Il y a deux décennies, le marché de l'emploi au Maroc peine à absorber la croissance démographique de la jeunesse. En 2023, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans s'élevait à 35,8%, avec des pics à 48,5 % en milieu urbain et à plus de 50 % chez les diplômés universitaires. La situation est particulièrement critique chez les jeunes femmes, dont le taux d'activité globale demeure inférieur à 20 %. Malgré la progression du niveau de qualification, une large frange de la jeunesse demeure exclue des circuits économiques formels. Le phénomène des NEET (« Not in Education, Employment or Training ») concerne environ 3 jeunes sur 10, selon le Conseil économique, social et environnemental dans son rapport 2023 sur l'emploi des jeunes. Cette marginalisation menace la cohésion sociale et pèse sur la croissance potentielle du pays. Face à cette situation structurelle, l'Etat a multiplié les instruments d'intervention. Le programme « Awrach », lancé en 2022, visait 250 000 bénéficiaires pour la période 2022-2023 dans le cadre de projets à utilité sociale, selon les données officielles du ministère de l'Inclusion économique. De son côté, le programme « Forsa », dédié à l'appui aux porteurs de projets, a accompagné plus de 20 000 jeunes entrepreneurs entre 2022 et 2024. Lire aussi : Rayonnement international : L'émergence d'un soft power générationnel L'ANAPEC, pivot central de l'intermédiation sur le marché du travail, a renforcé ses actions de proximité. En 2024, l'agence a enregistré près de 130 000 insertions économiques, dont 60 % dans le secteur des services. Elle a également lancé des plateformes numériques de formation à distance et élargi ses dispositifs d'orientation. Mais ces mesures, bien que pertinentes, restent souvent limitées dans leur portée structurelle. Le CESE recommande, dans son avis de 2024, de dépasser les approches par projet pour bâtir des écosystèmes territorialisés de l'emploi, associant régions, entreprises, centres de formation et collectivités locales. La formation professionnelle comme levier Le programme des Cités des métiers et des compétences (CMC), pierre angulaire de la nouvelle vision de la formation professionnelle, vise à créer 12 plateformes régionales intégrées. D'après l'Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail, ces structures devraient accueillir, à l'horizon 2026, 34 000 stagiaires par an. Les filières prioritaires couvrent des domaines aussi variés que le digital, l'agriculture, la santé, ou l'industrie verte. Cependant, plusieurs rapports de terrain, notamment ceux du HCP, pointent encore un déficit d'adéquation entre les profils formés et les besoins du tissu économique local. Le taux d'insertion post-formation plafonne autour de 70 % en 2024. Un effort accru est requis en matière de pilotage par la demande, de partenariat avec les entreprises et de stages qualifiants. Encadré De bonnes initiatives face à des blocages Le chômage des jeunes reste l'un des défis majeurs du Maroc, avec un taux alarmant de 35,8 % en 2023 pour les 15–24 ans. L'exclusion des jeunes femmes du marché du travail persiste, leur taux d'activité plafonnant à 19 %. Pour y répondre, plusieurs dispositifs ont vu le jour : Awrach visait 250 000 bénéficiaires entre 2022 et 2023, Forsa a soutenu 20 000 jeunes entrepreneurs, et l'ANAPEC a facilité 130 000 insertions en 2024. L'OFPPT, de son côté, affiche un taux d'insertion post-formation de 70 %. Des chiffres encourageants, mais encore loin de combler le fossé entre jeunesse et emploi.