasser, pour la première fois, le trillion de dirhams, soit 1 000 milliards, un record absolu dans l'histoire du marché marocain. Un seuil qui n'est pas qu'une prouesse mathématique. Il consacre une dynamique de marché portée par des facteurs multiples : regain de confiance des investisseurs, afflux de liquidités, retours des particuliers en Bourse, et performances solides de plusieurs grandes capitalisations. Mais il invite aussi à la prudence. Car toute ascension rapide pose inévitablement la question de sa soutenabilité. Un rebond alimenté par plusieurs moteurs Le mouvement haussier du MASI en 2025 s'inscrit dans une phase de reprise marquée, amorcée dès la fin de l'année précédente. La baisse des taux réels, le retour de la croissance dans plusieurs secteurs clés (banques, BTP, télécoms, énergie), ainsi que la stabilité macroéconomique ont constitué un terreau favorable à cette remontée. Les résultats semestriels publiés ces dernières semaines confirment également une amélioration notable des marges opérationnelles, en particulier dans les secteurs bancaire et minier. LIRE AUSSI : Vicenne, la nouvelle étoile de la Bourse de Casablanca À cela s'ajoute un facteur psychologique non négligeable : l'élan provoqué par de nouvelles introductions boursières comme Vicenne, ou les perspectives annoncées dans le cadre des Capital Markets Days organisés à l'international. L'idée d'une Bourse de Casablanca qui redevient un vecteur de financement des entreprises, et non un simple baromètre passif, semble avoir ravivé l'intérêt des investisseurs, nationaux comme étrangers. Une capitalisation à 1 000 milliards : symbole ou mirage ? Le franchissement de la barre des 1 000 milliards de dirhams de capitalisation boursière représente un jalon impressionnant, mais il n'est pas dénué d'interrogations. Car si cette valorisation agrégée reflète une performance globale du marché, elle peut aussi masquer des écarts importants entre valeurs solides et titres dopés par un excès d'optimisme. Certains analystes alertent déjà sur un risque de correction technique, après une progression aussi rapide. Le niveau des valorisations commence à tendre sur certains compartiments, notamment chez les midcaps industrielles ou les valeurs de croissance récemment introduites. Quelle suite pour le MASI ? Trois scénarios en débat L'avenir immédiat du MASI dépendra en grande partie de la combinaison entre fondamentaux économiques et psychologie des marchés. Trois scénarios sont envisagés : La poursuite de la hausse, si les résultats des entreprises confirment leur trajectoire haussière et que la confiance reste forte. Ou une consolidation modérée, logique après un rallye, sans remise en cause de la tendance. Ou encore une correction plus marquée, si des signes de survalorisation ou de tensions macroéconomiques apparaissent. Au sein de la communauté financière, le consensus penche pour le scénario central : une stabilisation à court terme autour des niveaux actuels, avant une nouvelle phase de progression si les perspectives économiques du pays se confirment. Un tournant pour la Place casablancaise ? Quoi qu'il advienne dans les prochaines semaines, la dynamique actuelle pourrait bien constituer un tournant structurel pour la Bourse de Casablanca. Longtemps critiquée pour sa faible liquidité et le manque de profondeur de son marché secondaire, elle semble aujourd'hui retrouver une attractivité réelle. La consolidation de la place casablancaise comme centre financier régional passe aussi par cette capacité à maintenir un marché dynamique, liquide, diversifié et connecté aux enjeux économiques nationaux. Le cap des 19 000 points n'est donc pas seulement un chiffre. Il est, peut-être, le signal d'une nouvelle ère pour la Bourse de Casablanca.
