L'attitude du régime algérien, entre provocation armée et laxisme volontaire, contribue à faire du nord-est du Maroc un no man's land dangereux. Sur fond de tensions frontalières persistantes, les plages marocaines limitrophes, notamment à Saïdia et Sania, deviennent le théâtre d'exactions, d'irresponsabilité sécuritaire et d'un Far West toléré par Alger. L'incident du mardi 29 août 2023 a choqué bien au-delà des deux rives du Maghreb. Deux jeunes Franco-Marocains, égarés en jet-ski dans les eaux limitrophes de la plage de Saïdia, ont été abattus de sang-froid par les garde-côtes algériens. Un acte d'une brutalité rare, commis sans sommation ni recherche de désescalade, qui confirme une tendance lourde : la militarisation agressive par Alger de ses frontières ouest, au mépris des principes du droit international humanitaire et des usages diplomatiques les plus élémentaires. Cet épisode tragique, loin d'être isolé, s'inscrit dans une stratégie de plus en plus assumée de mise sous tension de la région frontalière. À travers des tirs répétés, un déni de responsabilité et une opacité absolue dans les enquêtes ouvertes – jamais rendues publiques – l'Algérie entretient un climat délétère. Le nord-est marocain, en particulier la bande littorale qui borde les eaux algériennes, se transforme en une zone de non-droit où l'Etat voisin érige l'intimidation et la violence comme ligne de conduite. Lire aussi : Algérie : une doctrine de guerre en guise de doctrine d'Etat ? Mais la menace ne se limite pas aux garde-côtes algériens. Sur les plages marocaines du Nord, et notamment à Sania, l'insécurité prend également racine dans un désordre endogène, nourri souvent par l'absence de contrôle. Les jet-skis, censés être encadrés par des règlements stricts, circulent sans contrôle effectif, franchissent les zones interdites, opèrent après le coucher du soleil, et parfois même en proximité directe des zones de baignade. Le 28 juillet, la collision entre deux embarcations touristiques non autorisées à naviguer à cette heure de la journée illustre le laisser-aller ambiant. Quelques jours plus tôt, un auxiliaire d'autorité a été violemment pris à partie par un gérant algérien opérant illégalement sur la plage, illustrant une autre facette du chaos : l'installation de réseaux parallèles d'exploitation balnéaire qui défient ouvertement les autorités locales, parfois avec des complicités tacites. Un Far West aux portes du Royaume La métaphore du « Far West » n'a rien d'exagéré : elle décrit une réalité quotidienne où les règles ne s'appliquent plus et où la loi du plus fort – ou du plus armé – prévaut. Ce climat de permissivité se conjugue aux provocations venues de l'autre côté de la frontière. Le régime algérien, en cultivant un narratif sécuritaire paranoïaque et en usant de la force létale contre des civils désarmés, participe à une escalade dont les conséquences pourraient s'avérer incontrôlables. À cela s'ajoute une politique intérieure de plus en plus autoritaire à Alger, où l'obsession du « péril marocain » est devenue un outil de mobilisation interne. La frontière ouest devient alors l'exutoire de toutes les frustrations, projetant à l'extérieur une agressivité destinée à masquer l'impasse politique et économique du pays. Face à cette barbarie répétitive du régime algérien, la colère monte, sur les plages comme dans l'opinion publique. Les familles des victimes, les vacanciers, les riverains dénoncent un sentiment d'abandon. Face à la répétition des incidents et à l'absence de mesures coercitives, les promesses d'enquête apparaissent de plus en plus creuses. Tant que l'Etat tolérera que certains exploitants bafouent la loi, que des zones sensibles soient laissées à la merci de comportements à haut risque, et que les provocations armées d'Alger ne suscitent qu'un silence diplomatique prudent, le régime algérien ne se privera pas de canarder les skieurs marocains dans le seul but de monter les enchères de la provocation, faisant silence de l'appel du Roi lors de son discours célébrant le 26 anniversaire de la fête du trône.