Au cœur de la diplomatie marocaine depuis l'accession au trône de S.M. le Roi Mohammed VI, la coopération Sud–Sud s'est imposée comme l'un des piliers centraux de la politique étrangère du Royaume. Elle ne se limite plus à un slogan de solidarité panafricaine ou à un principe de non-alignement : elle devient une stratégie d'influence et de codéveloppement, fondée sur le transfert de savoir-faire, la construction d'infrastructures communes et l'investissement durable. Dès les premières années de son règne, S.M. le Roi Mohammed VI ancre la coopération Sud–Sud comme orientation structurante de la diplomatie marocaine. Dans son discours au sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, en janvier 2017, le souverain réaffirme cette conviction : « Il est beau, le jour où l'on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l'on porte son cœur vers le foyer aimé ! L'Afrique est Mon Continent, et Ma maison ». (S.M. le Roi Mohammed VI, Discours d'Addis-Abeba, 31 janvier 2017). Ce retour symbolique au sein de l'UA s'inscrit dans une politique plus vaste, qui voit le Maroc signer plus de 1 000 accords bilatéraux et multilatéraux avec des pays du Sud entre 2000 et 2025, dans des domaines aussi variés que l'agriculture, la formation, l'énergie, la santé, la sécurité alimentaire, ou encore les énergies renouvelables. La vision marocaine de la coopération Sud–Sud se distingue par son approche partenariale et horizontale, opposée à toute logique de domination ou d'aide conditionnée. Le Maroc propose un modèle de coopération structurante, où les projets s'inscrivent dans le long terme et impliquent le secteur privé, les institutions publiques et les universités. Lire aussi : Du discours à la transformation : Vingt-six ans d'un Engagement Royal C'est le cas notamment des grands chantiers comme le gazoduc Nigéria–Maroc, qui traversera 13 pays de la côte ouest-africaine. Le transfert de savoir-faire agricole, via l'OCP et les plateformes de formation « Al Moutmir » au Burkina Faso, au Rwanda, ou encore en Tanzanie. Un rayonnement au-delà du continent africain Si l'Afrique reste le théâtre privilégié de cette stratégie, le Maroc étend sa coopération Sud–Sud à d'autres régions. Avec les pays des Caraïbes, d'Amérique latine et d'Asie du Sud-Est, le Royaume tisse des liens économiques, universitaires et institutionnels. L'Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI) accueille chaque année plus de 18 000 étudiants étrangers, issus de 115 pays. L'Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir, les écoles d'ingénieurs publiques et les instituts de formation professionnelle sont devenus des pôles d'attractivité. De plus, le Maroc partage son expérience en matière de réformes publiques, de modernisation de l'administration, ou encore de gestion intégrée de l'eau et de l'énergie avec des pays comme le Brésil, l'Indonésie ou le Mexique. L'ancrage d'une diplomatie de codéveloppement Cette stratégie repose sur une doctrine : la diplomatie ne peut être dissociée du développement. Les partenariats ne se limitent pas aux chancelleries, mais impliquent les entreprises publiques (ONEE, OCP, RAM, Masen), les banques (Attijariwafa Bank, BCP), les ONG et les collectivités locales. Lors du Sommet africain du climat de Nairobi en 2023, le Maroc a proposé la création d'un fonds commun d'investissement pour la résilience climatique, cogéré avec des Etats africains. Cette approche par projet est saluée par plusieurs institutions. Au fil des deux dernières décennies, le Maroc a consolidé une politique religieuse à la fois moderne, enracinée et rayonnante, qui s'est imposée comme une référence à l'échelle africaine, méditerranéenne et européenne. Porté par la légitimité spirituelle du souverain en tant que Commandeur des croyants (Amir al-Mouminine), ce modèle religieux marocain se distingue par son attachement à la modération doctrinale, à la tolérance interreligieuse, et à la cohésion sociale fondée sur l'islam malékite, sunnite, et soufi.